Loi canadienne sur la protection de l'environnement (1999) : Rapport annuel au parlement pour avril 2020 à mars 2021, chapitre 2
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- 2. Surveillance de l’environnement et de la santé humaine
- 2.1 Produits chimiques dans notre environnement
- 2.2 Produits chimiques présents chez l’humain
- 2.3 Surveillance des polluants atmosphériques et des gaz à effet de serre
- 2.4 Programme de surveillance des sites d’immersion en mer
- 2.5 Surveillance de la qualité de l’eau
- 2.6 Indicateurs canadiens de durabilité de l’environnement
2. Surveillance de l’environnement et de la santé humaine
Les activités de contrôle et de surveillance permettent aux experts de déterminer les niveaux et les tendances des produits chimiques, des polluants atmosphériques et des déchets susceptibles d’affecter l’environnement ou la santé humaine.
2.1 Produits chimiques dans notre environnement
Un large éventail d’activités de suivi des produits chimiques a été mené à l’appui des programmes suivants :
Le Programme de monitoring et de surveillance de l’environnement du Plan de gestion des produits chimiques (PGPC)
Le Programme de lutte contre les contaminants dans le Nord (PLCN)
Le Programme de contrôle et de surveillance du bassin des Grands Lacs (BGL)
Le Réseau mondial d’échantillonnage atmosphérique passif (RMEAP)
L’Initiative sur les baleines : surveillance et recherche sur les contaminants
Les activités de surveillance appuient aussi la contribution du Canada aux efforts internationaux, notamment :
L’Accord relatif à la qualité de l’eau dans les Grands Lacs conclu entre le Canada et les États Unis
Le Programme de surveillance des contaminants dans les œufs de goélands argentés des Grands Lacs
Le Programme de surveillance et d’évaluation de l’Arctique (en anglais seulement) et le Programme d’action et de surveillance des contaminants dans l’Arctique (en anglais seulement) du Conseil de l’Arctique
La Convention sur la pollution atmosphérique transfrontière à longue distance de la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe
La Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants et la Convention de Minamata sur le mercure du Programme des Nations Unies pour l’environnement
Plus particulièrement, le Programme de monitoring et de surveillance de l’environnement du PGPC comprend la collecte de données sur la concentration des substances chimiques dans différents milieux de l’environnement et à divers endroits au Canada (voir le tableau 1). Ces milieux comprennent les eaux de surface, les sédiments, l’air, le biote aquatique et les espèces sauvages. Les influents, les effluents et les biosolides des systèmes de traitement des eaux usées sont également surveillés à des emplacements représentant un éventail de types d’intrants et de systèmes de traitement. Ces activités fournissent des données pour orienter l’évaluation et la gestion des substances chimiques dans l’environnement.
Tableau 1. Substances surveillées en 2020-2021 dans les milieux indiqués dans le cadre du Programme de monitoring et de surveillance de l’environnement du PGPC
Air | Eaux de surface | Poisson (tissu de l’organisme entier) |
---|---|---|
Substances per- et polyfluoroalkyliques (SPFA) | Substances per- et polyfluoroalkyliques (SPFA) | Substances per- et polyfluoroalkyliques (SPFA) |
Biphényles polychlorés (BPC) | Biphényles polychlorés (BPC) | Biphényles polychlorés (BPC)* |
Polybromodiphényléthers (PBDE) | Polybromodiphényléthers (PBDE) | Polybromodiphényléthers (PBDE) |
Autres ignifugeants | Autres ignifugeants | Autres ignifugeants |
Pesticides organochlorés | Pesticides organochlorés | Pesticides organochlorés* |
Dichlorodiphényltrichloroéthane (DDT) et métabolites* | Dichlorodiphényltrichloroéthane (DDT) et métabolites* | Dichlorodiphényltrichloroéthane (DDT) et métabolites* |
Hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) | Hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) | Alcanes chlorés |
Alcanes chlorés | Métaux* | Métaux (y compris le mercure) |
Métaux* | BPA et substituts | Organosiloxanes |
N/A | Alkylphénols | N/A |
* Bassin des Grands Lacs uniquement
En 2020-2021, Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) a mené des activités limitées de contrôle et de surveillance en raison de la pandémie et de la suspension connexe de certains travaux de laboratoire et de terrain. Pour certains milieux environnementaux comme l’air, la faune et le biote aquatique, des collaborateurs externes ont effectué une partie de l’échantillonnage et de l’analyse des échantillons. Pour les autres milieux (tels que les sédiments) et pour les eaux usées et les biosolides, aucun échantillonnage n’a été effectué en raison des restrictions imposées au travail sur le terrain. Toutefois, des progrès importants ont été réalisés en matière d’analyse et de communication des données, par la publication de manuscrits, pour plusieurs substances ou groupes de substances prioritaires du PGPC surveillés dans tous les milieux environnementaux ainsi que dans les eaux usées et les biosolides.
