Utilisation de l’Inventaire national des rejets de polluants dans la recherche environnementale.
Contexte
Depuis 1993, l’Inventaire national des rejets de polluants (INRP) est le registre canadien légiféré des polluants déclarés par les entreprises, établissements et autres entités à travers le Canada. Les données sont accessibles au public et elles comprennent de l’information sur les polluants rejetés dans l’air, l’eau et le sol, ainsi que les polluants éliminés et transférés. Ces données aident les divers paliers gouvernementaux à établir les priorités en matière de gestion environnementale et de santé publique, ainsi qu’à informer les Canadiens sur les rejets de polluants.
La présente fiche d’information résume l’examen de la portée de l’utilisation de l’INRP dans la recherche environnementale (disponible uniquement en anglais) réalisé afin de mieux comprendre les futures possibilités d’utilisation des données de l’INRP dans les domaines de recherche d’intérêt. Vous pouvez accéder à la version française de l’article en faisant une demande à l’adresse de courriel suivante : inrp-npri@ec.gc.ca. Cette fiche dresse un portrait de l’utilisation de l’INRP dans la recherche environnementale, plus particulièrement liée à la documentation revue par les pairs, depuis le début de la création du programme jusqu’en 2019.
La méthode utilisée derrière la réalisation de cette revue de littérature est basée sur certains critères de sélection des articles de recherche, c’est-à-dire que les articles devaient :
- contenir les termes “Inventaire national des rejets de polluants”
- être disponibles publiquement
- être révisés par les pairs
- être rédigés en français ou en anglais
- avoir été publiés entre 1994 et 2019
Ensuite, les articles correspondant à ces critères ont été filtrés de manière à sélectionner 225 articles pertinents qui utilisaient substantiellement les informations de l’INRP, lesquels ont été analysés pour l’examen de la portée en question.
Bref historique de l’utilisation de l’INRP dans la recherche environnementale
L’analyse du nombre d’articles par année de publication montre que la recherche liée à l’INRP est apparue dans la documentation en 1997, trois ans après la publication du premier ensemble de données de l’INRP. Le taux annuel de publication d’article est demeuré assez faible jusqu’en 2002, soit moins de quatre articles par année. Par la suite, la tendance s’est renversée et le nombre annuel de publications liées à l’INRP a atteint son sommet en 2019 où 31 articles ont été publiés. L’anglais était la langue la plus utilisée parmi les articles publiés. L’analyse révèle aussi que les articles liés à l’INRP ont été publiés dans 90 revues à comité de lecture, c’est-à-dire que ces ouvrages ont d’abord été évalués par les pairs universitaires afin de limiter les risques d’erreurs avant leur publication.
Description longue
Graphique représentant le nombre annuel d’articles de recherche utilisant l’INRP.
Ce graphique est tiré de l’examen de la portée de l’utilisation de l’INRP dans la recherche (disponible uniquement en anglais) et est disponible en format interactif.
Description longue
Graphique représentant le nombre d’articles de recherche utilisant l’INRP selon la revue à comité de lecture dans laquelle ils sont publiés.
Ce graphique est tiré de l’examen de la portée de l’utilisation de l’INRP dans la recherche (disponible uniquement en anglais) et est disponible en format interactif.
Les résultats de l’examen de la portée ont montré que l’INRP est une source de données de plus en plus utilisée pour la recherche dans divers domaines d’étude passant de la surveillance environnementale aux questions socioéconomiques.
La tendance à la hausse des publications d’articles liés à l’INRP coïncide avec les modifications des exigences de déclaration à l’INRP. Par exemple :
- Suite à l’ajout des principaux contaminants atmosphériques (PCA) en 2002 et de certains composés organiques volatils (COV) en 2003, 47 articles utilisant ces données spécifiques ont été publiés entre 2005 et 2019;
- Entre 2006 et 2007, l’INRP a apporté des modifications aux exigences de déclaration de manière à accroitre le niveau de détail des données et des rapports de certains secteurs industriels. Ces changements ont contribué significativement à l’utilisation de l’INRP dans la recherche puisque les données de 2006 ont été les plus utilisées, lesquelles se retrouvent dans 45 publications entre 2008 et 2019.
Pour en apprendre plus sur l’historique des exigences en matière de déclaration à l’INRP, visitez l’historique des exigences en matière de déclaration de l’INRP.
