Programme de rétablissement du dard de sable au Canada, populations de l’Ontario [proposition] : Contexte

Table des matières Suivant

Nom scientifique : Ammocrypta pellucida (Girard, 1856)
Nom commun : Eastern Sand Darter, dard de sable
Désignation actuelle du COSEPAC et année de la désignation : espèce menacée (2009)
Occurrence au Canada : Ontario, Québec
Justification de la désignation : Cette espèce préfère les zones de fond sableux des lacs et des cours d'eau dans lesquelles elle peut creuser. On observe un déclin continu au sein des petites populations déjà fragmentées dont quatre (sur 11) sont probablement disparues. L'étendue de l'occurrence de cette espèce en Ontario représente environ la moitié de celle observée dans les années 1970 en raison de la perte et de la dégradation de l'habitat découlant de l'augmentation du développement urbain et agricole, de la canalisation des cours d'eau et de la concurrence avec des espèces non indigènes envahissantes.
Historique de la désignation : On considère l'espèce en tant qu'unité désignable et on l'a définie comme étant « menacée » en avril 1994 et en novembre 2000. Lorsque l'espèce a été divisée en unités distinctes en novembre 2009, les « populations de l'Ontario » ont été désignées comme étant « menacées ».

Hiérarchie taxonomique – La hiérarchie taxonomique actuelle du dard de sable est tirée de la base de données en ligne du Système d'information taxonomique intégré (en anglais seulement, au 7 mars 2005).

Phylum : Chordata
Sous-phylum : Vertebrata
Super-classe : Ostéichthyens
Classe : Actinopterygii
Sous-classe : Neopterygii
Infraclasse : Teleostei
Superordre : Acanthopterygii
Ordre : Perciformes
Sous-ordre : Percoidei
Famille : Percidae
Espèce : Ammocrypta pellucida

Des analyses moléculaires récentes appuient l'appartenance de l'espèce à un genre monophylétique, à savoir Ammocrypta (Song et al., 1998; Near et al., 2000; Sloss et al., 2004). Ammocrypta clara et A. vivax ont déjà été considérés comme des sous-espèces ou des synonymes d'A. pellucida (Grandmaison et al., 2004), mais ils sont maintenant considérés comme des espèces distinctes. Des signalements d'A. pellucida dans le bassin versant du fleuve Mississippi, au nord de la rivière Ohio, sont en fait des observations d'A. clara,tandis que d'autres signalements réalisés dans la partie sud du même bassin correspondraient à A. clara ou à A. vivax (Williams, 1975). Les aires de répartition d'A. pellucida et d'A. clara se chevauchent en Indiana et en Illinois, dans le bassin versant de la rivière Wabash, et au Kentucky, dans les bassins versants des rivières Cumberland et Green.

Le dard de sable est un petit poisson au corps long et translucide, presque rond lorsque vu de face (Scott, 1955) (figure 1), qui mesure, chez les adultes, de 46 à 71 mm de longueur totale (LT) (Trautman, 1981) pour une moyenne de 68 mm de LT (Scott et Crossman, 1973). En Ontario, le plus grand spécimen observé affichait une longueur totale de 84 mm et a été capturé dans la rivière Grand, en 1987 (Holm et al., 2010). Les adultes présentent une légère coloration jaunâtre ou verdâtre sur la face dorsale de la tête et du corps, une mince bande sous-cutanée de couleur or métallique à or olive et une série de taches rondes et vertes sur le flanc de même qu'une teinte blanche ou argentée sur la face ventrale (Trautman, 1981). Les jeunes poissons sont davantage argentés et présentent peu, sinon pas, de coloration jaunâtre (Scott et Crossman, 1973; Trautman, 1981). Lorsque les mâles sont prêts à se reproduire, leur coloration devient jaunâtre, et des tubercules apparaissent sur les nageoires pelviennes. Le dos porte une rangée de 12 à 16 taches vert foncé qui s'unissent en paires à la base des nageoires dorsales, une tache étant située de chaque côté de la nageoire (Trautman, 1981). Cette espèce porte également de 9 à 14 taches (de 10 à 14 d'après Scott et Crossman, 1973, de même que d'après Holm et Mandrak, 1996) le long de la ligne latérale (Trautman, 1981). Les rayons des nageoires sont transparents, bien que chez quelques individus, ils affichent une teinte jaunâtre (Trautman, 1981). L'espèce possède deux nageoires dorsales, dont la première est épineuse (de 8 à 11 courtes épines) et la seconde à rayons mous (de 9 à 12 rayons) (Scott et Crossman, 1973). Les mâles présentent des pigments noirs sur les nageoires pelviennes (Page et Burr, 1991). La face ventrale est dépourvue d'écailles, et de une à trois rangées d'écailles débutent presque immédiatement sous la ligne latérale (Trautman, 1981).

Figure 1. Dard de sable (Ammocrypta pellucida)

Figure 1. Dard de sable (<em>Ammocrypta pellucida</em>) (Voir description longue ci-dessous.)
Description longue de la figure 1

Aire de répartition mondiale (figure 2) – Le dard de sable fréquente les bassins de la rivière Ohio et des Grands Lacs et est également présent dans les bassins versants du lac Champlain et du fleuve Saint-Laurent (figure 2) (Scott et Crossman, 1973), cette aire de répartition étant isolée du reste de l'aire de l'espèce. On le rencontre dans les provinces canadiennes de l'Ontario et du Québec et dans neuf États américains : Illinois, Indiana, Kentucky, Michigan, New York, Ohio, Pennsylvanie, Vermont et Virginie-Occidentale.

Aire de répartition en Ontario (figure 3) – Récemment, on a prélevé des dards de sable dans les lacs Érié et Sainte-Claire, dans les rivières Sydenham, Grand et Thames ainsi que dans le ruisseau Big (comté de Norfolk) (Holm et Mandrak, 1996; Pêches et Océans Canada (MPO), données non publiées; A. Dextrase, données non publiées). On suppose que les populations sont disparues du ruisseau Big Otter, du ruisseau Catfish et de la rivière Ausable (ERRA, 2005).