2.2 Produits chimiques présents chez l’humain
Les efforts de biosurveillance humaine de Santé Canada (SC) se sont poursuivis en 2020-2021 avec le programme national de biosurveillance mené dans le cadre de l’Enquête canadienne sur les mesures de la santé (ECMS), qui mesure les expositions environnementales aux produits chimiques dans un échantillon national représentatif de Canadiens âgés de 3 à 79 ans. Bien que la collecte continue de l’ECMS ait été interrompue en raison des efforts de modernisation de Statistique Canada et, par la suite, de la pandémie de COVID-19, le programme national de biosurveillance a utilisé les échantillons recueillis au cours des années précédentes pour mesurer les substances prioritaires.
Parmi les autres activités menées dans le cadre de l’ECMS en 2020 2021, mentionnons les suivantes :
Une analyse des tendances a été réalisée afin d’examiner l’évolution des concentrations de substances chimiques dans la population canadienne sur une période de 10 ans (2007 à 2017). Des réductions significatives des concentrations de produits chimiques ont notamment été observées pour le plastifiant phtalate de di-2-éthylhexyle (DEHP; diminution de 75 %), le perfluorooctanesulfonate (PFOS; diminution de 61 %), l’acide perfluorooctanoïque (APFO; diminution de 58 %), le diméthylphosphate (DMP; diminution de 40 %), le plomb (diminution de 33 %) et le bisphénol A (BPA; diminution de 32 %).
Des analyses en laboratoire des échantillons de la biobanque de l’ECMS étaient en cours et fourniront les premières données pour certains produits chimiques, comme le glyphosate, les produits de rechange du BPA et les tendances temporelles pour d’autres produits chimiques prioritaires, comme le fluorure.
Huit fiches d’information sur la biosurveillance des produits chimiques prioritaires ont été élaborées et seront publiées en même temps que le sixième rapport de biosurveillance présentant les résultats du cycle 6 de l’ECMS en 2021-2022.
Le groupe de travail international sur les valeurs guides de biosurveillance humaine (i-HBM) a été lancé sous l’égide de l’International Society of Exposure Science (ISES). La première réunion virtuelle a eu lieu et des contributions ont été sollicitées pour élaborer un plan de travail et former un comité directeur.
De plus, 82 articles de revue qui ont utilisé les données de l’ECMS ont été publiés en 2020-2021, dont 23 rédigés par des chercheurs de Santé Canada et les autres par des chercheurs externes.
En décembre 2020, le premier Rapport sur la biosurveillance humaine des substances chimiques de l’environnement au moyen d’échantillons groupés – Résultats des cycles 1 (2007 à 2009), 3 (2012 à 2013), 4 (2014 à 2015) et 5 (2016 à 2017) de l’Enquête canadienne sur les mesures de la santé a été publié. Ce rapport présente le premier ensemble de données groupées de sérum provenant du programme national de biosurveillance collecté dans le cadre de l’ECMS et constitue le premier ensemble de données sanguines représentatif à l’échelle nationale pour ces 90 substances chimiques persistantes présentes dans l’environnement.
L’Étude mère-enfant sur les composés chimiques de l’environnement (MIREC) a été mise en place en 2007 pour obtenir des données nationales de biosurveillance des femmes enceintes et de leurs nourrissons, et pour examiner les éventuels effets néfastes de l’exposition prénatale à des substances chimiques présentes dans l’environnement sur la grossesse et la santé du nourrisson. Plusieurs études de suivi sont en cours dans le cadre de la plateforme de recherche MIREC, notamment :
l’étude MIREC ID (développement du nourrisson)
les études MIREC CD3 (développement de l’enfant à trois ans) et MIREC CD Plus (biosurveillance et neurodéveloppement des jeunes enfants)
l’étude MIREC ENDO (apparition de la puberté, fonction endocrinienne et métabolique)
SC a poursuivi l’analyse et la publication des résultats de ses activités de biosurveillance et de recherche dans le cadre de la plateforme MIREC. L’évaluation de l’exposition prénatale aux substances chimiques et l’établissement d’estimations nationales de l’exposition de la mère et du fœtus se sont poursuivis dans le cadre de l’étude MIREC (voir la section 7.1.2.3 pour les publications).
