Les dix événements météorologiques les plus marquants au Canada en 2023

David Phillips, climatologue principal, a compilé cette liste de fin d’année après avoir examiné les événements météorologiques importants à l’échelle nationale.

Il a choisi les événements en fonction de facteurs comme le degré d’incidence sur le pays, l’étendue de la région touchée, les effets économiques et environnementaux et la longévité de l’événement comme l’un des principaux sujets d’actualité au Canada et dans le monde.

Introduction

L’ampleur de la dévastation à l’échelle nationale en 2023 est difficile à comprendre. Le tableau est sombre avec des paysages brûlés à perte de vue, des maisons calcinées et des débris témoignant de tempêtes dévastatrices. Les lits de rivière ont été asséchés et les champs ont disparu sous l'eau. Les magnifiques levers et couchers de soleil dissimulaient un ciel brumeux jaune-orange que l’on pouvait souvent sentir et goûter, au lieu de l’air pur et frais qui caractérise généralement l’environnement canadien. Il était difficile de croire qu’un ciel aussi enfumé puisse émaner du Canada. À l’échelle du pays, plus d’un quart de million de personnes ont vu leur vie bouleversée par des incendies et des inondations, parfois à deux ou trois reprises. Pire encore, plusieurs sont décédés et bien d’autres ont perdu leur gagne-pain, leur demeure et leurs biens. Près de 90 % des avertissements En alerte émis en 2023 portaient sur les feux de forêt ou des dangers météorologiques.

Les extrêmes que nous avons vus en 2023 ont été dévastateurs à bien des égards, mais c’est à cela que ressemblent les changements climatiques. Ce que nous avons vu cette année n’est qu’un avant-goût de ce que l’avenir pourrait nous réserver si les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas réduites rapidement. À mesure que le climat continue de se réchauffer, on peut s’attendre à une augmentation des feux de forêt, ainsi qu’à des sécheresses, des ouragans et des vagues de chaleur plus intenses.

En 28 ans d’existence du palmarès des dix événements météo les plus marquants, l’événement numéro un n’a jamais été aussi évident que cette année, avec les feux de forêt record. En fait, cet événement aurait pu représenter quatre événements en un cette année, soit une superficie brûlée record, la poursuite d’une sécheresse pluriannuelle, de la chaleur torride et un ciel enfumé pendant des mois. À certains moments, des feux incontrôlés brûlaient dans presque toutes les provinces et tous les territoires. C’est un événement qui a retenu l’attention de la communauté internationale pendant une bonne partie de l’année. La lutte contre les feux de forêt aux quatre coins du pays a été une préoccupation nationale pendant trois saisons, plutôt que l’activité estivale habituelle. En fin de compte, 2023 a été la pire année de feux de forêt jamais enregistrée : elle est au moins deux fois pire que l’ancienne année record et sept fois plus intense que la moyenne décennale des forêts ravagées par les feux. Des villes entières et plusieurs communautés autochtones ont été évacuées en raison de la menace de feux de forêt. Aussi incroyable que cela puisse paraître, la superficie brûlée par les feux de forêt s’étendait sur plus de 18 millions d’hectares. Un expert a dit que la superficie totale brûlée cette année au Canada représente la superficie de plus de la moitié des pays du monde.

La température moyenne de la Terre cet été a fracassé des records et il est fort probable que l’année 2023 soit l’année la plus chaude depuis peut-être 125 000 ans. Pour le Canada, il s’agissait de l’été le plus chaud en 76 ans, soit depuis le début de la tenue d’archives nationales en 1948. Fait encore plus remarquable, si l’on inclut les mois de mai et de septembre, chaque province et territoire a connu les cinq mois les plus chauds jamais enregistrés, sauf au Canada atlantique. Les eaux côtières chaudes ont provoqué la vague de chaleur marine la plus chaude jamais observée dans les eaux canadiennes. Certaines parties des provinces des Prairies sont passées de la gadoue à la fin d’avril à la sueur au début de mai, comme s’il n’y avait pas eu de printemps. Dans l’est du Canada, pour la première fois en avril et en octobre, il s’agissait de la « saison chaude » la plus longue jamais enregistrée, le mercure grimpant certains jours à plus de 30 °C.

À la fin de janvier et en février, un lobe du vortex polaire est descendu vers le sud, se déplaçant du nord vers l’ouest et vers l’est. Dans l’Ouest, les températures ont été en moyenne de 5 à 15 degrés de moins que la normale, ce qui a donné certains des écarts de températures basses les plus prononcés de notre génération. Étant donné les vents mordants, le refroidissement éolien dans le nord du Québec a entraîné des températures ressenties aussi basses que -59. Les services d’électricité ont eu de la difficulté à répondre à la demande d’électricité, d’où une consommation record. Même les stations de ski ont réduit leurs heures d’ouverture parce qu’il faisait trop froid pour skier. C’est une année où l’Ouest canadien a reçu trop peu de précipitations, incapable d’obtenir une goutte de pluie pour étouffer les feux de forêt ou soulager la sécheresse, et où l’Est a reçu trop de précipitations – juste trop d’eau trop longtemps et trop souvent. Avant le week-end de Pâques, une puissante tempête de fin de saison a gagné la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent, et a déversé de la pluie verglaçante, du grésil, de la grêle et de fortes pluies généralisés. Des pannes de courant ont affecté plus d’un million de clients au Québec et en Ontario.

Les inondations ont également fait couler beaucoup d’encre cette année, notamment un différent type d’inondation, les inondations urbaines dans des villes des Prairies comme Calgary, Edmonton, Regina et Winnipeg, et aussi deux ou trois fois dans des villes de l’Est comme Québec, Ottawa et Montréal. En dehors d’Halifax, six semaines après que des feux de forêt à évolution rapide aient envahi la moitié ouest de la province, la région a été frappée par des pluies torrentielles qui ont provoqué la mort tragique de quatre personnes, dont deux jeunes enfants. Les inondations ont aussi causé des dommages inimaginables aux biens personnels et aux infrastructures.

Au départ, on prévoyait un début de saison des ouragans plus calmes dans l’Atlantique par rapport aux six dernières années, mais les eaux de l’océan Atlantique exceptionnellement chaudes ont encore suscité une saison des tempêtes tropicales très active. Le Canada a été touché par les vestiges de deux ouragans majeurs : Franklin et Lee. Lee a été l’ouragan le plus puissant à frapper le pays, mais ce n’était pas l’ouragan Fiona. Le 16 septembre, les vents forts et les fortes pluies de la tempête post-tropicale Lee se sont abattus sur la région. Les pannes d’électricité causées par des rafales atteignant 117 km/h en Nouvelle-Écosse et autour de la baie de Fundy au Nouveau-Brunswick ont créé des ondes de tempête dont la vague maximale a atteint 16 m, ce qui a détruit des plages et des parcs précieux le long des rives exposées. Au total, le bassin de l’Atlantique a connu 19 tempêtes nommées, dont sept ouragans, y compris trois ouragans majeurs.

Il est très difficile d’obtenir un décompte exact des tornades, car elles sont difficiles à confirmer et peuvent passer inaperçues dans les régions rurales. En 2023, on estime qu’il y a eu 82 tornades au Canada. Il est important de souligner qu’une tornade survenue le jour de la fête du Canada en Alberta a été classée EF-4, ses vents les plus forts étant estimés à 275 km/h. On a dit que c’était la tornade la plus puissante dans la province depuis la tornade majeure d’Edmonton en 1987.

Selon les estimations préliminaires compilées par Catastrophe Indices et Quantification Inc. (CatIQ), il y a eu 27 événements météorologiques majeurs de décembre 2022 à novembre 2023, qui ont tous entraîné des pertes de coûts assurées d’au moins 30 millions de dollars et une perte globale de près de 3,5 milliards de dollars. Il faudra des mois avant que l’industrie des assurances ne calcule les chiffres définitifs, et ce ne sera qu’une fraction du coût réel pour les propriétés, les entreprises et l’infrastructure, et des coûts émotionnels pour les Canadiennes et les Canadiens touchés.

Les 10 phénomènes météorologiques les plus marquants au Canada en 2023

1. Des feux de forêt record

Une épaisse couche de fumée émane des feux de forêt sur la côte ouest du lac Okanagan.
Crédit photo : Gabor Fricska

La saison des feux de forêt à l’échelle nationale a fracassé divers records. Elle a commencé tôt, s’est terminée tard, a brûlé plus vite que d’habitude et a été extrêmement active de la Colombie-Britannique et des territoires jusqu’à la côte atlantique. La lutte contre les feux de forêt se déroule souvent dans un seul coin du pays à la fois; cette année, des feux de forêt massifs sévissaient partout en même temps, en plus de durer de nombreux mois. Le 6 juin, il y a eu des feux incontrôlés dans chaque province et territoire, sauf à l’Île-du-Prince-Édouard et au Nunavut. Le Centre interservices des feux de forêt du Canada à Winnipeg a signalé que le nombre de feux de forêt était supérieur à la moyenne, mais qu’il y avait un total record incroyable de terrains boisés consommés, soit sept fois plus que la moyenne décennale. Comme le nombre d’éclairs nuage-sol enregistré se classe au troisième rang parmi les plus bas en 22 ans entre janvier et septembre inclusivement, il est clair que la foudre n’était pas la seule cause des feux de végétation.