Lac Érié : L'île Pelée (dernier échantillonnage : 1953), la rive nord du lac Érié (plage Colchester et Holiday Beach Provincial Park; dernier échantillonnage : 1975), la baie Rondeau et la baie intérieure Long Point.

Lac Sainte-Claire : Au cours des 25 dernières années, on a prélevé des spécimens de dards de sable dans plusieurs zones du lac Sainte-Claire – sur la côte sud entre la décharge du ruisseau Pike et la rivière Thames ainsi que dans la baie Mitchell's.

Figure 2. Répartition mondiale du dard de sable (Amérique du Nord)

Figure 2. Répartition mondiale du dard de sable (Amérique du Nord) (Voir description longue ci-dessous.)
Longue description pour la figure 2

Rivière Sydenham : Le long du bras est, entre l'aire de conservation Shetland et Dawn Mills, ainsi qu'une population isolée plus en amont entre Strathroy et Alvinston (Dextrase et al., 2003).

Rivière Thames : On a observé l'espèce dans le bassin inférieur de la rivière Thames, entre Komoka et Kent Bridge.

Rivière Grand : Toutes les zones sableuses du cours inférieur (chenal principal) entre Brantford et juste en aval de Cayuga.

Ruisseau Big, comté de Norfolk : On a capturé des dards de sable dans le ruisseau Big en 1923 et en 1955. Aucun spécimen n'y a été capturé au cours des récents relevés, sauf en 2008, où l'on a prélevé trois dards de sable adultes provenant de trois sites différents, ce qui confirme la présence de l'espèce dans le bassin hydrographique.

Ruisseau Big Otter : Le dard de sable a été capturé dans le ruisseau Big Otter en 1923 et en 1955. On n'a prélevé aucun spécimen dans des relevés plus récents.

Ruisseau Catfish : On a capturé des dards de sable dans le ruisseau Catfish en 1922 et en 1941. On n'a capturé aucun spécimen au cours des relevés plus récents.

Rivière Ausable : On a observé un seul spécimen dans la rivière près d'Ailsa Craig au cours d'un relevé effectué en 1928. Des recherches subséquentes réalisées à cet emplacement et ailleurs dans le bassin hydrographique dans des habitats potentiellement appropriés n'ont mené à aucune capture.

Pourcentage de l'aire de répartition mondiale au Canada : D'après NatureServe (2009), on estime à un peu plus d'une centaine les sites où le dard de sable est encore présent en Amérique du Nord. Grandmaison et al. (2004) relèvent environ 75 cours d'eau où le dard de sable est observé. Comme 16 de ces cours d'eau sont situés au Canada, entre 10 et 20 % environ de l'aire de répartition mondiale du dard de sable se situerait donc au Canada et environ 50 % de cette aire de répartition canadienne se situerait en Ontario.

Tendance en matière de répartition : La perte d'habitats et la mauvaise qualité de l'eau ont entraîné une diminution de l'aire de répartition de l'espèce au Canada, où elle a décliné ou encore disparu de 11 sites sur 21. Au cours des 50 dernières années, aucun spécimen de l'espèce n'a été observé à 45 % de ses sites d'occurrence en Ontario (COSEPAC, 2010). Bien que plusieurs nouveaux sites aient été découverts depuis les années 1970, on obtient comme résultat net une réduction de l'aire de répartition (Holm et Mandrak, 1996).

Taille et situation de la population mondiale : On dispose de peu d'information sur l'abondance du dard de sable dans l'ensemble de son aire de répartition mondiale. Le taux de déclin à court terme se situerait entre 10 et 30 %, tandis que le taux à long terme serait de 50 à 75 % (Holm et Mandrak, 2000). D'après NatureServe (2009), on estime que l'abondance mondiale du dard de sable est supérieure à 10 000 individus.

La population de dards de sable décline dans la totalité de son aire de répartition mondiale (Page et Burr, 1991; Holm et Mandrak, 1996). Cette espèce est considérée comme apparemment non en péril à l'échelle mondiale (G4) (NatureServe, 2009) et a été désignée en tant qu'espèce vulnérable par l'UICN en 1996 (Gimenez Dixon, 1996).

Le dard de sable ne figure pas sur la liste fédérale des espèces menacées aux États-Unis. L'American Fisheries Society a toutefois désigné l'espèce comme étant vulnérable (Jelks et al., 2008). Elle est considérée comme « en voie de disparition » en Pennsylvanie (État de la Pennsylvanie, 2010) et « menacée » en Illinois (Illinois Department of Natural Resources, 2010), dans l'État de New York (New York State Department of Environmental Conservation, 2010), au Michigan (Michigan Department of Natural Resources, 2010) et au Vermont (Vermont Fish and Wildlife Department, 2010). Elle est considérée comme une espèce préoccupante en Ohio (Ohio Department of Natural Resources, 2010). L'espèce avait déjà reçu cette même désignation en Indiana, mais elle a été inscrite à une catégorie de moindre risque après un relevé réalisé à la grandeur de l'État en 2004 qui a permis de déterminer que l'espèce y occupait une vaste aire de répartition (B. Fisher, comm. pers., 2005).

Figure 3. Répartition du dard de sable en Ontario

Figure 3. Répartition du dard de sable en Ontario (Voir description longue ci-dessous.)
Description longue d’image 3

Taille et situation de la population canadienne : Au Canada, la taille des populations de dards de sable est inconnue, mais les effectifs estimés sont néanmoins en régression depuis 1950. Holm et Mandrak (2000) estiment que le taux de déclin aurait atteint 50 % entre 1955 et 1970. Ils estiment également que l'aire d'occurrence de l'espèce (d'après la distance en kilomètres des cours d'eau occupés par l'espèce) s'établissait à moins de 20 000 km2. L'aire d'occurrence représente 10 840 km2 (COSEWIC, 2010).