Outre les changements au niveau des exigences de déclaration, d’autres facteurs ont pu jouer un rôle dans l’augmentation de l’utilisation de l’INRP dans la recherche, y compris :
- un intérêt grandissant des lecteurs envers l’INRP, au fur et à mesure que des articles soient publiés
- l’augmentation de l’abondance des données au fil du temps a contribué à obtenir un inventaire plus vaste de manière à favoriser l’intérêt pour étudier des séries chronologiques plus longues dans le temps
- les progrès technologiques facilitant l’accès aux grands ensembles de données de l’INRP ou la navigation parmi ceux-ci, ainsi que les façons novatrices d’intégrer les données de l’INRP à d’autres sources d’information (par exemple, outil de recherche en ligne de l’INRP, données accessibles sur le Portail des données ouvertes du gouvernement du Canada)
- la promotion des couches cartographiques en ligne pouvant contribuer à la popularité du thème d’analyse géospatiale
- l’intérêt grandissant pour la caractérisation des impacts environnementaux du secteur des sables bitumineux contribuant à la publication d’un grand nombre d’articles de recherche liés à l’INRP
- les diverses activités de promotion mises en place par l’INRP, comme le Défi académique de l’NRP, ont aussi pu contribuer à cet engouement
Données de l’INRP utilisées dans la recherche
Pour plus d’informations sur l’utilisation des données de l’INRP dans la recherche, les figures présentées sont disponibles en ligne en format interactif.
Compartiments environnementaux de l’INRP
L’INRP recueille un grand nombre de données sur les rejets de polluants qui sont catégorisées en différents compartiments environnementaux. Les divers compartiments environnementaux des données de l’INRP sont :
- les rejets sur place dans l’air, l’eau ou le sol
- les éliminations sur place
- les transferts hors site à des fins d’élimination, de traitement, de recyclage et de récupération d’énergie
Description longue
Infographie montrant l’information de l’industrie recueillie par l’INRP catégorisée en compartiments environnementaux.
Le principal compartiment environnemental étudié est celui des rejets de polluants dans l’air représentant 89% des articles. Les autres articles (11%) utilisent les données sur les polluants rejetés dans l’eau et le sol, puis les données des éliminations sur place. Quelques articles (3%) ont utilisé l’ensemble des données de l’INRP. Par contre, aucune étude n’a utilisé les données sur les transferts hors site.
Description longue
Graphique représentant le nombre d’articles de recherche utilisant l’INRP publiés selon le compartiment environnemental de l’INRP étudié.
Ce graphique est tiré de l’examen de la portée de l’utilisation de l’INRP dans la recherche (disponible uniquement en anglais) et est disponible en format interactif.
Substances suivies par l’INRP
Un autre aspect distinguant les études examinées est lié aux différentes substances recueillies par l’INRP. Parmi celles-ci, les PCA, tels que les composés organiques volatils, les oxydes de soufre et les oxydes d’azote, figurent parmi les substances les plus étudiées. Les métaux (par exemple, le mercure), les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), les substances organiques, les dioxines et les furanes polychlorés, et l’hexachlorobenzène (HCB) sont aussi des substances qui ont été examinées de manière plus approfondie.
Description longue
Graphique représentant la proportion des groupes de substances étudiés parmi les articles de recherche utilisant l’INRP.
Ce graphique est tiré de l’examen de la portée de l’utilisation de l’INRP dans la recherche (disponible uniquement en anglais) et est disponible en format interactif.
Formats des données de l’INRP
Les données de l’INRP sont accessibles en ligne et sont publiées en divers formats :
- les tableaux de données pour une année
- les résumés de cinq années
- les fichiers de données pour toutes les années (depuis 1994)
- les fichiers complets de données déclarées
Les données annuelles de l’INRP (des tableaux de données pour une année) étaient principalement utilisées avant 2012. Par la suite, des séries chronologiques plus longues de données de l’INRP étaient plus couramment utilisées (par exemple, de cinq à quinze ans). Les données de 2005 à 2010 et les données de 2013 ont été les plus souvent utilisées, précisément dans 65 articles.
Description longue
Graphique représentant le nombre annuel d’articles utilisant l’INRP selon les années des données de l’INRP utilisées.
Ce graphique est tiré de l’examen de la portée de l’utilisation de l’INRP dans la recherche (disponible uniquement en anglais)
Utilisateurs des données de l'INRP en recherche
Description longue
Carte représentant l’emplacement des auteurs des articles utilisant l’INRP.
Graphique représentant le nombre d’auteurs selon le type d’affiliation.
Ce graphique est tiré de l’examen de la portée de l’utilisation de l’INRP dans la recherche (disponible uniquement en anglais) et est disponible en format interactif.
Les articles révisés par les pairs sélectionnés incluent plus de 800 auteurs et coauteurs dont la majorité était affiliée à des universités, ainsi qu’au gouvernement du Canada et au gouvernement des États-Unis.