En 2020-2021, des progrès ont été réalisés concernant l’étude de suivi MIREC-ENDO lancée en 2018 pour étudier les effets de l’exposition prénatale aux substances chimiques présentes dans l’environnement sur la puberté et la fonction métabolique de l’enfant, ainsi que sur la santé de la mère. En 2020-2021, le recrutement des participants, la collecte des données et l’analyse en laboratoire des échantillons de matériel biologique collectés ont été achevés pour la phase 1. Le plan de recrutement des participants a été révisé pour passer à un modèle basé sur un questionnaire en raison des restrictions liées à la COVID-19, qui a été complété à domicile sans visites en personne. Grâce au questionnaire, 437 familles ont été recrutées dans la phase 1 et 307 autres familles ont manifesté leur intérêt. La phase 2 sera lancée au printemps 2022.
Surveillance dans le Nord
ECCC et SC contribuent au Programme de lutte contre les contaminants dans le Nord (PLCN) dirigé par Relations Couronne Autochtones et Affaires du Nord Canada (RCAANC). Santé Canada collabore avec RCAANC pour la composante santé humaine du PLCN, qui traite des préoccupations concernant l’exposition humaine à des concentrations élevées de contaminants chez les espèces sauvages occupant une place importante dans le régime alimentaire traditionnel des peuples autochtones du Nord. En 2020-2021, Santé Canada a soutenu 5 projets de santé et de biosurveillance humaines dans le cadre du PLCN. Le but de ces projets était d’examiner l’exposition à des contaminants et ses liens avec la nourriture traditionnelle et l’état nutritionnel dans plusieurs régions du Nord (Yukon, Territoires du Nord-Ouest et Nunavik), ainsi que l’élaboration et l’évaluation d’outils de communication.
ECCC a été un contributeur majeur du suivi des milieux abiotiques, du biote aquatique et des espèces sauvages ainsi que de la santé de l’écosystème arctique. Dans le cadre du PLCN, ECCC assure la surveillance d’espèces sauvages sur de nombreux sites dans l’ensemble de l’Arctique canadien pour une vaste gamme de substances chimiques existantes et nouvellement préoccupantes dans l’Arctique, ainsi que pour des métaux dont le mercure, et ce, sur une base annuelle ou biannuelle.
2.3 Surveillance des polluants atmosphériques et des gaz à effet de serre
Les activités de surveillance et de déclaration sont importantes pour déterminer les niveaux et les tendances des polluants atmosphériques ayant un effet sur l’environnement et la santé humaine, ainsi que des gaz à effet de serre qui ont un impact sur les changements climatiques, et pour en assurer le suivi.
Pollution atmosphérique
La surveillance de la qualité de l’air ambiant (extérieur) fournit des données pour la gestion de la qualité de l’air au Canada, dont le suivi des progrès relatifs aux Normes canadiennes de qualité de l’air ambiant. Les données recueillies sont utilisées pour valider des modèles numériques de prévision de la qualité de l’air, évaluer les avantages et l’efficacité des mesures de contrôle ainsi que pour évaluer l’impact de la pollution atmosphérique sur les Canadiens et l’environnement.
ECCC surveille la qualité de l’air ambiant à travers le pays à l’aide de 2 réseaux complémentaires.
Le Programme de surveillance national de la pollution atmosphérique (SNPA), qui fournit des données à long terme sur la qualité de l’air dans les régions peuplées du Canada. Ce programme est géré dans le cadre d’un accord officiel par les gouvernements provinciaux et territoriaux et ECCC.
Le Réseau canadien d’échantillonnage des précipitations et de l’air (RCEPA), qui fournit de l’information sur les tendances et les profils régionaux des polluants atmosphériques présents dans l’air et les précipitations sur des sites ruraux et éloignés.