Le dard de sable est inscrit en tant qu'espèce menacée à l'Annexe 1 de la Loi sur les espèces en péril (LEP) du Canada. On a établi, pour cette espèce, le rang de priorité N3 au Canada, et elle a été désignée « menacée » par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC). En Ontario, elle est désignée « espèce en voie de disparition » en vertu de la Loi de 2007 sur les espèces en voie de disparition (LEVD, 2007) (Ministère des Ressources naturelles de l'Ontario (MRNO), 2010). Le ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF) l'a désignée en tant qu'espèce menacée au Québec. Voir les rangs de conservation aux échelles nationale et infranationale présentés au tableau 1.

Tableau 1. Rangs de conservation à l'échelle mondiale, nationale et infranationale, tirés de NatureServe, 2009
Échelle du rang Rang* Pays/province/État
Mondiale G3
Nationale N4 États-Unis
Nationale N3 Canada
Infranationale S4 Indiana, Kentucky
Infranationale S3 Ohio
Infranationale S2S3 Virginie-Occidentale
Infranationale S2 New York, Ontario, Québec
Infranationale S1S2 Michigan
Infranationale S1 Illinois, Pennsylvanie, Vermont

*Voir la description des rangs à l'annexe 1.

Pourcentage de l'abondance mondiale au Canada : Aucune estimation de l'abondance n'a été réalisée à l'échelle mondiale ou à l'échelon canadien.

Tendance démographique : On pense que le dard de sable était une espèce commune et répandue au début des années 1900 (Holm et Mandrak, 1996). Cependant, on estime que cette espèce a disparu de la moitié des zones où elle a été observée et que son abondance a diminué dans les zones qu'elle occupe toujours.

Bouvier et Mandrak (2010) ont évalué le potentiel de rétablissement des populations de dards de sable au Canada. Un résumé de cette étude est présenté au tableau 2. On a attribué un rang aux populations selon leur abondance et leur trajectoire. On a ensuite combiné l'abondance et la trajectoire des populations pour déterminer l'état de celles-ci. On a également assigné un niveau de certitude à l'état des populations, ce qui représente le niveau de certitude le plus faible associé à l'abondance ou à la trajectoire des populations. Voir Bouvier et Mandrak (2010) pour de plus amples détails sur la méthodologie.

Tableau 2. Indice de l'abondance relative, trajectoire de la population et état de la population pour chaque population de dards de sable en Ontario
Région PopulationNote de bas de page 1 Indice de l'abondance relative Certitude* Trajectoire de la population Certitude État de la population
Lac Huron Lac Huron - Rivière Ausable Population disparue 2 Sans objet 2 Population disparue
Lac Sainte-Claire Lac Sainte-Claire Faible 2 En déclin 3 Mauvais
Lac Sainte-Claire Rivière Thames Élevé 1 Stable 1 Bon
Lac Sainte-Claire Rivière Sydenham Faible 2 Inconnue 3 Mauvais
Lac Érié Île Pelée Inconnu 3 Inconnue 3 Inconnu
Lac Érié Baie Rondeau Inconnu 3 Inconnue 3 Inconnu
Lac Érié Baie Long Point Faible 2 En déclin 2 Mauvais
Lac Érié Ruisseau Catfish Population disparue 3 Sans objet 3 Population disparue
Lac Érié Ruisseau Big Otter Population disparue 3 Sans objet 3 Population disparue
Lac Érié Ruisseau Big Faible 3 Inconnue 3 Mauvais
Lac Érié Rivière Grand Élevé 2 Stable 2 Bon

(adapté de Bouvier et Mandrak, 2010).
*Certitude indiquée comme suit : 1=analyses quantitatives; 2=PUE ou échantillonnage normalisé; 3=meilleure approximation.

Description de l'habitat de frai : Le frai a habituellement lieu à des températures se situant entre 20,5 et 25,5 °C (Johnston, 1989; Facey, 1995, 1998). Selon des examens de gonades, Holm et Mandrak (1996) ont estimé que le frai se produit entre la fin juin et la fin juillet, en Ontario, mais il peut avoir lieu dès la fin d'avril (Finch, 2009) ou jusqu'à la mi-août, comme on l'a observé aux États-Unis (Spreitzer, 1979; Johnston, 1989; Facey, 1995, 1998). On n'a jamais observé de dards de sable en train de frayer à l'état sauvage. En laboratoire, des dards de sable ont frayé sur des substrats constitués d'un mélange de sable et de gravier (Johnston, 1989). Il ne semble pas que la période de la journée ait une incidence sur le frai.

Description de l'habitat des jeunes de l'année et des juvéniles : On sait peu de choses sur les besoins en matière d'habitat des jeunes de l'année et des juvéniles, mais des juvéniles nouvellement transformés ont été capturés dans le même habitat que des adultes (A. Dextrase, données non publiées). Simon et Wallus (2006) ont remarqué que les jeunes juvéniles toléraient mieux les bords de limon que les adultes. Drake et al. (2008) ont observé que les juvéniles connaissaient une croissance plus rapide dans des habitats où l'on trouve moins de limon. Comme on sait qu'un stade larvaire planctonique existe chez le dard de sable, il est important qu'un habitat d'alevinage adéquat soit présent en aval des zones de frai (Simon et Wallus, 2006).