Voici quelques statistiques sur les feux de forêt et les records battus en 2023 :

Alberta

Cette année, la province a connu une saison des incendies sans précédent, à la fois exceptionnellement hâtive et généralisée. Au début de mai, une forte crête de haute pression, considérée comme la plus forte jamais observée depuis quatre décennies, a créé une vague de chaleur précoce dans l’Ouest. En Alberta, les températures de mai ont été en moyenne d’environ 5 degrés de plus que la normale, soit les températures les plus élevées des 76 ans de relevés. Le printemps en Alberta a également été plus sec que dans les dernières années et l’humidité a été très faible, de sorte que la saison des incendies a commencé bien plus tôt que d’habitude. Parmi les points chauds, Edmonton a battu en mai des records de températures de près de 6 degrés au-dessus de la normale. Calgary a connu son deuxième mois de mai le plus chaud jamais enregistré, avec environ 4,5 degrés au-dessus de la normale. Les vents forts ont alimenté des dizaines d’incendies déjà déclenchés dans le centre et le nord de l’Alberta, ce qui a forcé l’évacuation de 38 000 Albertains le 8 mai. Le 12 mai, presque toute la province était visée par une interdiction de feux et 19 états d’urgence locaux étaient en vigueur. À Edson, en Alberta, les résidents ont été évacués le 9 juin pour la deuxième fois du printemps. Les flammes ont fermé plusieurs voies de transport et donc bloqué l’accès à des dizaines de parcs et d’espaces récréatifs. Les incendies ont également suspendu les activités pétrolières et gazières, ce qui représente près de 5 % de la production pétrolière du pays. À la fin de mai, les feux de forêt avaient ravagé près de 1,2 million d’hectares, soit près de 100 fois plus que l’année dernière à la même période. Vers la fin de mai et en juin, pendant que la pluie tombait, les équipes de lutte contre les feux de forêt ont commencé à se déplacer vers l’est pour combattre d’énormes incendies dans les Maritimes et au Québec.

Nouvelle-Écosse

Les Maritimes ont connu l’un des printemps les plus secs depuis plusieurs années. Au même moment, la mince couverture de neige hivernale disparaissait rapidement, en laissant un faible déficit d’humidité sur les sols boisés, qui est plus typique en juillet qu’en mai. De février à mai inclusivement, les précipitations totales à Halifax ont été inférieures à la moitié de la normale. Le temps a été particulièrement sec en avril; plusieurs stations météo en Nouvelle-Écosse ont alors connu leur mois le plus sec jamais enregistré. En mai et au début de juin, les températures ont grimpé à 33 °C et ces journées se sont avérées les quelques jours les plus chauds de tout l’été, à quelque 12 degrés au-dessus de la normale. Par conséquent, lorsque les feux de forêt ont commencé en mai, ils étaient intenses et se déplaçaient rapidement à travers la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick. De plus, on a laissé sécher d’importantes quantités de combustibles après le passage de l’ouragan Fiona dans la région huit mois plus tôt.

À la fin de mai, les feux incontrôlés ont forcé 18 000 personnes à quitter leur domicile à Halifax, où sévissait l’incendie de Tantallon, et dans une région largement boisée du comté de Shelburne, au sud-est de Yarmouth; il s’agissait des plus grands feux de forêt jamais vus en Nouvelle-Écosse. Les vents très chauds et constants qui soufflaient en rafales ont propagé les feux rapidement. Les incendies incontrôlés ont poussé les autorités à interdire de façon généralisée la randonnée, le camping et la pêche ainsi que les activités forestières et minières. Au total, plus de 200 maisons et autres structures ont été endommagées ou détruites par le feu, surtout dans le nord-ouest d’Halifax. Les coûts des assurances de biens ont été estimés à 250 millions de dollars. Au début de juin, la pluie qui a duré plusieurs jours et a déversé de 100 à 175 mm a contribué à éteindre les flammes.

Québec

La chaleur record autour du 1er juin dans l’ouest du Québec, qui s’est ajoutée à un temps sec record pendant une bonne partie de l’hiver et du printemps, a suscité du temps extrêmement sec partout dans la province. Trop d’incendies se sont allumés en même temps et se sont propagés rapidement. Les feux de forêt de juin au Québec ont brûlé neuf fois plus de terres qu’au cours de toute décennie précédente. Les principaux points chauds ont été observés dans la région de l’Abitibi-Témiscamingue et le long de la Côte-Nord dans l’est du Québec. L’état d’urgence a été déclaré à Sept-Îles le 2 juin, ce qui a contraint 5 000 personnes à quitter leur domicile. Certains résidents de Lebel-sur-Quévillon ont dû fuir leur propriété à deux reprises. Plusieurs mines de la province ont suspendu leurs activités en raison du risque d’incendie. Hydro-Québec a transporté par avion près de 200 travailleurs des centrales hydroélectriques du nord du Québec. Des pompiers étrangers se sont joints aux équipes provinciales pour éteindre les flammes. Des centaines de membres des Forces canadiennes ont participé aux évacuations et à la lutte contre les incendies. Les vents du nord ont poussé la fumée du Québec et du nord-est de l’Ontario vers Montréal, Ottawa, Toronto et de grandes villes de l’est des États-Unis. Les pluies du début de juillet ont contribué à éteindre certains incendies, bien que de grandes flammes incontrôlées persistaient près de la baie James.

Colombie-Britannique

Trois années de températures exceptionnellement élevées et de faibles précipitations ont causé une grande sécheresse sur une grande partie de la Colombie-Britannique à la fin d’avril 2023. Le mois de mai a été le plus chaud en 76 ans, à plus d’un demi-degré de plus que mai 1998, l’année qui occupe le deuxième rang et qui était aussi une année de feux de forêt dévastateurs. Une grande partie de l’accumulation de neige de l’hiver a disparu rapidement, ce qui a privé les cours d’eau d’un débit régulier au printemps et au début de l’été. À la mi-mai, des bulletins spéciaux sur la qualité de l’air et des avis de ciel enfumé avaient déjà été émis pour plusieurs collectivités du nord-est de la Colombie-Britannique. Vu les flammes très chaudes et la fumée suffocante menaçant la région, 40 000 personnes ont reçu un ordre d’évacuation ou une alerte avant la longue fin de semaine de mai. L’incendie de la rivière Donnie Creek entre Fort St. John et Fort Nelson était bien entamé. Cet incendie allumé par la foudre a commencé le 12 mai et brûlait encore avec force, de façon incontrôlée à la fin de septembre, de sorte qu’il est devenu le feu de forêt ayant brulé le plus longtemps de l’histoire de la province, ainsi que le plus vaste (5 800 km carrés). La sécheresse s’est aggravée pendant l’été, de sorte que les incendies se sont intensifiés dans toute la province. Souvent, de 350 à 400 feux brûlaient en même temps, et les deux tiers d’entre eux étaient désignés comme étant non maîtrisés. Il y avait rarement un répit pour les milliers de pompiers et les militaires. Les évacuations de villes, de régions rurales, de centres de villégiature, de lieux de vacances et de communautés des Premières Nations se sont poursuivies tout l’été.

Dans le centre de la Colombie-Britannique, après des mois de sécheresse persistante, il y a eu une faible chute de 3,8 mm de pluie entre le 13 juillet et le 21 août. Les rafales irrégulières, les températures du dôme de chaleur et les milliers d’éclairs en juillet ont déclenché des centaines de feux de forêt dans la vallée de l’Okanagan et dans les environs. En juillet, près de 170 000 éclairs ont frappé le sol, soit 55 % de plus que la normale, ce qui donne le troisième mois de juillet le plus actif des 22 ans de relevés. De la vallée de l’Okanagan au canyon du Fraser et à l’est de Kamloops, dans la région de Shuswap et du lac Adams, des incendies se sont déclarés en juillet, puis se sont intensifiés à la mi-août, ce qui a obligé des milliers d’habitants à se tenir prêts à évacuer. Le mercure a grimpé entre 37 °C et 42 °C dans certaines parties de l’Okanagan. L’incendie de McDougall à seulement 10 km de West Kelowna a multiplié par 100 sa taille initiale en moins d’une semaine et est demeuré embrasé pendant plus d’un mois. Près de 200 structures dans les parties assaillies de West Kelowna, de la Première Nation de Westbank et de Kelowna ont été partiellement ou entièrement détruites, dont le Lake Okanagan Resort. Le 5 août, au nord-est de Kamloops, l’incendie de Bush Creek et du lac Adams a doublé en deux jours, et brûlé des propriétés à Shuswap et des deux côtés du lac Adams. Le 20 août, il y avait de l’espoir lorsque la tempête tropicale Hilary a quitté le Mexique et a commencé à déverser de la pluie sur l’est de la Colombie-Britannique, mais les précipitations ne se sont pas propagées plus à l’ouest, là où la pluie était le plus nécessaire. L’espace aérien au-dessus de l’aéroport de Kelowna a été fermé pour faciliter le travail des pompiers aériens. Dans la région de Shuswap, 170 maisons et entreprises ont été détruites ou endommagées par les incendies. Plus de 22 000 résidents de West Kelowna et de Bush Creek ont reçu des ordres d’évacuation ou des alertes. Même à Osoyoos, les feux de forêt ont brûlé des propriétés et forcé des évacuations, mais, dans ce cas-ci, c’était des feux provenant de l’État de Washington qui se dirigeaient vers le nord. Le comportement des feux en Colombie-Britannique s’est intensifié à la fin de l’été en raison des températures plus élevées que la normale et des précipitations plus faibles que la normale, surtout dans le Nord. La saison des feux de forêt est demeurée tout feu, tout flamme pendant des mois. Pendant la première semaine d’octobre, 317 incendies actifs brûlaient toujours dans la province.