Les données recueillies par le SNPA, le RCEPA et d’autres stations de surveillance provinciales, territoriales et municipales sont utilisées pour calculer des indicateurs de la qualité de l’air. Ces indicateurs permettent de suivre les concentrations ambiantes de particules fines (PM2,5), d’ozone troposphérique (O3), de dioxyde de soufre (SO2), de dioxyde d’azote (NO2) et de composés organiques volatils (COV) à l’échelle nationale, régionale et urbaine et aux stations de surveillance locales.
La surveillance des polluants atmosphériques effectuée par ECCC comprend aussi les réseaux suivants :
AEROCAN, le sous réseau canadien du réseau mondial de satellites AERONET de la NASA, qui effectue des mesures optiques du rayonnement solaire afin de mesurer les aérosols atmosphériques;
le Réseau canadien de spectrophotomètres Brewer, qui mesure l’épaisseur totale de la couche d’ozone (aussi appelée colonne totale d’ozone) et le rayonnement ultraviolet (UV) à des endroits choisis à travers le Canada;
le Réseau canadien de mesure de l’ozone, qui effectue des mesures de la colonne totale d’ozone, du niveau du sol et jusqu’à 36 km d’altitude, en lançant chaque semaine des sondes à ozone fixées à des ballons, fournissant des données à long terme sur l’ozone.
La Cote air santé (CAS)
Les données recueillies dans le cadre de ces programmes sont utilisées pour déterminer la CAS. Il s’agit d’une échelle conçue pour aider les gens à comprendre ce que la qualité de l’air autour d’eux signifie pour leur santé. La CAS est calculée en fonction des risques relatifs que présente une combinaison de polluants atmosphériques dont les effets nocifs sur la santé humaine sont connus, notamment :
l’ozone (O3) de la basse atmosphère
les particules (PM2,5/PM10)
le dioxyde d’azote (NO2)
La CAS est un outil de protection de la santé qui aide les gens à prendre des décisions pour prendre soin de leur santé en limitant leur exposition à court terme à la pollution atmosphérique et en modifiant leurs activités pendant les périodes de pollution élevée. Elle fournit également des conseils sur la façon dont les gens peuvent améliorer la qualité de l’air qu’ils respirent.
Gaz à effet de serre
Le Programme canadien de mesure des gaz à effet de serre dans l’atmosphère comprend l’observation du dioxyde de carbone et d’autres GES sur 16 sites de mesure à long terme à travers le Canada (figure 2). Parmi ces sites se trouve l’Observatoire de veille de l’atmosphère du globe à Alert. Alert est l’un des 3 sites mondiaux d’intercomparaison des mesures des GES permettant d’évaluer la constance des mesures des concentrations de dioxyde de carbone (CO2) et d’autres gaz à effet de serre dans l’ensemble du globe.
Figure 2. Sites de surveillance du Programme canadien de mesure des gaz à effet de serre dans l’atmosphère
Description longue de la Figure 2
Cette carte montre les 16 sites de surveillance à long terme d'Environnement et changement climatique Canada pour le Programme canadien de mesure des gaz à effet de serre : Inuvik, T.N.-O.; Behchoko, T.N.-O.; Cambridge Bay, Nt; Alert, Nt; Estevan Point, C.-B.; Abbotsford, C.-B.; Lac La Biche, Alb.; Esther, Alb.; Lac Bratt’s, Sask.; Lac East Trout, Sask; Churchhill, Man.; Fraserdale, Ont; Egbert, Ont; Downsview, Ont.; Chapais,Qc; L’île de Sable, N.-É. .
ECCC met ses données de surveillance atmosphérique à la disposition du public grâce à des bases de données nationales et internationales, comme le portail de données ouvertes du gouvernement du Canada, l’Organisation météorologique mondiale (OMM), le Centre mondial de données relatives aux gaz à effet de serre, le Centre mondial des données relatives à la chimie des précipitations de l’OMM, ainsi que le Centre mondial de données sur l’ozone et le rayonnement ultraviolet de l’OMM, géré par le Service météorologique du Canada.
Mesures du CO2 et du CH4 atmosphériques à Alert, au Nunavut
Les mesures du CO2 atmosphérique ont commencé en mars 1975 à Alert, au Nunavut (figure 3). La concentration moyenne annuelle de CO2 à Alert en 2020 était de 414,9 parties par million (ppm), ce qui est légèrement supérieur aux concentrations moyennes annuelles de 2019 et 2018, qui étaient respectivement de 412,0 ppm et 409,5 ppm.