Description de l'habitat des adultes : Le dard de sable vit dans des cours d'eau et sur des bancs sableux de lacs et, en général, est très souvent associé à des substrats de sable fin et de gravier fin (contenant une proportion supérieure à 90 % de sable) (Daniels, 1993; Facey, 1995; Facey et O'Brien, 2004; Drake et al., 2008). Son abondance est la plus grande dans les méandres de cours d'eau de petite et de moyenne taille, sur le côté où les alluvions se déposent, lorsque le courant est faible et que le substrat contient une quantité minimale de sédiments fins (Trautman, 1981; Facey, 1995). Peu d'espèces de poissons fréquentant des cours d'eau tempérés sont aussi fortement associées à un type d'habitat particulier que cette espèce. Daniels (1993) a découvert que ses voisins les plus proches étaient dans la très grande majorité des cas (93 %) un congénère de la même espèce, ce qui indique également que les individus se rassemblent dans les zones offrant un habitat adéquat. On trouve aussi le dard de sable près de barres de sable, dans des bassins peu profonds (Welsh et Perry, 1997), dans les lits sableux des cours d'eau (Kuehne et Barbour, 1983; Page, 1983).

Les populations lentiques de dards de sable dans les lacs Érié et Sainte-Claire sont habituellement associées à des habitats littoraux, comme des plages sablonneuses protégées des vagues, des rivages sableux et des baies peu profondes (van Meter et Trautman, 1970; Thomas et Haas, 2004; Gaudreau, 2005). En outre, des relevés des jeunes de l'année indiquent que le dard de sable est présent à l'embouchure de certains cours d'eau (données non publiées, MRN).

On croit que le dard de sable est généralement présent dans des habitats peu profonds. Facey (1995) n'a capturé aucun dard de sable dans des habitats profonds caractérisés par un courant rapide et un sable plus grossier. L'absence de captures dans des habitats profonds est peut-être attribuable, en partie, à la méthode d'échantillonnage utilisée et à l'accessibilité du site plutôt qu'aux préférences en matière d'habitat (c.-à-d. que le choix des sites d'échantillonnage est habituellement fonction de l'accessibilité) (Daniels, 1993; Facey, 1995; Welsh et Perry, 1997; O'Brien et Facey, 2008; Drake et al. 2008). Scott et Crossman (1973) signalent qu'un individu a été capturé au chalut dans le lac Érié à une profondeur de 14,6 m et que plus de 100 individus ont été capturés dans la rivière Grand à des profondeurs supérieures à 1,5 m (N. Mandrak, comm. pers., 2010). Cependant, aucun dard de sable n'a été capturé dans le cadre de l'échantillonnage systématique au chalut effectué dans des eaux d'une profondeur supérieure à 2 m dans l'ouest du lac Sainte-Claire (Thomas et Haas, 2004).

Le dard de sable est l'une des rares espèces qui exploitent les habitats sableux et leurs ressources. Il s'agit également du seul membre du genre Ammocrypta au Canada; par conséquent, il fait partie intégrante du patrimoine faunique du pays. En plus de contribuer à la biodiversité des écosystèmes aquatiques, cette espèce est un indicateur de la santé des cours d'eau (Gaudreau, 2005).

Les besoins du dard de sable en matière d'habitat sont plutôt stricts (c.-à-d. qu'il a besoin de sable dépourvu de limon), c'est pourquoi il est vulnérable à tout facteur qui risque d'influer sur son habitat (Holm et Mandrak, 2000; Grandmaison et al., 2004; Gaudreau, 2005; NatureServe, 2006). Le dard de sable est un petit poisson doté d'une faible capacité de dispersion et dont les différentes populations sont non contiguës au Canada. En conséquence, les endroits où vivaient des populations disparues sont peu susceptibles d'être recolonisés par des migrations naturelles.

La fécondité du dard de sable est faible (pontes de 35 à 123 œufs matures) (Finch, 2009), ce qui pourrait expliquer les fluctuations démographiques annuelles (Facey, 1998) et les déclins de la population. Les femelles atteignent la maturité sexuelle vers l'âge d'un an (42 mm de LT) (Spreitzer, 1979) et vivent en général plus de deux ans. On a observé des femelles de plus de 3 ans dans la rivière Thames (Finch, 2009).

Bouvier et Mandrak (2010) ont évalué les menaces pesant sur les populations de dards de sable au Canada. Le tableau 3 présente un résumé des menaces qui pèsent sur les populations de dards de sable en Ontario. On a attribué un rang aux menaces connues ou probables, selon la probabilité de la menace et l'impact de celle-ci pour chaque population. On a ensuite combiné la probabilité de la menace et l'impact de celle-ci afin de produire un état général de la menace. On a également attribué un niveau de certitude à l'état général de la menace, lequel reflète le niveau de certitude le moins élevé associé à la probabilité de la menace ou à l'impact de la menace. Voir Bouvier et Mandrak (2010) pour plus de détails. De l'information supplémentaire est disponible dans les descriptions des menaces subséquentes.

L'état des menaces pesant sur l'ensemble des populations de dards de sable en Ontario est tiré de l'analyse de la probabilité de la menace et de l'impact de la menace. Les chiffres entre parenthèses représentent le niveau d'incertitude attribué à chaque état de la menace, lequel reflète le niveau de certitude le moins élevé associé à l'un ou l'autre des paramètres initiaux (probabilité de la menace ou impact de la menace). La certitude a été classée ainsi : 1 = études de causalité; 2 = études de corrélation; 3 = opinion d'experts. Les cases grises indiquent que la menace ne touche pas la population en raison de la nature du système aquatique dans lequel elle se trouve.