Territoires du Nord-Ouest

Tout au long du printemps et de l’été, les Territoires du Nord-Ouest ont connu des températures maximales record et des quantités négligeables de pluie, qui ont amplifié le risque de feux de forêt. Mais les graines de la saison des feux sans précédent ont été semées il y a au moins quatre ans. À Yellowknife, presque tous les mois depuis la fin de 2020 ont été plus secs que la normale, ce qui a donné un déficit d’humidité total de 340 mm en 36 mois. Des preuves supplémentaires de la sécheresse et des niveaux d’eau historiquement bas le long du fleuve Mackenzie ont imposé de longs détours aux marchandises en transit. Vers la mi-août, une crête s’est installée sur le territoire, ce qui a fait monter les températures en flèche encore plus, asséché encore plus les forêts et aggravé les conditions en raison des vents forts et des éclairs fréquents causés par la foudre sèche. Les forêts ont subi trop de stress lié à la chaleur et à la sécheresse, et plus de 200 incendies incontrôlés et imprévisibles se sont déclenchés, dont la majorité était incontrôlable.

Le front se trouvait à 60 km de Hay River, au Territoires du Nord-Ouest, le 13 août, poussé par de fortes rafales pouvant atteindre 70 km/h. Le hameau d’Enterprise, tout près, a été englouti par l’incendie et 80 % de la ville a été réduite en cendres. À la mi-août, les feux se rapprochaient dangereusement de plusieurs collectivités : à 2 km de Hay River et à 1 km de l’aéroport; à 4 km de Fort Smith; à 7 km de la Première Nation K’atl’odeeche et à 15 km de la capitale, Yellowknife. Le 18 août, des feux de forêt incontrôlés autour du Grand lac des Esclaves ont forcé les autorités à procéder à des évacuations massives de milliers de personnes (près des deux tiers des résidents des Territoires du Nord-Ouest) et à reporter les élections territoriales au 14 novembre. Lorsque les feux étaient si près, que la fumée était si dense et que la chute de cendres étouffait la ville de Yellowknife, un ordre d’évacuation historique a été donné à midi le 18 août et, de façon extraordinaire, 95 % des habitants de la ville ont respecté cet ordre et sont partis pendant près de trois semaines. Certains ont parcouru jusqu’à 3 000 km pour rentrer chez eux après la deuxième semaine de septembre. À la fin, certains feux brûlaient encore. Le 16 octobre, 303 feux avaient ravagé 4,2 millions d’hectares, soit dix fois la moyenne sur 25 ans, et 91 incendies étaient toujours actifs le 21 novembre.

2. Le Canada drapé de fumée

Des nuages de fumée s’élèvent au-dessus de Dartmouth en Nouvelle-Écosse et cachent partiellement le soleil.
Crédit photo : Sansom Marchand

La fumée étouffante s’étant répandue dans l’air partout dans le pays, personne n’a été épargné par les feux de forêt dévastateurs de 2023, et pas seulement au Canada. Bien que le pays ait habituellement la mauvaise réputation d’envoyer de l’air froid au sud de la frontière, pendant l’été 2023, des panaches de fumée âcre se sont déplacés du Canada vers les états-Unis et ont fait les manchettes à New York et dans de nombreuses autres régions américaines. La respiration de plus de 100 millions d’Américains a été restreinte en raison de la mauvaise qualité de l’air causée par la fumée provenant de l’Est du Canada en juin et en mai et en raison des feux de forêt dans l’Ouest et les territoires plus tard au cours de l’été et de l’automne. De plus, la fumée des feux de forêt canadiens a parcouru des milliers de kilomètres à travers l’océan Atlantique et a pollué l’air au-dessus du Groenland, de l’Islande et d’autres régions de l’Europe.

La fumée a rendu le ciel brumeux à partir d’avril dans le nord-est de la Colombie-Britannique lorsque la foudre a déclenché l’incendie de Donnie Creek. Le ciel était encore pollué en octobre, pendant que plus de 753 incendies brûlaient encore d’un océan à l’autre, dont près de la moitié étaient décrits comme étant non maîtrisés. Dans les zones de feux actifs aux quatre coins du pays, la visibilité était réduite quotidiennement par la fumée et de manière si intense que les équipes de lutte contre les incendies n’arrivaient pas toujours à voir ce qu’elles combattaient. Avant la longue fin de semaine de mai, les feux de forêt en Alberta avaient déjà brûlé une superficie trois fois plus grande que la moyenne annuelle. Les feux de forêt de mai dans l’Ouest avaient recouvert la majeure partie de l’Alberta et de la Saskatchewan ainsi qu’une bonne partie de la Colombie-Britannique de fumée de telle sorte que les indices de la qualité de l’air étaient de 10+, soit un risque très élevé. Le risque était si élevé à Edmonton que la ville a lancé sa première intervention face aux conditions météorologiques extrêmes de mauvaise qualité de l’air : les écoles ont commencé à tenir les récréations à l’intérieur et à annuler des excursions en plein air. La population canadienne urbaine a souffert d’une des pires qualités de l’air au monde. Par ailleurs, la fumée protégeait parfois les incendies du soleil, ce qui maintenait les températures en dessous des maximums prévus. La fumée nuisait aussi aux cultures, en cachant le soleil et en ralentissant la croissance des plantes.

Des incendies à la fin de l’été et au début de l’automne dans les Territoires du Nord-Ouest, en Colombie-Britannique et en Alberta ont pollué le ciel de l’ouest de l’Amérique du Nord jusqu’aux Grands Lacs. En septembre, la ville de Yellowknife a de nouveau été menacée par des feux environnants, cette fois-ci par une épaisse fumée qui a rendu le ciel d’un orange sombre apocalyptique. Le 23 septembre, les célébrations organisées par la ville pour le retour à la maison après trois semaines d’évacuations forcées par les feux de forêt ont dû être annulées en raison de la mauvaise qualité de l’air.

Dans l’est de l’Amérique du Nord, il n’est pas fréquent que des bulletins spéciaux sur la qualité de l’air soient émis en raison de la fumée provenant de feux de forêt au pays, en particulier de feux qui sévissent dans l’est du Canada. Le ciel enfumé en juin dernier est en grande partie attribuable aux incendies qui ont ravagé la Nouvelle-écosse, le nord et le centre du Québec ainsi que le nord-est de l’Ontario. Une dépression au-dessus du Maine et au large de la Nouvelle-écosse a fourni un courant antihoraire pour canaliser la fumée au Canada vers le sud.

La pluie occasionnelle n’a pas suffi pour éteindre les feux de forêt avant que les vents ne changent aussi de direction. Pendant une bonne partie du mois de juin, une épaisse fumée a recouvert le sud de l’Ontario et du Québec avec des concentrations bien supérieures au seuil de toxicité. L’odeur de fumée était omniprésente, et le smog jaunâtre brouillait l’horizon des villes. Montréal a connu la pire qualité de l’air au monde le matin du 25 juin. Sa concentration de particules fines (PM2,5) s’élevait à 243, soit 38 fois la valeur recommandée par l’Organisation mondiale de la santé pour la qualité de l’air. Le 7 juin, la qualité de l’air à Ottawa a été évaluée comme étant un risque élevé de 10+. La quantité de particules fines dans l’air d’Ottawa a atteint 511, alors que la normale oscille entre 4 et 11. Un autre panache de fumée atteignant 243 le 25 juin a contraint à l’annulation du Festival de bateaux-dragons et du Festival autochtone du solstice d’été. La ville a également annulé tous les programmes de loisirs en plein air, fermé les piscines extérieures et émis des avis d’interdiction de baignade sur ses plages. De la fumée jaune s’est installée sur Toronto pendant plusieurs jours en juin. Sous la brume fumante, le panache de fumée était si dense que les aéroports ont dû interrompre ou ralentir la circulation aérienne en raison de la mauvaise visibilité. Les hôpitaux de la ville ont connu une augmentation du nombre de personnes atteintes de problèmes respiratoires qui se rendent aux urgences. Parfois, les vents dissipaient la fumée et la pluie nettoyait l’air, mais il ne fallait qu’un jour ou deux pour que l’air pollué revienne, souvent de façon encore plus prononcée.