ECCC a commencé à mesurer le méthane atmosphérique (CH4) en août 1985 à Alert, au Nunavut (figure 4). La concentration moyenne annuelle de CH4 à Alert en 2020 était de 1 967,7 parties par milliard (ppb). Le taux de croissance annuel des concentrations de CH4 avait connu une baisse régulière depuis la fin des années 1980 et s’était maintenu autour de zéro entre 1999 et 2006, reflétant un équilibre presque parfait entre les émissions et l’élimination du CH4 par les processus chimiques atmosphériques. Depuis 2007, le CH4 a augmenté de 6 ppb en moyenne par année jusqu’à très récemment. En 2019 et 2020, la variation annuelle du CH4 à Alert a fait un bond significatif de 10,4 et 16,7 ppb, respectivement.
Figure 3. Concentrations atmosphériques de dioxyde de carbone mesurées à Alert, au Nunavut
Description longue de la Figure 3
Ce graphique montre la moyenne mensuelle, le cycle annuel et la tendance du dioxyde de carbone atmosphérique mesuré à Alert, au Nunavut, de 1975 à 2020. Le graphique indique que le dioxyde de carbone dans l'atmosphère mondiale a augmenté rapidement depuis 1975. La ligne rouge indique la tendance moyenne à la hausse, tandis que la ligne bleue indique les fluctuations annuelles. Les fluctuations annuelles sont dues au fait que le dioxyde de carbone diminue pendant l'été dans l'hémisphère nord, car la croissance des plantes absorbe le carbone de l'atmosphère ; et augmente pendant l'hiver.
Figure 4. Concentrations atmosphériques de méthane mesurées à Alert, au Nunavut
Description longue de la Figure 4
Ce graphique montre la moyenne mensuelle, le cycle annuel et la tendance du méthane atmosphérique mesuré à Alert, au Nunavut, de 1985 à 2020. Le graphique indique que le taux d'augmentation annuelle des concentrations de CH4 a régulièrement diminué depuis la fin des années 1980 et a oscillé autour de zéro de 1999 à 2006, reflétant un équilibre quasi mondial entre les émissions et l'élimination par les processus chimiques atmosphériques. Depuis 2007, le CH4 a augmenté chaque année en moyenne de 6 ppb par an, jusqu'en 2019 et 2020 où la variation annuelle a augmenté de 10,4 et 16,7 ppb respectivement. La ligne rouge indique la tendance moyenne à la hausse, tandis que la ligne bleue indique les fluctuations annuelles.
2.4 Programme de surveillance des sites d’immersion en mer
En surveillant les sites d’immersion, ECCC est à même de vérifier que le processus de délivrance des permis est durable et que les titulaires de permis continuent d’avoir accès à des sites appropriés. Lorsque la surveillance révèle un problème ou qu’un site a atteint la limite de sa capacité, des mesures de gestion peuvent être prises, comme la fermeture, le déplacement ou la modification de l’utilisation du site.
En 2020-2021, des projets de surveillance ont été achevés dans 9 sites d’immersion en mer à l’échelle du pays, ce qui revient à une surveillance de 13 % des 71 sites en activité. En raison des restrictions relatives au travail sur le terrain résultant de la pandémie de COVID-19, de nombreux projets de surveillance sur le terrain ont été annulés ou reportés.
Région du Pacifique
Le travail sur le terrain a été largement annulé dans la Région du Pacifique en 2020-2021 en raison des restrictions liées à la COVID-19 pour le personnel travaillant sur les navires. Toutefois, des partenariats avec d’autres organismes ont permis le prélèvement de quelques échantillons de sédiments dans les sites d’immersion de Sandheads et de Point Grey et aux alentours, dans l’habitat de l’épaulard résident du Sud. Ces échantillons ont été analysés pour y détecter une série importante de substances chimiques, y compris les polybromodiphényléthers (PBDE) et les microplastiques, afin de générer de nouvelles données à l’appui de l’Initiative de protection des baleines du gouvernement du Canada. La participation du Programme d’immersion en mer à cette initiative quinquennale (2018 à 2022), y compris l’analyse des données, est en cours et les résultats seront communiqués lorsque l’analyse des données sera terminée.