Tableau 3. Sommaire des menaces pesant sur les populations de dards de sable en Ontario
Lac Huron - Rivière Ausable Lac Sainte-Claire - Lac Sainte-Claire Lac Sainte-Claire - Rivière Thames Lac Sainte-Claire - Rivière Sydenham Lac Érié - Île Pelée Lac Érié - Baie Rondeau Lac Érié - Baie Long Point Lac Érié - Ruisseau Catfish Lac Érié - Ruisseau Big Otter Lac Érié - Ruisseau Big Lac Érié - Rivière Grand
Turbidité et charge en sédiments Grande
(3)
Grande (3) Grande
(3)
Grande
(3)
Moyenne
(3)
Grande
(3)
Grande
(3)
Grande
(3)
Grande
(3)
Grande
(3)
Grande
(3)
Contaminants et substances toxiques Grande
(3)
Grande
(3)
Grande
(3)
Grande
(3)
Inconnue
(3)
Grande
(3)
Moyenne
(3)
Inconnue
(3)
Inconnue
(3)
Inconnue
(3)
Moyenne
(3)
Charge en éléments nutritifs Moyenne
(3)
Moyenne
(3)
Moyenne
(3)
Moyenne
(3)
Faible
(3)
Moyenne
(3)
Moyenne
(3)
Moyenne
(3)
Moyenne
(3)
Moyenne
(3)
Moyenne
(3)
Obstacles au déplacement Grande
(3)
Moyenne
(3)
Faible
(3)
Moyenne
(3)
Modification des régimes d'écoulement Grande
(3)
Grande
(3)
Grande
(3)
Grande
(3)
Moyenne
(3)
Grande
(3)
Grande
(3)
Aménagement des rives Moyenne
(3)
Moyenne
(3)
Moyenne
(3)
Moyenne
(3)
Moyenne
(3)
Grande
(3)
Faible (3) Moyenne
(3)
À déterminer À déterminer Grande
(3)
Espèces exotiques et maladies Grande
(3)
Grande
(3)
Grande
(3)
Grande
(3)
Grande
(3)
Grande
(3)
Grande
(3)
Grande
(3)
Grande
(3)
Grande
(3)
Grande
(3)
Prises accidentelles Faible
(3)
Faible
(3)
Faible (3) Faible
(3)
Faible
(3)
Faible
(3)
Faible
(3)
Faible
(3)
Faible
(3)
Faible
(3)
Faible
(3)

Le tableau est tiré de Bouvier et Mandrak (2010).

La section suivante est adaptée de Bouvier et Mandrak (2010) et révisée.

Turbidité et charge en sédiments : L'envasement peut être la principale cause de dégradation de l'habitat au Canada (Holm et Mandrak, 1996). L'augmentation de la turbidité et de la charge en sédiments peut être provoquée par la déforestation et la perte des bandes riveraines, ce qui est souvent le résultat de pratiques agricoles intensives, du drainage des terres, de modifications au lit des cours d'eau, d'ouvrages de franchissement de cours d'eau mal conçus, de barrages et de l'étalement urbain. L'augmentation de la charge en sédiments peut réduire la stabilité des berges en aval, ce qui augmente également l'érosion en aval, processus pouvant se poursuivre sur de grandes distances (Dextrase et al., 2003).

Les impacts du limon sont intenses et généralisés. Le surenvasement peut avoir une incidence sur l'ensemble des stades de développement du dard de sable (COSEPAC, 2010). L'augmentation de la turbidité et de la charge en sédiments peut avoir les effets suivants :

On croit que les pratiques de culture du tabac couramment appliquées entre les années 1930 et 1960 près du ruisseau Big Otter, lesquelles ont provoqué un envasement important, peuvent être la principale cause de la disparition du dard de sable de ce bassin hydrographique (Holm et Mandrak, 1996). Le nombre relativement peu élevé de zones d'habitat approprié exempt de limon dans la rivière Sydenham peut être le principal facteur limitatif pour le dard de sable dans ce réseau (Dextrase et al., 2003). Cependant, les impacts de l'augmentation de la turbidité et de la charge en sédiments peuvent être réversibles si on intervient rapidement; les populations de dards de sable des États du Vermont et de New York ont en effet profité de la réduction de l'envasement découlant du reboisement des talus de cours d'eau (Daniels, 1993).

Contaminants et substances toxiques : Les contaminants et les substances toxiques sont des menaces importantes pesant sur le dard de sable (COSEPAC, 2010). Ces substances peuvent provenir des activités urbaines, industrielles et agricoles. Leur présence dans l'environnement aquatique provoque une diminution de la qualité de l'eau et peut avoir un impact négatif sur chaque stade de développement des poissons. La gravité des impacts est probablement liée à la durée et à l'intensité de l'exposition. Les contaminants peuvent causer directement la mort des individus et de leurs proies ou peuvent dégrader lentement le cours d'eau et avoir un impact sur les paramètres du cycle biologique. La présence des contaminants peut être chronique ou épisodique, et ceux-ci peuvent en outre être cumulatifs (EERT, 2008).

On considère que le dard de sable ne tolère pas la pollution (Barbour et al., 1999), mais on n'a pas étudié les tolérances propres à l'espèce. Comme le dard de sable s'enfouit et enfouit ses œufs dans le substrat, les conséquences des substances toxiques peuvent être plus importantes chez le dard de sable que chez d'autres espèces (Grandmaison et al., 2004).

Charge en éléments nutritifs : La charge en éléments nutritifs peut avoir des impacts sur la qualité de l'eau, particulièrement dans les réseaux fluviaux. L'une des conséquences de ce phénomène est l'eutrophisation des cours d'eau. La croissance excessive des végétaux aquatiques, des algues ou du périphyton peut réduire la quantité d'oxygène présente dans l'eau, ce qui menace les espèces benthiques telles que le dard de sable (Société de la faune et des parcs du Québec (FAPAQ), 2002). La charge en éléments nutritifs est particulièrement attribuable aux fumiers et aux engrais épandus dans les champs ainsi qu'aux effluents des installations de traitement des eaux usées (Page et Retzer, 2002). Entre 1955 et 1980, le lac Érié a souffert d'apports excessifs d'éléments nutritifs, ce qui a eu comme conséquence, entre autres, d'engendrer un appauvrissement important des concentrations d'oxygène (Koonce et al., 1996).