Le nombre d’heures de fumée de mai au début de septembre, définies par une visibilité de moins de 9,7 km, a révélé des conditions de fumée record dans une grande partie de l’ouest, du centre et du nord du pays. La ville ayant enregistré le plus grand nombre d’heures de fumée était Fort Nelson (1054 heures), suivie de Fort St. John (867 heures), La Ronge (802 heures), Peace River (644 heures) et Grand Prairie (625 heures). Plusieurs grandes villes, dont Kamloops, Calgary, Edmonton, Regina, Saskatoon et Yellowknife ont subi plus de 200 heures de fumée.         

3. L’été le plus chaud sur Terre et au Canada

Le soleil se lève au-dessus des silhouettes d’édifices résidentiels.

Sur Terre

Une saison embrasée, torride, étouffante, voire « l’enfer sur Terre » ne sont que quelques-uns des qualificatifs utilisés pour décrire l’été record qu’a connu l’hémisphère Nord en 2023. Il ne fait aucun doute que c’était l’été le plus chaud depuis 1940, et probablement depuis 1850 (le début de la période de calcul de la moyenne préindustrielle) et, si l’on reconstruit les climats antérieurs au moyen de preuves géologiques et biologiques, c’est probablement aussi l’été le plus chaud de l’histoire depuis le début de l’apparition des êtres humains il y a 120 000 ans.

Juin 2023 a été le mois de juin le plus chaud jamais enregistré, à environ 1,5 °C au-dessus de la moyenne du 20e siècle. Juillet 2023 a été le mois le plus chaud jamais observé à l’échelle mondiale, et a surpassé le record précédent de 2019 avec quelque 1,5 °C au-dessus de la moyenne de 1850 à 1900. La National Oceanic Atmospheric Association des états-Unis a déclaré que le 7 juillet 2023 était la journée la plus chaude sur Terre, à 17,42 °C, ce qui fracassait le record précédent à peine quelques jours plus tôt. Août 2023 a été le mois d’août le plus chaud jamais enregistré. Pour les trois mois estivaux, la température moyenne dans l’hémisphère Nord se chiffrait à 16,77 °C, soit 0,66 °C de plus que la moyenne actuelle de 1991 à 2020. La chaleur record s’est maintenue en septembre, et l’Organisation météorologique mondiale a annoncé qu’il s’agissait du mois de septembre le plus chaud jamais enregistré. Dans l’hémisphère Sud, il y a également eu des températures bien au-dessus de la moyenne, surtout en août, dans l’ensemble de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, dans plusieurs pays d’Amérique du Sud et autour d’une grande partie de l’Antarctique, où la glace de mer était à son niveau le plus bas depuis le début des relevés par satellite en 1979. Ainsi, comme les deux hémisphères étaient anormalement chauds, la Terre a facilement connu les mois de juin à août les plus chauds jamais enregistrés.

Après l’été le plus chaud et le mois de septembre le plus chaud jamais enregistrés, l’année 2023 a connu les neuf premiers mois les plus chauds observés sur la planète. Plusieurs facteurs ont contribué à cette chaleur sans précédent. Des vagues de chaleur marines record dans plusieurs bassins océaniques ont alimenté la chaleur tout au long de l’été, en plus d’aggraver les effets des changements climatiques anthropiques en cours. Puisque les eaux surchauffées d’El Niño ne font que s’étendre et se renforcer dans le Pacifique tropical Est, l’année 2023 est très probablement l’année la plus chaude jamais enregistrée en plus de 150 ans.

Au Canada

Le Canada a contribué plus que sa part aux records de chaleur enregistrés cet été à l’échelle de la planète. Nous avons connu l’été le plus chaud des 76 dernières années, c’est‑à‑dire depuis le début de la tenue de registres nationaux en 1948. L’anomalie (différence d’avec la normale) de température moyenne était de +2,0 °C, battant ainsi le précédent record de chaleur de 2012. Les étés les plus chauds ont aussi été enregistrés (avec des anomalies positives) en Colombie‑Britannique (2,1 °C), au Yukon (2,9 °C) et dans les Territoires du Nord‑Ouest (3,1 °C). Plus remarquable encore, si nous ajoutons les mois de mai et de septembre aux trois mois d’été traditionnels, toutes les provinces et tous les territoires, à l’exception du Canada atlantique, ont connu les cinq mois les plus chauds jamais enregistrés. Le Canada atlantique n’a pas été pris en compte dans ce « palmarès » en raison des importantes quantités de précipitations qui se sont abattues dans ces provinces. Les températures océaniques dans les eaux côtières du Canada ont été extrêmement élevées, et les températures maximales ont été atteintes beaucoup plus tôt que jamais auparavant. Au plus fort de l’été (du 17 juillet au 7 août), les eaux de surface de l’Atlantique canadien étaient de 3 à 5 degrés au‑dessus de la normale et ont atteint des températures records dans l’Atlantique Nord.

Au Canada, on parle, de façon informelle, de journée chaude lorsque la température maximale de la journée dépasse les 30 °C. Dans la région intérieure de la Colombie‑Britannique, les températures des journées chaudes ont été bien au‑dessus des moyennes historiques. À Kamloops, on a enregistré 62 journées chaudes en 2023, comparativement à une moyenne historique de 33. Et à Lytton, qui en 2021 a établi un nouveau record pour la journée la plus chaude jamais enregistrée au Canada, la température a dépassé les 30 °C 71 jours, soit 38 jours de plus que la moyenne. Les températures les plus chaudes du Canada en 2023 se sont produites au cours d’une longue vague de chaleur torride survenue à la mi-août, pendant laquelle les températures quotidiennes maximales ont dépassé les 40 °C dans cinq endroits. Lytton a été le point le plus chaud au Canada en 2023, la température ayant atteint 42,2 °C le 15 août.

La température a grimpé au-dessus de 37 °C dans les Territoires du Nord‑Ouest au début de juillet. À Fort Good Hope, au Nunavut, une température record de 37,4 °C a été atteinte le 8 juillet, plus de deux degrés au‑dessus du record précédent. À proximité du cercle polaire arctique, dans la petite ville de Norman Wells, la température a atteint 37,9 °C également le 8 juillet. Il ne fait aucun doute que c’est l’endroit le plus au nord du Canada où une température de 37 °C ou plus a été mesurée d’après le registre du climat canadien, tout juste en dessous de 0,1 °C de la température la plus élevée jamais observée dans une région aussi nordique à l’échelle de la planète. Au Yukon, un record de température quotidienne maximale a été établi à Carmacks le 7 juillet, la température ayant atteint 35,5 °C, la troisième température diurne la plus élevée jamais enregistrée dans ce territoire. À Winnipeg, l’hiver a pris fin et l’été a commencé le 1er mai, les mois de mai et de juin les plus chauds jamais enregistrés suivant les mois de mars et d’avril les plus froids jamais enregistrés. Les mois de juillet et d’août plus frais que la normale ont été suivis d’un mois de septembre très chaud, ce qui a donné lieu à un été relativement long et à l’une des plus longues saisons de culture jamais enregistrées.

Dans les Grands Lacs et le Canada atlantique, les températures estivales n’ont pas été très chaudes. Certaines des plus grandes villes de l’est du Canada n’ont pas connu une seule journée chaude entre la deuxième semaine de juillet et la première semaine de septembre. Toronto n’a eu qu’un petit 33 °C cet été. Dès le milieu de l’été, les gens de l’Est avaient fait une croix sur l’été. Mais l’été est revenu, Ottawa ayant enregistré quatre jours au‑dessus de 30 °C en septembre et deux en octobre. Jamais, en 141 années de données météorologiques, Ottawa n’avait connu une température supérieure à 30 °C après le 22 septembre. À Montréal, pendant 58 jours du milieu à la fin de l’été, le thermomètre n’est jamais monté à 30 °C. Ni Montréal ni Toronto n’avaient enregistré une température de 30 °C en septembre au cours des quatre années précédentes. La vague de chaleur survenue en septembre de cette année a remédié à la situation, apportant quatre ou cinq journées chaudes consécutives aux environs de la fête du Travail. Phénomène encore plus spectaculaire, les canicules « estivales » qui ont sévi au début d’octobre pendant lesquelles la température a dépassé les 30 °C au moins deux jours. Même après l’arrivée de la neige et du froid dans l’Ouest à la fin du mois d’octobre, les températures élevées continuaient de fracasser des records dans certaines parties de l’Est.