Point saillant – Utilisation du profileur de courant à effet Doppler
En 2019-2020, Ressources naturelles Canada et ECCC se sont lancés dans un projet de recherche visant à déployer un profileur de courant à effet Doppler (ADCP) sur le fond marin au site d’immersion de Point Grey afin de recueillir des données saisonnières sur la vitesse et la direction du courant à 1 m au dessus du fond marin sur une période d’un an. L’objectif de cette surveillance était de caractériser le mouvement des sédiments au fil du temps sur l’empreinte de l’immersion et aux alentours. Les résultats de cette surveillance du fond marin montrent que le site de Point Grey n’est pas dispersif, ce qui signifie que les matériaux sont susceptibles de rester dans l’empreinte de l’immersion après l’immersion. L’utilisation du profileur de courant à effet Doppler s’est avérée très utile et est maintenant déployée pour une période d’un an sur le site d’immersion de Sandheads afin d’obtenir une compréhension plus nuancée du mouvement des sédiments sur ce site.
Région du Québec
En 2020-2021, un total de 6 sites d’immersion en mer ont fait l’objet d’une surveillance dans le golfe du Saint Laurent au large des côtes de la province du Québec; 2 en Gaspésie et 4 près des Îles de la Madeleine (voir le tableau 2). Des relevés hydrographiques post immersion ont été réalisés sur ces sites et les résultats ont été comparés à ceux des relevés précédents, fournissant ainsi un portrait du fond marin avant et après l’immersion.
Dans les deux sites surveillés en Gaspésie, PD-6 et SG-2, on avait constaté une tendance à ne pas être en mesure de repérer les matériaux déposés à cet endroit. Cette situation a suscité des inquiétudes quant au fait que les matériaux étaient en réalité rejetés à l’extérieur des limites des sites d’immersion. Des enquêtes et des conversations préliminaires avec le titulaire du permis ont suggéré que des coordonnées inexactes avaient peut être été entrées dans le GPS d’un entrepreneur inexpérimenté. En conséquence, de nouvelles mesures, telles que l’obligation pour les entrepreneurs d’enregistrer les coordonnées de chaque immersion, ont été mises en place. L’enquête s’est poursuivie en 2020-2021 afin que le problème soit résolu en vue de la délivrance de futurs permis.
Tableau 2. Résultats de la surveillance de sites d’immersion en mer au large des côtes du Québec en 2020-2021
Site d’immersion | Résultats des relevés hydrographiques | Commentaires |
---|---|---|
Port Daniel Est (PD-6) | Aucun matériau détecté sur le site d’immersion, même si le titulaire du permis a déclaré que 2 927 m3 de matériaux avaient été déposés sur ce site | Résultat inattendu. Il est recommandé de poursuivre les relevés hydrographiques annuels. |
Saint Godefroi (SG-2) | Aucun matériau détecté sur le site d’immersion, même si le titulaire du permis a déclaré que 1 777 m3 de matériaux avaient été déposés sur ce site | Résultat inattendu. Depuis 2013, plus de 16 500 m3 de matériaux ont été déposés sur ce site, mais n’ont pas été détectés. Les nouvelles exigences d’enregistrement des coordonnées et le nouvel entrepreneur en 2019 n’ont pas résolu ce problème. Il est recommandé de poursuivre les relevés hydrographiques annuels. |
IE-6 | 3 134 m3 de matériaux ont été détectés, soit plus de 1 000 m3 de plus que les 2 115 m3 attendus | Résultat inattendu. Cela peut être dû à la création d’une « fosse de sable » sur le site, ou à une dynamique sédimentaire légèrement différente au cours de l’année passée. La profondeur du site est toujours sûre pour la navigation. Des relevés hydrographiques annuels sont recommandés. |
GI-2 | Aucun matériau détecté sur le site d’immersion | Résultat attendu car il s’agit d’un site très dispersif. La profondeur est encore sûre pour la navigation et un autre relevé hydrographique dans 5 ans est recommandé. |
PBCM-1 | 43 087 m3 de matériaux ont été détectés, soit presque exactement la quantité attendue de 42 888 m3 | Résultat attendu. Le site est très stable. La partie du site actuellement utilisée est près d’atteindre la limite de sa capacité pour assurer une navigation sûre; on envisage donc d’ouvrir une section inutilisée du site. Des relevés hydrographiques annuels sont recommandés. |
Dépôt E | Près de 93 % des 207 300 m3 de matériaux déposés sur le site ont été détectés | Résultat attendu. Un modèle de dispersion pour l’immersion des matériaux a été utilisé sur ce site en 2020 pour remplir des sections du site, plutôt que de créer un monticule unique. Le site est stable et toujours sûr pour la navigation. Un relevé hydrographique de suivi est recommandé dans 2 ans. |
Région de l’Atlantique
En 2020-2021, un seul relevé de surveillance hydrographique a été effectué en août 2020 sur le site d’immersion en mer de Black Point, au large des côtes du Nouveau-Brunswick. Les résultats ont été utilisés pour évaluer les changements dans l’empreinte et la hauteur des matériaux accumulés sur le site d’immersion. L’élévation des matériaux accumulés a été évaluée pour déterminer si elle est inférieure à 7 m au-dessus de l’élévation de référence de 1959. Le seuil de 7 m a été choisi comme critère prudent pour la navigation.