Les universités canadiennes, telles que l’Université de l’Alberta, l’Université de Toronto, l’Université de la Colombie-Britannique et l’Université de McGill, représentaient 38% des publications associées aux universités, soit plus de 480 auteurs. Un total de 40 établissements d’enseignement postsecondaire au Canada étaient représentés dans les études liées à l’INRP. Les programmes d’étude étaient dans le domaine du génie, de la biologie, de la chimie, des sciences de la santé, de la médecine, des sciences environnementales, de la géographie et de la foresterie.
Les représentants du gouvernement du Canada et du gouvernement des États-Unis ont aussi été prolifiques. Par exemple, Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) et l’Environmental Protection Agency des États-Unis comprennent le plus grand nombre d’auteurs, soit 185 chercheurs contribuant à un total de 81 articles publiés. Une partie de ces auteurs était affiliée à :
- des organisations non gouvernementales
- des consultants
- des hôpitaux
- l’industrie
- des organisations internationales
- des administrations municipales
- des groupes autochtones
- des collèges communautaires
Les publications récentes révèlent que l’intérêt envers l’INRP est à la hausse, particulièrement pour les universités, les gouvernements fédéraux et les organisations internationales du Mexique, de l’Europe et de l’Asie. La portée locale et mondiale de l’INRP semble aussi augmenter en raison de l’élargissement des thèmes d’étude et des affiliations d’auteurs. Par exemple, en passant d’un petit groupe d’universités et de scientifiques du gouvernement du Canada à un large éventail de chercheurs, y compris ceux d’hôpitaux, d’organisations non gouvernementales, de groupes autochtones et d’organisations internationales.
Des figures interactives sont disponibles en ligne pour plus de détails sur les auteurs utilisant les données de l’INRP dans la recherche.
Les thèmes de recherche liés à l’INRP
Description longue
Figure représentant la proportion des thèmes d’étude retrouvés parmi les articles utilisés dans cet examen de la portée.
Ce graphique est tiré de l’examen de la portée de l’utilisation de l’INRP dans la recherche (disponible uniquement en anglais) et est disponible en format interactif.
Le thème de recherche environnementale le plus populaire est celui des analyses géospatiales, représentant plus de 80% des études analysées dans cet examen de la portée. Par exemple, l’information géospatiale de l’INRP a été utilisée pour :
- quantifier l’exposition aux polluants d’intérêt (par exemple, pour la santé – en anglais seulement) selon la proximité d’une population donnée
- quantifier et identifier les polluants d’une province ou d’une région donnée (par exemple, l’Alberta – en anglais seulement)
- élaborer une méthode quantitative d’évaluation des menaces créées par la pollution sur les espèces en péril (en anglais seulement)
Le thème de la surveillance environnementale était présent dans plus de 60% des études examinées et il était souvent lié au thème des analyses géospatiales, y compris les observations sur place et par satellite. Entre autres, certaines des études utilisant les données de l’INRP sous l’angle de la surveillance environnementale s’intéressaient à :
- surveiller la qualité de l’air à proximité d’installations clés en Alberta (en anglais seulement) en accordant une importance particulière aux COV, aux matières particulaires (MP) et aux HAP
- valider les modèles de surveillance environnementale en comparant divers inventaires
Un autre thème dominant (39%) était la modélisation prédictive en intégrant les données de l’INRP à de multiples sources d’information dans des modèles prédictifs pour ainsi obtenir une variété de résultats en matière d’environnement et de santé humaine. Ce thème coïncidait souvent avec les deux thèmes précédents. Des exemples d’études sont :
- l’analyse géospatiale et la modélisation prédictive estimant l’exposition aux polluants
- l’identification des technologies les plus optimales pour lutter contre la pollution atmosphérique (en anglais seulement)
Environ le tiers des études (34%) relevaient du thème des études sur des secteurs industriels particuliers, dont la majorité portait sur les sables bitumineux de l’Athabasca.
Les autres thèmes de recherche identifiés sont :
- l’étude d’autres inventaires de polluants, tels que l’Australian National Pollutant Inventory et le Registre européen des rejets et transferts de polluants (18% des articles)
- les effets sur la santé humaine, par exemple, le taux d’apparition d’hypertension et de diabète par rapport aux émissions de particules fines au Québec (17% des articles)
- l’analyse de politique ou de programme (11% des articles)
- les enjeux socioéconomiques (8% des articles)
- le traitement et l’assainissement (4% des articles)
- le changement climatique (2% des articles)
- les enjeux autochtones (1% des articles)
- la bio-surveillance (1% des articles)
Des figures interactives sont disponibles en ligne pour plus de détails sur les thèmes de recherche et les articles scientifiques identifiés dans l’examen de la portée.