4. Déluge mortel en Nouvelle‑écosse

Une rue endommagée par les inondations de l’été à Belmont en Nouvelle-Écosse.
Crédit photo : Lexie Barkhouse

Après un printemps au cours duquel on a enregistré des records de sécheresse et plusieurs jours au‑dessus de 30 °C à la fin de mai, des feux de forêt dévastateurs se propageant rapidement ont brûlé dans certaines parties de l’ouest de la Nouvelle‑écosse et en banlieue d’Halifax. Alors que les feux brûlaient au début de juin, des pluies incessantes ont commencé à les éteindre et à réduire la menace des feux de forêt au fur et à mesure que le mois avançait. À la fin de juin, 214 mm de pluie étaient tombés à Halifax, soit près de 2,25 fois le total mensuel moyen. Le mois de juillet a également été pluvieux avec 187 mm de précipitations, soit près du double de la normale. Toutefois, en juillet, la quasi‑totalité de la pluie est tombée en moins de deux jours, les 21 et 22 juillet, alors qu’un creux barométrique se déplaçait lentement dans les Maritimes. Un important panache d’air humide tropical a également circulé dans la région provenant du sud et a survolé des eaux parmi les plus chaudes jamais observées dans l’Atlantique Nord, les eaux de surface étant de deux à quatre degrés plus chaudes que d’habitude. Un système de haute pression à l’est a permis à des cellules orageuses encastrées de puiser dans l’air tropical, générant efficacement d’abondantes quantités d’eau. Des pluies torrentielles ont commencé dans l’après‑midi du 21 juillet et, à la fin du jour suivant, entre 200 et 250 mm de pluie étaient tombés sur la côte sud‑ouest de la province, dans certaines parties d’Halifax et dans les parties centrale et ouest de la province. L’équivalent des précipitations estivales totales est tombé en une seule journée – c’est l’épisode pluvieux le plus important dans la région d’Halifax depuis l’ouragan Beth le 16 août 1971. Comme le temps avait été pluvieux pendant la plus grande partie des six semaines précédentes, le sol était déjà saturé et n’était guère en mesure d’absorber davantage d’eau de pluie. La régularité des orages avait de quoi faire peur. À l’Aéroport international d’Halifax, des pluies torrentielles ont commencé juste avant 16 h le 21 juillet, après plusieurs heures de brouillard. Au cours des 28 heures suivantes, la pluie est tombée de façon continue pendant 10 heures sous la forme d’un convoi d’orages. Un orage n’attendait pas l’autre. La pluie a finalement cessé à 16 h le 22 juillet. Les précipitations torrentielles – 100 mm de pluie en une heure et 173 mm en six heures à Bedford – ont établi un nouveau record national et dérogeaient à la période de récurrence de 100 ans pour ce type de précipitations.

Les régions de Bedford‑Sackville, de Hammonds Plains et de la vallée de l’Annapolis ont connu les pluies les plus abondantes depuis plus d’un demi‑siècle. La tragédie est survenue alors que des familles quittaient leurs maisons; quatre personnes sont mortes, dont deux jeunes enfants. Les dégâts et la peine que les gens ont ressentie par la suite sont impossibles à décrire. Des rivières se sont formées là où il y avait des routes, et jusqu’à 50 routes sont restées impraticables et 50 autres ont été emportées. Au moins sept ponts ont dû être remplacés ou reconstruits et 19 autres réparés. Environ 1 000 personnes ont dû quitter leur domicile pendant la nuit. Nova Scotia Power a dû faire face à des pannes dans les régions d’Halifax et de Liverpool causées par des éclairs ininterrompus, privant 80 000 foyers et entreprises de la province d’électricité.

La Nouvelle‑écosse a connu le plus grand nombre d’éclairs jamais enregistré pour un mois de juillet dans la province depuis plus de 22 ans, et la quasi‑totalité de ces éclairs se sont produits pendant l’orage du 21 juillet : 26 194 coups de foudre en juillet, dont 23 008 les 21 et 22 juillet. Le 21 juillet, l’état d’urgence a été déclaré dans toute la province, et il a été prolongé pendant deux semaines et demie. C’est dans cette même région que des feux de forêt avaient détruit 150 maisons deux mois plus tôt. Les pertes agricoles ont également été importantes en raison de champs de culture (du foin, du soja et maraîchère) inondés, qui sont restés submergés pendant plusieurs jours, et de portions de routes emportées.

Après les pluies mémorables des 21 et 22 juillet, d’autres orages importants sont survenus en juillet et en août, entraînant d’autres crues soudaines et accumulations d’eau.

Les quantités d’eau des pluies estivales tombées à Halifax (619 mm) ont été deux fois supérieures à la normale. Ailleurs dans la province, à plusieurs stations météorologiques privées, des quantités de pluie variant entre 700 et 900 mm ont été mesurées, dont un impressionnant total de 981 mm à Mahone Bay. Les précipitations estivales totales au Nouveau‑Brunswick ont varié entre 500 et 600 mm, voire plus, soit environ 60 à 80 % au‑dessus de la normale. Les pluies de l’ouragan Lee en septembre et de la tempête tropicale Philippe en octobre sont venues contribuer aux cinq mois les plus humides de l’histoire des Maritimes. 

5. Conditions sèches dans l’Ouest et humides dans l’Est du Canada

Cheptel de vaches paissant dans un pâturage sec à Steveville en Alberta.
Crédit photo : Kyle Brittain

Au début de juin, la majeure partie du Canada était touchée par des conditions anormalement sèches, avec de grandes régions de l’Ouest dans un état de sécheresse modérée à extrême, les précipitations s’étant faites rares dans la région pendant les cinq premiers mois de 2023. La sécheresse s’étendait d’un océan à l’autre, touchant toutes les provinces et tous les territoires. Même les agriculteurs de l’Est du Canada s’inquiétaient de la sécheresse printanière alarmante et des températures maximales qui ont dépassé les 30 °C à la mi‑avril – jamais il n’avait fait aussi chaud si tôt dans l’année. Les producteurs de pommes de terre de l’Île-du-Prince-édouard ont appliqué plus d’eau d’irrigation en mai qu’au cours d’un mois de juillet moyen. À Lethbridge (Alberta) et à Winnipeg (Manitoba), la quantité de précipitations de février à mai a été parmi les plus faibles jamais enregistrées depuis plus de 100 ans. De même, dans la région de la Côte‑Nord au Québec, la plus faible quantité de précipitations (150 à 200 mm) depuis plus de 100 ans a été enregistrée.

Conditions sèches dans l’Ouest

Dans l’ouest et le nord‑ouest du Canada, une grande zone de haute pression (anticyclone) persistante, stationnaire au‑dessus de la Colombie‑Britannique et de l’Alberta, a tenu les pluies à l’écart et gardé les températures élevées de jusqu’à 10 degrés au‑dessus de la normale durant une grande partie de l’année. Ce blocage massif a empêché l’afflux d’air nordique plus frais ou d’air humide du Pacifique. L’absence de manteau neigeux en altitude a également contribué à la sécheresse. Dans certains bassins fluviaux, les eaux alimentées par les glaciers étaient à leur plus bas niveau depuis un siècle. De plus, la neige a fondu environ six semaines plus tôt que d’habitude. Cela signifie que les cours d’eau traversant certaines parties des Prairies ont atteint leur niveau maximum plus tôt, diminuant la quantité d’eau disponible pour l’irrigation, la lutte contre les feux de forêt, l’approvisionnement en eau domestique et la production d’électricité. En Alberta, le débit de la rivière Bow a été le plus faible depuis 1911. Le temps sec et chaud qui s’est prolongé pendant l’été a réduit davantage le niveau de la nappe phréatique, de sorte que les débits des rivières en juillet ressemblaient davantage à ceux de septembre ou d’octobre.

En Colombie-Britannique, les précipitations totales pour les 10 mois d’hiver, de printemps et d’été ont été invariablement inférieures à la moitié de la normale. Penticton et Vernon ont connu leur été le plus sec depuis que l’on tient des registres. Penticton a reçu seulement 8 mm de pluie comparativement à la normale de 105 mm, et Vernon, seulement 22 mm au lieu de la normale de 122 mm. Et à Kelowna, on a connu le deuxième été le plus sec jamais enregistré, avec seulement 20 mm de pluie, alors que la normale est de 110 mm. La sécheresse record qui a sévi dans toute la province a été l’une des principales causes de la pire saison de feux de forêt en Colombie‑Britannique. À la mi-août, plus de 80 % de la province avait atteint des niveaux de sécheresse élevés à extrêmes – les deux classements de sécheresse les plus élevés et les plus graves possibles. Le temps a également été sec dans le sud des Prairies et dans la région de la rivière de la Paix/de Grand Prairie en Alberta. Les Territoires du Nord‑Ouest ont également connu une sécheresse exceptionnelle qui s’est étendue dans l’ouest du Nunavut.