Des relevés hydrographiques répétés sur le site d’immersion de Black Point ont montré une accumulation importante de sédiments. Il semble que les sédiments se soient déplacés et déposés dans la direction sud-ouest, dépassant la limite du site d’immersion. Il semble également que l’accumulation des matériaux déposés approche ou dépasse le seuil de 7 m de hauteur dans la majeure partie du fond marin sous la zone utilisée de 2017 à 2020. Sur la base de ces observations, il a été décidé de déplacer les activités d’immersion vers une nouvelle zone à partir de janvier 2021. Afin de mieux comprendre les changements dans l’empreinte des matériaux immergés, la zone qui fera l’objet du relevé en 2021 sera plus étendue que celle du relevé de 2020. L’analyse des résultats des études physico-chimiques et biologiques de 2019 sur le site d’immersion de Black Point est toujours en cours.
2.5 Surveillance de la qualité de l’eau
La surveillance de la qualité de l’eau douce a été un programme central d’ECCC depuis la création du ministère au début des années 1970. Les activités de surveillance et de suivi du ministère sont critiques afin d’évaluer l’état et les tendances de la qualité de l’eau et d’en rendre compte, et pour s’assurer du respect des engagements nationaux et internationaux du fédéral ainsi que ses obligations législatives. Une bonne partie des activités de surveillance sont réalisées dans le cadre d’ententes fédérales provinciales/territoriales, assurant ainsi une prestation économique et sans redondance du programme.
Le Programme de surveillance de la qualité des eaux douces d’ECCC continue de mettre en œuvre une gestion adaptative fondée sur le risque conjointement à des analyses statistiques afin de faire mieux coïncider les activités de surveillance avec les risques des contaminants et les activités humaines dans les bassins hydrographiques canadiens. Cette approche a été suivie pour optimiser les lieux de surveillance, adapter la fréquence des activités de surveillance en fonction des risques environnementaux et rendre compte de l’évolution de l’état de l’environnement. La présence de produits chimiques préoccupants dans l’eau, les sédiments et le biote aquatique de sites nationaux à travers le Canada continue d’être surveillée dans le cadre de ce programme de soutien au Plan de gestion des produits chimiques.
En 2020, le Programme de monitoring et de surveillance des eaux douces (PMSED) d’ECCC a terminé une analyse des tendances et des concentrations de cadmium dans les sédiments, l’eau et les poissons. Cette analyse soutient la mesure du rendement et la production de rapports pour le PGPC à travers le Canada.
Le PMSED soutient également les priorités du PGPC par le biais du groupe de travail sur le monitoring et la surveillance. En février 2021, les membres du groupe de travail ont publié une analyse multimédia du bisphénol A (BPA) dans l’environnement canadien1 ; elle recommandait la surveillance des eaux de surface pour relever les tendances futures pour les concentrations de BPA dans l’environnement, identifiait les répercussions des rejets d’eaux usées et évaluait l’efficacité des mesures canadiennes pour réduire les concentrations dans l’environnement.
Veuillez consulter le Rapport annuel sur la Loi sur les ressources en eau du Canada pour une mise à jour de la surveillance de la qualité des eaux douces au Canada.