Avantages et limites
D’un côté, l’utilisation de l’INRP dans la recherche apporte plusieurs avantages, tels que :
- avoir accès à un vaste inventaire de données pancanadiennes géoréférencées sur les rejets, les transferts et les éliminations de plus de 300 polluants majoritairement suivis depuis 1993
- analyser des tendances à long terme afin de mieux comprendre les rejets de polluants et leurs répercussions sur les écosystèmes
- identifier des priorités environnementales à l’échelle locale ou nationale
- éclairer les décisions stratégiques
- encourager et suivre les tendances en matière de réduction et prévention de la pollution
D’un autre côté, la documentation examinée mentionnait certains aspects limitatifs à considérer lors de l’utilisation de l’INRP dans la recherche environnementale, souvent en lien avec la qualité des données et l’exhaustivité de l’inventaire. Par exemple :
- la conformité des déclarations et l’incertitude des méthodes d’estimation peuvent créer des divergences entre les déclarations à l’INRP et les émissions mesurées
- la liste de substances de l’INRP ne comprend pas toutes celles d’intérêt pour la recherche
- les données de l’INRP, en étant agrégées que quelques fois par année, manquent de précision temporelle pour certaines recherches
- l’inventaire n’inclut pas toutes les sources de pollution (par exemple, les sources non ponctuelles) et ne recueille pas les données des installations canadiennes qui ne répondent pas aux exigences de déclaration.
Ces considérations sont importantes à prendre en compte lors de l’utilisation de l’INRP dans la recherche. Celles-ci sont également considérées par l’INRP afin de continuellement apporter des améliorations au programme. Par exemple, depuis le début de la création de l’inventaire, de nombreuses modifications lui ont été apportées afin d’accroitre l’exhaustivité de la liste de substances et d’augmenter le niveau de détail des seuils de déclaration. Malgré l’augmentation de la complexité d’interprétation des données en raison des nombreux changements, ces derniers ont davantage contribué à augmenter l’intérêt des utilisateurs tel que révélé par les résultats de l’examen de la portée.
Pour en apprendre plus sur les considérations à tenir compte pour vos analyses, visitez le guide de l’utilisation et de l’interprétation des données de l’INRP.
Vous pouvez communiquer avec nous pour toutes questions ou propositions de changement via l’adresse de courriel suivante : inrp-npri@ec.gc.ca.
Futures recherches environnementales liées à l’INRP
Les résultats ont montré que certaines données de l’INRP sont sous-utilisées dans la recherche environnementale. Ainsi, de nouveaux sujets de recherche potentiels avec les données de l’INRP pourraient être envisagés. Par exemple :
- les transferts aux fins de traitement, le recyclage ou la récupération d’énergie
- les données sur la concentration dans l’eau
- les données pour certaines substances.
Une analyse plus approfondie de ces données pourrait s’avérer utile afin de mieux comprendre comment améliorer ces données pour les utilisateurs.
L’analyse a aussi soulevé d’autres opportunités de projets d’intérêt, tels que :
- l’élaboration de produits cartographiques interactifs et conviviaux au-delà des fichiers Google Earth (.kmz), comme la création de tableaux de bord interactifs
- l’établissement de liens directs entre les effets potentiels sur la santé et les thèmes de biosurveillance, de modélisation prédictive, de secteurs industriels, et d’analyse des politiques et programmes
- approfondir les connaissances sur la compatibilité de l’INRP avec d’autres inventaires de polluants afin de faciliter l’utilisation future de l’INRP avec ces inventaires (par exemple, la Commission de coopération environnementale réalise des analyses à l’échelle continentale grâce à plusieurs inventaires de polluants)
- réaliser une recherche novatrice en étudiant des thèmes moins populaires identifiés par l’examen de la portée ou d’autres domaines d’intérêt, soit :
- les enjeux socioéconomiques
- le traitement et l’assainissement d’un milieu pollué
- le changement climatique
- les enjeux autochtones
- la bio-surveillance
- la justice sociale
Ce que vous pouvez faire dès maintenant
L’INRP vise à promouvoir un plus grand nombre d’utilisateurs de données. Vous pouvez contribuer à améliorer le programme en nous partageant vos idées au inrp-npri@ec.gc.ca ou en collaborant pour mettre en place des initiatives de sensibilisation et de promotion de l’INRP. L’INRP encourage aussi l’utilisation de ses données par un plus grand nombre d’établissements d’enseignement avec le Défi académique de l’INRP, soit une opportunité de mentorat pour les étudiants avec les experts en données sur les polluants d’ECCC.
Pour en savoir plus, visitez notre page intitulée “Inventaire national des rejets de polluants – Partenariat et collaboration - Canada.ca”.
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