Dans tout l’Ouest, la sécheresse persistante a incité plusieurs collectivités à déclarer l’état d’urgence local et à imposer des restrictions strictes sur l’eau. Des millions de résidents et de clients commerciaux ont été invités à économiser la précieuse eau potable, et même les agriculteurs se sont fait conseiller d’utiliser l’eau avec parcimonie, car certains réservoirs d’eau étaient presque vides. Certains éleveurs n’ont eu d’autre choix que de vendre leur bétail prématurément. À certains endroits, comme McBride, en Colombie‑Britannique, les restrictions sur l’eau ont été en vigueur pendant six mois, voire plus longtemps. Les conditions météorologiques ont mis à rude épreuve le secteur de la production d’électricité de la province, dont la production a été la plus faible en 15 ans. La hausse de la température et l’appauvrissement en oxygène résultant des faibles niveaux d’eau ont compromis la survie des poissons et entraîné une mortalité massive de la truite arc‑en‑ciel anadrome et des saumons. En Alberta, les autorités du District d’irrigation de la rivière St. Mary ont déclaré qu’il s’agissait de l’une des six années les plus sèches des 99 dernières années. Le long du fleuve Mackenzie, dans les Territoires du Nord‑Ouest, les entreprises de transport ont dû transporter par camion – plutôt que par barges – des marchandises et des produits de base à des coûts beaucoup plus élevés.

Le 1er juin, deux orages accompagnés de pluies intenses ont déversé plus de 40 mm d’eau à Regina. Les crues soudaines ont inondé les sous‑sols, et des voitures se sont retrouvées coincées dans les eaux de crue. Les passages inférieurs ont été inondés, et les voitures devaient se frayer un passage dans les rues inondées, laissant un sillage dans les eaux montantes. On fait beaucoup de cas des sécheresses et des feux de forêt dans l’Ouest, mais il y a eu une exception : une zone entre Red Deer et Edmonton, qui a été frappée par plusieurs jours de fortes pluies du 17 au 20 juin. Il est tombé entre 70 et 140 mm de pluie et, dans les régions montagneuses telles que Jasper, 20 à 30 cm de neige. Edmonton a fait l’objet d’une véritable anomalie cet été, enregistrant presque 60 % plus de pluie que la normale. Des habitants de la ville d’Edson, qui avaient déjà été contraints de quitter leur maison deux fois à cause de feux de forêt, ont dû le faire de nouveau à cause d’inondations. Le 24 août, de violentes supercellules orageuses ont apporté de la grosse grêle et des pluies torrentielles dans plusieurs collectivités manitobaines, de la région d’Entre‑les‑Lacs jusqu’aux parties nord de Winnipeg. Selkirk a reçu 110 mm en 30 minutes, et Winnipeg, entre 20 et 30 mm. Le temps est resté sec en Colombie‑Britannique jusqu’au 17-19 octobre, lorsqu’une rivière atmosphérique a déversé 100 à 200 mm de pluie sur les régions côtières et centrales de la province.

Conditions humides dans l’Est

L’été a été marqué par du temps humide dans le sud-est du Canada, alors qu’il a été sec dans l’ouest et le nord-ouest du pays. Une série de dépressions stagnantes se sont succédé entre la baie James et les Grands Lacs, jusqu’aux Maritimes, ce qui a favorisé la présence de longs épisodes de pluie et de temps couvert et frais. Les systèmes météorologiques fréquents ont apporté de fortes charges d’humidité en provenance de sources tropicales qui ont occasionné des journées de fortes pluies ou de bruine continue, maintenant les surfaces mouillées. Les dépressions se déplaçaient lentement, stagnaient ou suivaient une trajectoire rétrograde durant des semaines entières. En outre, l’habituel anticyclone des Bermudes et le temps ensoleillé et sec qui lui est associé ont fait défaut. Les Maritimes ont connu leur été le plus pluvieux jamais enregistré, et ont reçu plus du double de la quantité normale de pluie. Parmi les nombreuses stations des Maritimes ayant enregistré des records de pluie estivale, on compte celles de Yarmouth, de Greenwood, de Kentville, de Sydney, de Saint John, de Fredericton et de Charlottetown. Des stations météorologiques privées ont enregistré 843 mm à Liverpool et 981 mm à Mahone Bay, sur la côte sud de la Nouvelle-écosse, et de 500 à plus de 600 mm dans le sud du Nouveau‑Brunswick. Saint John a reçu au total 763 mm de pluie en juin, juillet et août, ce qui est près du triple de la normale de 271 mm. La pluie a été abondante et fréquente. Il a plu 52 jours au cours de l’été, alors que la normale est de 35 jours. Des précipitations de 10 mm ou plus ont été enregistrées pour 24 jours, tandis que la normale est de 11 jours durant l’été. Normalement, on compte 3 épisodes de fortes pluies (plus de 25 mm), mais à Saint John 11 épisodes ont été dénombrés.

Dans les environs du 10 au 12 juillet, des pluies record ont entraîné de fortes crues au Québec, menant à des inondations et à des évacuations depuis le Saguenay jusqu’à Sherbrooke. Plus de 135 mm de pluie en moins de 48 heures ont fait sortir de leur lit certaines rivières, y compris la Saint-François, dont le niveau est passé de deux à six mètres en moins de quatre heures. À la fin du mois de juillet, Sherbrooke avait enregistré des précipitations trois fois plus élevées que la normale mensuelle. Tôt le 12 juillet et jusqu’au lendemain, de violents orages ont traversé le sud de l’Ontario et du Québec, provoquant des crues soudaines et des dommages causés par les vents associés aux tornades. Les précipitations ont totalisé 50 à 80 mm de Sarnia à Orillia et 50 à 90 mm dans la vallée du Saint-Laurent, au Québec, y compris 90 mm de plus à Montréal.

Les 20 et 21 juillet, un autre front froid s’est enfoncé dans un air chaud et humide et a déclenché une série d’orages supercellulaires se déplaçant des environs de Windsor jusqu’au sud du Québec. Le système météorologique comprenait des microrafales, des tornades, des chutes de grêlons de la taille de balles de baseball et des pluies torrentielles soudaines. Les précipitations les plus élevées ont été enregistrées à Joliette, au Québec, qui a reçu 100 à 120 mm, dont la majeure quantité en moins de deux heures. À peine une semaine plus tard, une série d’orages violents a apporté d’autres fortes pluies qui ont entraîné des crues soudaines depuis le sud-ouest de l’Ontario jusqu’à la ville de Québec. Les orages ont causé de nombreuses inondations dans les rues et ont privé 55 000 personnes d’électricité. Le 3 août, le sud de l’Ontario et du Québec a été traversé par d’autres tempêtes, apportant des milliards de gros grêlons, de violentes rafales de plus de 110 km/h et des pluies torrentielles. Le 10 août, 80 à 120 mm de pluie se sont abattus en environ une heure, dont la moitié sur Montréal. Des routes et des passages inférieurs ont été inondés, de même que des entrepôts, des écoles et les niveaux inférieurs de centres commerciaux. À Ottawa, 100 mm de pluie ont été reçus en six heures, transformant les rues en canaux. Pour fuir l’inondation, des automobilistes ont roulé sur les trottoirs ou ont abandonné leur véhicule. Deux semaines plus tard, un flux continu d’orages et de tempêtes a traversé le sud-ouest de l’Ontario les 23 et 24 août, accompagné de précipitations allant jusqu’à 185 mm dans plusieurs endroits. Des routes ont été emportées par les inondations, causant la mort tragique d’un camionneur dans une zone où la chaussée s’est affaissée sur 3 mètres de hauteur. Les précipitations les plus élevées, totalisant plus de 200 mm, ont été enregistrées à l’île Pelée et à Harrow, en Ontario. Une portion de l’humidité provenait des restes de la tempête tropicale Hilary, qui avait cheminé du Mexique jusqu’en Colombie-Britannique puis dans les Prairies. En Ontario et au Québec, certaines des pires tempêtes de l’été ont engendré des frais d’assurance pour dommages aux propriétés totalisant plus de trois quarts de milliards de dollars.

6. L’ouragan Lee, sans se mesurer à Fiona, a été plus qu’une journée venteuse

Un homme vêtu d’un imperméable jaune regarde Indian Harbour en Nouvelle-Écosse au tout début de l’ouragan Lee.
Crédit photo : Doug Mercer

Au début du printemps, les prévisionnistes s’attendaient à un nombre de tempêtes tropicales dans la moyenne ou inférieur à la moyenne pour le bassin de l’océan Atlantique en 2023, ce qui devait marquer un changement après six saisons actives. Un épisode El Niño s’étant installé et renforci dans l’océan Pacifique tropical, il était probable que le fort cisaillement du vent dans l’atmosphère empêche le développement et la croissance des tempêtes tropicales dans l’Atlantique, en les morcelant. Toutefois, au début du mois d’août, les prévisionnistes ont révisé leurs projections à la hausse, les portant à 21 tempêtes nommées. El Niño demeurait présent, et avait même gagné en force, mais les températures élevées record des eaux des mers tropicales ont potentiellement fait contrepoids à son effet de cisaillement.