Dans les rivières Ausable, Sydenham et Thames (Staton et al., 2003; Taylor et al., 2004; Nelson, 2006) ainsi que dans le lac Sainte-Claire et le lac Érié (EREE, 2008), on a constaté que la charge en éléments nutritifs constituait une menace importante pour les espèces en péril. Dans la rivière Sydenham, les fortes concentrations de nitrates ont été associées à la faiblesse des effectifs de dards de sable (Poos et al., 2008).

Obstacles aux déplacements : Les barrages sont les obstacles les plus évidents (mais pas les seuls) au déplacement du dard de sable. Des ponceaux mal conçus et mal installés peuvent constituer une barrière physique ou peuvent empêcher le dard de sable de remonter les cours d'eau en raison de la forte vitesse de l'eau ou de la faible profondeur de celle-ci dans le ponceau. Ce problème peut être pertinent si le dard de sable est présent dans de plus petits tributaires, où il arrive souvent que l'on installe des ponceaux. Deux grands barrages sur la rivière Grand et un sur la rivière Sydenham se trouvent dans l'aire de répartition du dard de sable. Les données associées à la rivière Grand révèlent que du côté amont du barrage, les emplacements situés à proximité du barrage sont moins susceptibles d'être occupés par le dard de sable (A. Dextrase, données non publiées).

Les obstacles aux déplacements peuvent entraîner la fragmentation des populations de dards de sable. Les populations de petites tailles et de plus en plus isolées peuvent être affectées par la consanguinité et la perte de diversité génétique, ce qui peut nuire à leur capacité de réagir aux changements survenant dans les conditions du milieu (Grandmaison et al., 2004).

Régimes d'écoulement des eaux modifiés : De nombreux facteurs anthropiques peuvent modifier le débit dans un réseau fluvial, notamment les barrages et les ouvrages de retenue de l'eau, les installations de prise d'eau à des fins agricoles ou urbaines, la mise en place de drains ou la modification des chenaux.

La construction d'un barrage entraîne des changements dans le débit du cours d'eau, qui passe d'un environnement lotique (eau courante) à un environnement lentique (eau calme), inondant les zones de rapides en amont ainsi que les bancs de sable et permettant la croissance de macrophytes aquatiques. On assiste à une augmentation de la sédimentation lorsque la vitesse du courant est ralentie ou éliminée. En outre, les barrages accroissent la sédimentation en atténuant les débits des crues printanières (Grandmaison et al., 2004). Les barrages peuvent également produire des remous en aval, contribuant ainsi à une érosion importante et non naturelle des berges. Ils peuvent aussi perturber la variation naturelle de l'amplitude, de la fréquence et de la variabilité des débits ainsi que du moment où ceux-ci surviennent.

Le dard de sable a besoin d'un habitat constitué surtout de sable. Ce type d'habitat correspond habituellement à une zone de dépôt (Daniels, 1989; Holm et Mandrak, 1996). Un régime d'écoulement particulier ou limité peut être nécessaire pour maintenir le sable, mais non le limon, dans ces zones de dépôt. La perte des chenaux et des régimes d'écoulement naturels peut avoir un impact important sur le dard de sable (Dextrase et al., 2003).

Modifications des rives : Dans les lacs Érié et Sainte-Claire, le dard de sable a été capturé dans des habitats littoraux, comme des plages sablonneuses protégées des vagues, des rives de sable et des baies peu profondes (van Meter et Trautman, 1970; Thomas et Haas, 2004). Le renforcement du littoral nuit aux processus d'érosion naturelle et, par le fait même, modifie le processus de transport des sédiments à proximité du littoral (Edsall et Charlton, 1997). La perturbation des processus liés au transport et au dépôt des sédiments peut réduire la disponibilité des habitats littoraux présentant un habitat de sable approprié. Le dragage des embouchures de cours d'eau qui se déversent dans le lac Sainte-Claire peut avoir une incidence directe sur l'habitat, accroître la turbidité et emprisonner des spécimens dans les dépôts de dragage.

Les rives du lac Sainte-Claire ont été grandement modifiées, notamment par l'installation de murs de protection des rives, de brise-vagues, d'épis, de jetées, de quais et de marinas (Reid et Mandrak, 2008). Les secteurs qui n'ont pas été renforcés ou remblayés ont été dragués à des fins d'utilisation humaine (EREE, 2008).

Dans les systèmes riverains, les modifications des rives habituelles sont le renforcement des berges, le redressement des chenaux, la mise en place de drains agricoles ainsi que l'entretien et l'installation de quais et de marinas. L'érosion des rives combinée à l'érosion des champs agricoles (p. ex. terres labourées) ou l'érosion occasionnée par les drains font en sorte que des particules fines gagnent les cours d'eau et se déposent sur le fond. Qui plus est, la canalisation des cours d'eau modifie les processus physiques, ce qui peut altérer la formation de barres de sable, lesquelles sont souvent associées à la présence du dard de sable (FAPAQ, 2002; Gaudreau 2005). Les drains agricoles constituent également une menace grave pour le dard de sable dans le sud-ouest de l'Ontario, car ils peuvent accélérer le débit des eaux de surface et souterraines, causant ainsi une plus grande érosion, dans les drains comme dans les chenaux.

Comme il en a été question dans la section sur la modification des régimes d'écoulement ci-devant, tous ces types de facteurs (notamment les barrages et les ouvrages de retenue de l'eau, les installations de prise d'eau à des fins agricoles ou urbaines, la mise en place de drains ou la modification des chenaux) peuvent modifier les régimes d'écoulement et les processus naturels des chenaux, ce qui peut avoir un impact important sur le dard de sable (Dextrase et al., 2003).