2.6 Indicateurs canadiens de durabilité de l’environnement
Le programme des Indicateurs canadiens de durabilité de l’environnement (ICDE) fournit des résultats et des renseignements sur les grands enjeux de durabilité écologique, comme les changements climatiques, la qualité de l’air, la qualité et la disponibilité de l’eau, les espèces sauvages, la biodiversité, l’habitat, la pollution, les déchets et les substances toxiques. Il a été conçu pour faire connaître l’état de l’environnement au Canada, y compris les tendances historiques, de manière simple et transparente. Les ICDE servent à informer les citoyens, les parlementaires, les décideurs et les chercheurs en leur fournissant des renseignements exhaustifs, impartiaux et faisant autorité en environnement. Le programme des ICDE répond aux engagements pris par ECCC en vertu de la LCPE et de la Loi sur le ministère de l’Environnement de rendre compte aux Canadiens de l’état de l’environnement. Il constitue le principal instrument permettant de mesurer les progrès de la Stratégie fédérale de développement durable.
Les indicateurs sont préparés par ECCC en étroite collaboration avec des spécialistes des sciences et des données de tout le gouvernement fédéral, notamment de Santé Canada, de Statistique Canada, de Ressources naturelles Canada, d’Agriculture et Agroalimentaire Canada et de Pêches et Océans Canada, ainsi que de leurs homologues provinciaux et territoriaux. Les données qui servent au calcul des indicateurs proviennent de diverses sources, y compris des enquêtes, des réseaux de surveillance et d’autres initiatives de recherche, qui devraient être maintenues et mises à jour dans un avenir prévisible.
Les indicateurs sont publiés sur le site Web des ICDE, où sont présentés les résultats nationaux et régionaux, de même que la méthodologie employée pour chaque indicateur et des liens vers des enjeux socioéconomiques et des renseignements connexes. Les ICDE sont également accompagnés de cartes interactives qui permettent à l’utilisateur d’explorer rapidement les indicateurs environnementaux locaux et régionaux du Canada. Les indicateurs et leurs ensembles de données correspondants sont également publiés sur le portail de données ouvertes du gouvernement du Canada.
Tableau 3. Indicateurs canadiens de durabilité de l’environnement (ICDE) – mises à jour et nouvelles publications en 2020-2021
Date | Indicateurs |
---|---|
Avril 2020 | Émissions de gaz à effet de serre provenant de grandes installations Émissions de gaz à effet de serre Émissions mondiales de gaz à effet de serre |
Juillet 2020* | Exposition de la population à la pollution atmosphérique extérieure Bisphénol A dans l’eau et les sédiments Couverture de neige au Canada Avis concernant la qualité de l’eau potable Qualité des effluents des usines de pâtes et papiers Aires conservées au Canada Changements de la température au Canada Durabilité de la récolte de bois d’œuvre Émissions de dioxyde de carbone du point de vue de la consommation |
Août 2020 | Restauration des secteurs préoccupants des Grands Lacs |
Septembre 2020 | Teneurs en phosphore dans les eaux du large des Grands Lacs Exposition humaine à des substances nocives |
Octobre 2020 | Charge en phosphore dans le lac Érié Émissions et absorptions de gaz à effet de serre d’origine terrestre |
Novembre 2020 | Émissions de polluants atmosphériques Réduction des charges de phosphore dans le lac Winnipeg Suivi de l’immersion en mer Qualité des effluents des mines de métaux et de diamants Intégrité écologique des parcs nationaux Qualité des zones de récolte des mollusques |
Décembre 2020 | Émissions atmosphériques de substances nocives Changement de statut des espèces sauvages en péril Tendances dans les populations d’espèces en péril Zostère au Canada Traitement des eaux usées municipales Particules de plastique dans le fulmar boréal |
Janvier 2021 | Rejets de substances nocives dans l’eau Nutriments dans le fleuve Saint Laurent Nombre d’avis sur la qualité de l’eau potable à long terme qui touchent les systèmes d’eau potable dans les réserves |
Février 2021 | Glace de mer au Canada Gestion de l’aquaculture canadienne |
Mars 2021 | Exposition de la population aux polluants extérieurs Pratiques de pêche durables Progrès vers la cible de réduction des émissions de gaz à effet de serre du Canada |
Remarque : * En raison des restrictions liées à la COVID-19, notamment une interruption des publications au printemps, la publication de certains indicateurs a été reportée à juillet.
1 Gewurtz, S. B. et coll., 2021. Bisphenol A in the Canadian environment: A multimedia analysis. Science of the Total Environment, vol. 755, partie 2. 10 février 2021, 142472 10.1016/j.scitotenv.2020.142472 (en anglais seulement).
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