Vers la mi-août, la saison des ouragans dans l’Atlantique a démarré après plusieurs semaines d’activité tropicale nulle ou très faible. Franklin, première tempête tropicale d’importance de la saison, est demeurée au large et est passée au sud du Canada atlantique à la fin d’août. À St. John’s, à Terre-Neuve-et-Labrador, environ 36 mm de pluie sont tombés en 19 heures les 30 et 31 août, accompagnés de rafales atteignant 76 km/h. Le 23 septembre, Ophelia a été la 15e tempête de la saison. Seulement six tempêtes ont atteint la force d’un ouragan, dont trois ont été des ouragans violents (Franklin, Idalia et Lee).

Dans le Pacifique, la tempête tropicale Hilary a été plutôt singulière. Elle s’est formée au-dessus de l’état de la Basse-Californie, au Mexique, sur lequel elle a déversé 330 mm de pluie en 24 heures, un record pour l’état, avant de remonter le chaud golfe de Californie et d’apporter des précipitations record sur le sud de la Californie, l’Arizona et le Nevada. Après avoir bien mouillé le désert dans le sud-ouest, la tempête s’est dirigée vers le nord, apportant des pluies fort attendues dans la portion est de la Colombie-Britannique, dans les Kootenays et dans la vallée du Columbia le 20 août. Elle a toutefois évité la vallée de l’Okanagan, alors desséchée et affectée par les incendies. Les restes d’Hilary ont traversé la Saskatchewan et le Manitoba le 22 août. Deux jours plus tard, ce qui restait d’Hilary s’est fusionné avec une autre tempête au-dessus du sud de l’Ontario. Plusieurs averses ont apporté l’équivalent de deux mois de pluie en deux jours, soit plus de 200 mm, aux communautés de la région, causant l’inondation de routes, de sous-sols et de garages et des refoulements d’égouts. De grands axes routiers ont été fermés durant jusqu’à 12 heures à cause de l’eau. Près de Glencoe, une personne a perdu la vie après que son camion de transport soit tombé dans une portion de route affaissée.

Au début de septembre, une autre perturbation météorologique provenant de la côte ouest africaine a fait son apparition. Un cyclone tropical s’est formé dans les jours suivants et a rapidement gagné en intensité, devenant un puissant ouragan dans la zone tropicale centrale de l’Atlantique. La tempête Lee est passée d’un ouragan de la catégorie 1 à la catégorie 5 en moins de 24 heures avec des vents de 269 km/h. Elle s’est classée au troisième rang en ce qui concerne la rapidité de l’intensification d’une tempête et parmi les 40 tempêtes les plus puissantes enregistrées dans le bassin de l’Atlantique. Aussi rapidement qu’elle avait gagné en puissance, Lee a été rétrogradée en catégorie 3, demeurant tout de même un ouragan majeur. L’ouragan Lee est passé au nord de la mer des Caraïbes le 11 septembre et a commencé à progresser vers le Gulf Stream. Il est demeuré au-dessus de l’océan, puis le 14 septembre s’est dirigé vers le nord, droit sur la Nouvelle-Angleterre et les provinces canadiennes des Maritimes. Lee a perdu de sa force en survolant les eaux froides du Nord, dont une portion était violemment brassée par les tempêtes Franklin et Idalia, a élargi son champ de vent et est devenu un cyclone post-tropical. À un certain moment, Lee comportait des vents de force ouragan sur 145 km ainsi que des vents de tempête tropicale sur 500 km. Peu de résidents des Maritimes ont été épargnés par les effets de la violence de Lee lorsque celui-ci a touché terre au cours du week-end. Même s’il était en déclin, Lee a apporté des vents pouvant déraciner des arbres, des pluies diluviennes et de hautes vagues dans certaines parties de la côte de la Nouvelle-Angleterre et dans le sud-ouest de la Nouvelle-écosse et la baie de Fundy du 15 au 17 septembre, près d’un an après que l’ouragan Fiona se soit déchaîné sur les Maritimes, le Québec et Terre-Neuve. Lee a été comparé à Fiona, mais n’a finalement pas atteint la même intensité ni la même ampleur.

Lee est devenu une tempête post-tropicale vers 6 h le dimanche 16 septembre, mais comptait toujours des vents de force catégorie 1. Lee a initialement touché terre à la péninsule de Digby, à l’île Long, en Nouvelle-écosse, dans la fin de l’après-midi, puis a traversé la baie de Fundy pour atteindre le Nouveau‑Brunswick et l’Île-du-Prince-édouard. Les vents soufflaient à plus de 100 km/h au moment où Lee a touché terre dans l’ouest et le nord-est de la Nouvelle-écosse, mais des pointes de vent atteignant 117 km/h ont été enregistrées à l’aéroport international d’Halifax. Les vagues atteignaient 5 à 7 mètres, et la vague la plus haute, mesurant 16 mètres, a été observée à la bouée du port d’Halifax. Des pluies de 50 à 150 mm ont été enregistrées au cours de la tempête. La journée précédant l’arrivée de Lee, alors tempête post-tropicale, les citoyens inquiets se sont mis à dévaliser les tablettes des magasins, se rappelant les répercussions de l’ouragan Fiona. Les résidents ont fait des réserves de propane, d’eau embouteillée, d’aliments en conserve, de piles, de lampes de poche et de « croustilles de tempête ». Les plaisanciers ont sorti leurs navires de l’eau et ont arrimé leur équipement le long de la côte. De nombreux vols et services de traversier ont été annulés. Au plus fort de la tempête, 350 000 clients étaient privés d’électricité et d’accès à l’Internet. Dans les Maritimes, le sol déjà gorgé d’eau après un été de pluies torrentielles record suscitait des préoccupations. À cause de la présence de feuilles dans les arbres, les vents de Lee ont pu plus facilement faire tomber des arbres et des lignes électriques. L’onde de tempête a propulsé de grandes vagues et des roches sur la côte, détruisant des plages et des parcs et effaçant des sentiers. Certaines plages et certains parcs, notamment le parc provincial Rissers Beach en Nouvelle-écosse, ont été complètement ravagés; les routes côtières ont été rendues impraticables, des ponts ont été fermés, des arbres sont tombés, des sous-sols ont été inondés, les panneaux de signalisation ont été éparpillés et les feux de circulation ont été partiellement arrachés.

Trois semaines plus tard, le samedi de la fin de semaine de l’Action de grâce, la tempête tropicale Philippe est passée non loin de l’endroit où Lee avait touché terre dans les Maritimes. D’une puissance moindre que Lee, Philippe s’est elle aussi transformée en tempête post-tropicale après avoir fusionné avec un système non tropical et a déversé 50 à 80 mm de pluie et soufflé des vents de 70 à 90 km/h dans les Maritimes et certaines portions de l’est du Québec, mais a toutefois épargné Terre-Neuve-et-Labrador. Les vagues ont atteint plus de 5 mètres dans le sud de la Nouvelle-écosse, mais n’ont pas été problématiques dans la baie de Fundy.

7. Tempête de verglas dans le couloir Montréal-Ottawa

Une rue résidentielle d’Ottawa est couverte de neige et de glace à la suite de la tempête de verglas du mois d’avril.
Crédit photo : Brittaney Pilon

Le 5 avril 2023, avant la fin de semaine de Pâques, une puissante tempête de fin de saison a fait son arrivée dans la région des Grands Lacs et du Saint-Laurent, apportant de la pluie verglaçante généralisée, du grésil, de la grêle et de fortes pluies. Avant la tempête, un front froid est venu se glisser sous l’air chaud dans lequel baignait alors la région et déstabiliser l’atmosphère. Les conditions instables ont mené à l’émission de veilles de tornades dans le sud-ouest de l’Ontario et d’avertissements de fortes pluies dans l’ensemble de la province. Les vents persistants dans les vallées peu profondes de la rivière des Outaouais et du fleuve Saint-Laurent ont maintenu les températures en surface juste au-dessous du point de congélation durant la majeure partie de la journée. Cette combinaison de mauvaises conditions a occasionné plusieurs heures de pluie verglaçante et de pluie ainsi que quelques « orages de neige » de début de saison. Le bruit combiné du tonnerre et des billes de glace percutant les surfaces a suscité toute une frénésie dans l’est de l’Ontario et le sud du Québec. Le mauvais temps a ensuite apporté de la pluie verglaçante durant jusqu’à 12 heures continues à Montréal et neuf heures à Ottawa. L’accumulation de glace a atteint 30 à 37 mm à Montréal, 25 à 30 mm à Ottawa-Gatineau et 15 à 25 mm dans le centre du Québec. Les rafales de 60 à 70 km/h accompagnant le phénomène durant deux jours ont infligé un énorme stress sur les lignes de services publics et les arbres recouverts de glace.