Espèces exotiques et maladies : Le gobie à taches noires (Neogobius melanostomus), une espèce exotique, peut nuire considérablement aux écosystèmes aquatiques nord-américains. Depuis sa découverte dans la rivière Sainte-Claire, en 1990, ce poisson a rapidement colonisé le bassin des Grands Lacs (Bernatchez et Giroux, 2000; Poos et al., 2010). Le gobie à taches noires fraie plusieurs fois pendant l'été et tolère les eaux polluées; or, ces caractéristiques peuvent lui conférer un avantage concurrentiel sur d'autres espèces indigènes. Il s'agit d'une espèce benthique qui, une fois établie, peut avoir un impact direct sur les espèces de dards (Bernatchez et Giroux, 2000).

Les aires de répartition du dard de sable et du gobie à taches noires se chevauchent dans le lac Sainte-Claire (depuis 1993), le cours inférieur de la rivière Thames, la rivière Sydenham, le ruisseau Big et le lac Érié (depuis 1996); en outre, le gobie à taches noires a récemment colonisé le réseau de la rivière Grand. Depuis son introduction dans le bassin inférieur des Grands Lacs, le gobie à taches noires est en partie responsable du déclin d'espèces de poissons benthiques indigènes telles que le fouille-roche (Percina caprodes) et le chabot tacheté (Cottus bairdii) dans la rivière Sainte-Claire (French et Jude, 2001); le raseux-de-terre (Etheostoma nigrum), le fouille-roche ou l'omisco (Percopsis omiscomaycus) dans le lac Sainte-Claire (Thomas et Haas, 2004); le dard gris (Percina copelandi), le dard barré (E. flabellare), le dard vert (E. blennioides), le raseux-de-terre et le fouille-roche dans les îles Bass, dans l'ouest du lac Érié (Baker, 2005). Les premières preuves recueillies dans le cours inférieur de la rivière Grand révèlent une relation négative entre l'abondance du gobie à taches noires et le dard de sable – d'après des données recueillies pendant un an (A. Dextrase, données non publiées). Parmi les causes pouvant expliquer le déclin des espèces indigènes, mentionnons la prédation exercée par le gobie sur les œufs et les juvéniles, la concurrence pour la nourriture et l'habitat et la concurrence pour les nids (French et Jude, 2001; Janssen et Jude, 2001; Poos et al., 2010).

Le gobie à taches noires a été capturé dans tous les réseaux fluviaux où vit le dard de sable en Ontario (A. Dextrase, comm. pers., 2010). Il faudra peut-être attendre des années avant de connaître entièrement les impacts de l'introduction du gobie à taches noires aux emplacements où vit le dard de sable, car les populations de cette espèce envahissantes sont encore en train de coloniser activement les réseaux fluviaux.

Prises accidentelles : L'utilisation du dard de sable comme poisson-appât est illégale en Ontario (MRNO, 2010). Même si le dard de sable n'est pas une espèce de poisson-appât ciblée, des captures accidentelles peuvent survenir en raison de cooccurrences (chevauchement de l'aire de répartition) entre le dard de sable et certaines espèces de poissons-appâts recherchées (p. ex. méné des ruisseaux [Luxilus cornutus]; mulet à cornes [Semotilus atromaculatus]; meunier noir [Catostomus commersonii]). Même si la pêche aux poissons-appâts peut en théorie être pratiquée dans un éventail d'emplacements riverains et côtiers des Grands Lacs où le dard de sable peut se trouver, ces emplacements ne sont pas des lieux de prédilection pour les pêcheurs. Aucun dard de sable n'a été recensé dans le cadre d'un programme d'échantillonnage intensif mené dans 68 réservoirs de détaillants et auprès d'acheteurs de poissons-appâts (16 886 poissons examinés) (A. Drake, Université de Toronto, comm. pers., 2010). Cela ne signifie toutefois pas qu'aucun dard de sable n'a été capturé, mais on sait qu'aucun n'est vendu.

Selon des experts (Bouvier et Mandrak, 2010), la pêche aux poissons-appâts est une activité ayant un impact minimal sur les populations de dards de sable, et cette activité peut être permise (voir la section 2.8).

Relevés — Le tableau 4 présente un résumé des relevés ciblant le dard de sable au cours des dernières années.

Tableau 4. Résumé des relevés récents ciblant le dard de sable en Ontario (depuis 1997)
Plan d'eau Relevés récents*
Rivière Ausable Échantillonnage ciblé et non ciblé par le MPO, le MRNO, l'ABCA à l'aide d'une senne, d'un dispositif d'électropêche portatif et d'un dispositif d'électropêche par bateau (2002).
Ruisseau Catfish
  • Échantillonnage ciblé et non ciblé par le MPO, le MRNO, le MRO et l'Université de Guelph à l'aide d'une senne et d'un dispositif d'électropêche par bateau (1997, 2002, 2008).
Ruisseau Big Otter
  • Échantillonnage ciblé et non ciblé par le MPO, le MRNO et l'Université de Guelph à l'aide d'une senne (2002 à 2004, 2008).
Ruisseau Big
  • Échantillonnage ciblé par le MPO et le MRNO à l'aide d‘une senne (2004).
Rivière Sydenham
  • Échantillonnage ciblé et non ciblé par le MPO, le MRNO, le MRO et l'Université de Guelph à l'aide d‘une senne, d'un dispositif d'électropêche portatif et d'un dispositif d'électropêche par bateau (1997 à 1999, 2002 à 2004, 2009).
Rivière Grand
  • Échantillonnage ciblé et non ciblé par le MPO, le MRNO, le MRO et l'Université Trent à l'aide d‘une senne, d'un dispositif d'électropêche portatif, d'un dispositif d'électropêche par bateau et d'un chalut (1997, 1999 à 2000, 2002, 2004, 2006 à 2010).
Rivière Thames
  • Échantillonnage ciblé et non ciblé par le MPO, l'Université de Waterloo et l'Université Trent à l'aide d'une senne et d'un chalut (1997 à 1998, 2003 à 2009).
Lac Érié
  • Échantillonnage non ciblé par le MPO, le MRNO et Parcs Canada (baie Long Point, baie Rondeau et Pointe Pelée) à l'aide d'une senne et d'un chalut (1997 à 2008).
Lac Sainte-Claire
  • Échantillonnage non ciblé par le MPO, le MRNO et le DNR du Michigan à l'aide d‘une senne et d'un chalut (1997 à 2001, 2005, 2007, 2008).

*L'échantillonnage non ciblé comprend, entre autres, l'échantillonnage et la surveillance d'espèces en péril en général, des relevés de communautés de poissons et des programmes de pêche indicatrice au filet.

Stratégies de rétablissement fondées sur l'écosystème aquatique : Les stratégies de rétablissement suivantes, fondées sur l'écosystème aquatique, tiennent compte du dard de sable et sont présentement mises en œuvre par des équipes de rétablissement. Chaque équipe de rétablissement est coprésidée par un représentant de Pêches et Océans Canada et de l'office de conservation concerné et reçoit le soutien d'un partenariat diversifié d'agences et d'individus. Les activités de rétablissement mises en œuvre par ces équipes comprennent des activités d'intendance ainsi que des programmes de vulgarisation/sensibilisation dont le but est de réduire les menaces recensées; pour plus de détails sur les mesures présentement en cours, voir les approches indiquées au tableau 5. Le financement de ces mesures est soutenu par le Fonds d'intendance des espèces en péril de l'Ontario et le Programme d'intendance de l'habitat du gouvernement du Canada pour les espèces en péril. En outre, les exigences en matière de recherche concernant les espèces en péril visées par les stratégies de rétablissement sont financées, en partie, par le Fonds interministériel pour le rétablissement du gouvernement fédéral.

Programme de rétablissement de l'écosystème de la rivière Sydenham
Le principal objectif du programme de rétablissement de l'écosystème de la rivière Sydenham est de maintenir et de renforcer les communautés aquatiques indigènes de la rivière Sydenham grâce à une démarche écosystémique qui met l'accent sur les espèces en péril (Dextrase et al., 2003). Le programme de rétablissement se concentre sur les 16 espèces aquatiques en péril du bassin, y compris le dard de sable.

Programme de rétablissement de l'écosystème de la rivière Thames
Le but de l'équipe de rétablissement de la rivière Thames est d'élaborer un plan de rétablissement qui améliore la situation de toutes les espèces aquatiques en péril de la rivière Thames grâce à une démarche écosystémique qui permet le maintien et le renforcement de toutes les communautés aquatiques indigènes (TRRT, 2004). Le dard de sable est l'une des 25 espèces aquatiques en péril ciblées par ce programme de rétablissement.

Programme de rétablissement des espèces de poissons en péril de la rivière Grand
Le but de l'équipe de rétablissement des espèces de poissons en péril de la rivière Grand est de « préserver et de renforcer la communauté de poissons indigènes en faisant appel à des principes scientifiques objectifs, à la participation communautaire et à la prise de mesures pour l'amélioration de l'habitat » (Portt et al., 2007). Ce programme inclut des initiatives de rétablissement ciblant le dard de sable et cinq autres espèces de poissons en péril.

Programme de rétablissement de l'écosystème de la rivière Ausable
Le but à long terme du programme de rétablissement de l'écosystème de la rivière Ausable est de maintenir une communauté aquatique indigène saine dans la rivière Ausable au moyen d'une démarche écosystémique qui met l'accent sur le rétablissement des espèces en péril (ERRA, 2005). L'équipe de rétablissement de la rivière Ausable a élaboré un programme de rétablissement pour les 14 espèces aquatiques en péril du bassin de la rivière Ausable, y compris le dard de sable.

Programme de rétablissement Essex-Érié
Le but du programme de rétablissement Essex-Érié est de permettre le maintien et la restauration de la qualité et de la fonction de l'écosystème dans la région Essex-Érié afin de soutenir des populations viables d'espèces de poissons en péril dans toute leur aire de répartition actuelle et passée (EREE, 2008). Ce programme inclut des initiatives de rétablissement ciblant le dard de sable et 17 autres espèces de poissons en péril.

Recherche : Des étudiants universitaires de cycles supérieurs (Université de Waterloo et Université Trent) effectuent des recherches sur les caractéristiques du cycle biologique et procèdent à des modélisations des populations de dards de sable du sud-ouest de l'Ontario et de leur habitat (2005-présent).

Programme de vulgarisation sur les Grands Lacs : Le Jardin zoologique de Toronto a inclus le dard de sable dans son programme de vulgarisation sur les Grands Lacs (en anglais seulement, volet sensibilisation et éducation).

Au Canada, le dard de sable n'a jamais fait l'objet d'une étude approfondie. Les quelques études récentes sur le dard de sable menées en Ontario (Drake et al., 2008; Finch, 2009; A. Dextrase, données non publiées) contiennent quelques réponses mais soulèvent également d'autres questions. Les lacunes dans les connaissances concernant cette espèce peuvent être attribuées à sa rareté, à sa petite taille, à son mode de vie benthique, à son comportement fouisseur et à son corps translucide, ce qui la rend difficile à apercevoir ou à capturer.

L'acquisition de connaissances sur la biologie (taille des pontes et fécondité), le comportement, l'adaptabilité ainsi que la dynamique des populations et l'abondance de l'espèce au Canada est donc essentielle à la mise en œuvre de mesures de rétablissement. Des données de base supplémentaires concernant les besoins liés à l'habitat (tolérance à la température, pH, oxygène dissous et pollution), la répartition et les menaces (y compris la gravité des menaces) qui pèsent sur la survie de l'espèce seront nécessaires à l'examen et à la surveillance des tendances démographiques du dard de sable.

Table des matières Suivant

Détails de la page

Date de modification :