Dans certains endroits, de fortes pluies se sont abattues sur le sol encore gelé, causant des inondations localisées qui ont transformé des cours et des champs en marécages et ont rempli des sous-sols. L’accumulation de glace sur les arbres et les lignes de services publics a causé d’importants dommages, notamment la perte de 300 arbres à Montréal. Les pannes d’électricité ont touché plus d’un million de clients au Québec, dont un demi-million à Montréal, et 200 000 clients en Ontario. Des milliers de personnes manquaient toujours de courant deux jours plus tard. De nombreux accidents de véhicules ont été dénombrés, et la circulation a été ralentie ou interrompue sur plusieurs routes. De plus, les trottoirs ont été recouverts d’une dangereuse couche de glace. Le service de train léger d’Ottawa est tombé en panne, forçant des dizaines d’utilisateurs à attendre des heures avant de pouvoir être évacués. Les rues et les propriétés étaient jonchées de branches tombées, qui ont endommagé des voitures et brisé des pare-brise. Malheureusement, cette tempête de verglas a fait deux morts au Québec. Le lendemain, avec la hausse des températures, on pouvait voir et entendre partout la glace tombant des arbres, des lignes électriques et des balcons. De nombreuses entreprises ont été fermées, ainsi que des cliniques et des écoles, mais les bibliothèques sont demeurées ouvertes pour servir de stations de recharge en électricité. Les pertes matérielles associées aux inondations, aux vents et à la glace ont dépassé les 335 millions de dollars de Sarnia, en Ontario, à Saguenay au Québec.

8. Vagues de froid dans une année chaude

Une porte d’entrée s’ouvre sur près de 60cm de neige après une tempête hivernale à Chippawa en Ontario.
Crédit photo : Lauren Eldridge

La veille de Noël en 2022 ainsi qu’au cours de la période entre Noël et le jour de l’An, le Canada s’est retrouvé aux prises avec de l’air froid, de dangereuses conditions de refroidissement éolien et divers types de précipitation, notamment de fortes pluies, de la pluie verglaçante, du grésil et de fortes chutes de neige. Les déplacements étaient périlleux et plusieurs vols et trains ont été annulés ou reportés, au point où des milliers de personnes ont vu leurs projets des fêtes ruinés. De plus, les pannes de courant ont été nombreuses et longues, rendant les célébrations de fin d’année inconfortables et décevantes. Les 30 et 31 décembre, les conditions ont nettement changé, avec l’arrivée de temps doux et sec. La nouvelle année a été marquée par un important redoux en janvier, d’un océan à l’autre. Les températures mensuelles en janvier ont en moyenne été de trois à six degrés au-dessus de la normale, de l’Alberta à Terre-Neuve-et-Labrador. Dans certaines portions de l’Ontario, le mois s’est classé au quatrième rang des mois de janvier les plus chauds en plus de 100 ans de collecte de données.

L'épisode de temps doux de quatre semaines n’a fait que rendre plus brutale l’arrivée du froid à la fin de janvier, nous faisant basculer dans de dangereuses conditions glaciales. Des avertissements de froid extrême ont été émis pour huit provinces et trois territoires, et plusieurs records de froid sont tombés. La vague de froid s’est démarquée par son intensité plutôt que par sa durée et a été l’une des plus marquée des dernières années. Heureusement, l’absence de barrière sur le Groenland n’a pas permis un grand retour d’air froid au cours de la deuxième semaine de février. Auparavant, à la mi-janvier, le vortex polaire stratosphérique avait fait du surplace au-dessus du Nunavut et de la portion nord de la baie d’Hudson. Le 14 janvier, l’importante dépression polaire a entraîné un froid record de -62,4 °C à Tongulakh, en Sibérie, et cette journée a été la plus froide enregistrée en Russie au cours des 20 dernières années. Un courant-jet circulaire et stationnaire a maintenu le vortex polaire solidement arrimé au-dessus du pôle Nord. Deux semaines plus tard, un courant-jet amplifié a délogé le bassin d’air froid, qui a perdu sa stabilité. Un lobe du vortex polaire a fini par avancer vers le sud, atteignant l’ouest du Canada. En janvier, dans la majeure partie de la Colombie-Britannique, les températures ont été en moyenne de 5 à 15 degrés en dessous de la normale. Le courant-jet chancelant a finalement apporté le temps froid dans le sud-est du Canada, où il a fait chuter les températures à 20 degrés sous la normale. Ce temps très froid était accompagné de vents violents, entraînant un refroidissement éolien allant jusqu’à -55 °C. Au sud de la frontière, au mont Washington, dans le New Hampshire, ce même système de temps froid et venteux a porté le refroidissement éolien à -77 °C, un record.

Dans l’est du Canada, la première semaine de février a été la plus froide de tout l’hiver, avec un refroidissement éolien causant un froid pénétrant. Le 4 février 2023, -28,9 °C ont été enregistrés à Fredericton; à Saint John, la température a plongé à -29 °C et à -47 °C avec le refroidissement éolien, un record de froid; à Ottawa, il faisait -33,1 °C au matin. Ces températures basses dangereuses ont accru les risques d’engelures et d’hypothermie à travers le pays. Les services publics d’électricité peinaient à satisfaire à la demande de courant et une consommation record a été observée. Au plus fort des pannes, plus de 34 000 résidents des Maritimes ont été privés de courant. Des conduites de gaz et d’eau ont gelé et ont éclaté, entraînant des inondations et des bris d’infrastructure dans des résidences ainsi que dans des structures commerciales et municipales. Les assureurs du secteur privé de l’Est canadien ont indiqué avoir subi des pertes de près de 152 millions de dollars. Ce froid a également eu des effets sur les déplacements, des vols ayant été annulés et les transports en commun ayant subi des retards. Les services d’assistance routière comptaient plusieurs heures d’attente. Des milliers de personnes se sont amassées dans des refuges et des banques alimentaires. Même les stations de ski ont connu une baisse de leur achalandage de fin de semaine et ont réduit leurs heures d’ouverture parce qu’il faisait simplement trop froid pour skier. Le froid a finalement permis l’épaississement de la glace sur le canal Rideau, à Ottawa, mais pas suffisamment pour créer des conditions sécuritaires pour le patinage en vue du Bal de Neige; pour la première fois en 53 ans, il a été impossible de patiner sur le canal en 2023.

D’autres avertissements de froid ont été émis au cours de la dernière semaine de février, particulièrement dans l’Ouest. Le 22 février, des avertissements de froid extrême ont été émis en Alberta, la température ressentie atteignant -40 °C avec le refroidissement éolien. Des épisodes de précipitations inopportunes sont venus s’ajouter au froid; 30 cm de neige sont tombés à Calgary, causant de multiples accidents. Dans certaines portions des Prairies, le froid a persisté jusque tard en mars. Excédés par l’hiver, les résidents de Winnipeg ont vu un record qui tenait depuis 1899 être battu; en effet les températures n’ont pas dépassé 0 °C en mars, pour la première fois en 124 ans. Les agriculteurs et les éleveurs ont commencé à connaître des difficultés financières, en raison des abris et de la litière supplémentaires qui ont été requis pour garder au chaud et au sec les agneaux ainsi que les veaux et leurs mères. Certains endroits des Prairies ont connu leur période la plus froide de l’hiver au cours des 10 dernières journées de mars. À la fin du mois de février, un système frontal du Pacifique a apporté environ 5 à 15 cm de neige le long de la côte du Pacifique. La pluie froide et verglaçante et l’épaisse couche de neige ont causé un désordre généralisé de véhicules sortis de route, de routes entravées par des arbres et de rues et de trottoirs recouverts de neige fondante. La neige tardive a causé l’annulation de vols et de traversiers, des retards sur le réseau routier et des fermetures d’écoles. De la neige est encore tombée à Vancouver le 2 avril, et la ville a ainsi reçu de la neige six mois d’affilée, de novembre à avril, pour la première fois en 100 ans de données.

9. Inondations : un mois de juillet record au Québec

Un parc est submergé par les inondations à Saint-Jean-sur-Richelieu, Québec

Plusieurs systèmes météorologiques importants chargés d’humidité d’origine tropicale ont propagé des pluies fréquentes, intenses et diluviennes sur le centre et le sud du Québec au cours du mois de juillet. Des systèmes orageux lents et lourds ont été piégés entre des zones de haute pression intense sur le Groenland et l’ouest du Canada, produisant à répétition des épisodes de pluie, souvent accompagnés d’orages, sur l’ensemble de la province, ce qui a conduit à l’un des mois de juillet les plus humides jamais enregistrés. À la fin du mois, les villes de Montréal et de Québec avaient reçu plus de 200 mm de pluie, soit plus du double de leur quantité mensuelle normale. Sherbrooke a été la ville la plus pluvieuse avec 311 mm en 21 jours, dont six jours avec plus de 28 mm de pluie par jour, ce qui a donné un total mensuel de 2,5 fois supérieur à la normale. En plus des orages d’été, il y a eu des tornades occasionnelles et des rafales descendantes.

Le premier événement de pluie important s’est produit le 1er juillet lorsque des orages violents ont déversé des pluies torrentielles sur la région de Rivière-Éternité, au Saguenay-Lac Saint-Jean. Les crues soudaines qui en ont résulté ont provoqué l’effondrement de routes, causant la mort de deux personnes. La plupart des dégâts causés par la pluie et les tempêtes se sont produits au cours de la deuxième semaine de juillet. Les 10 et 11 juillet, une tempête se déplaçant lentement depuis la côte américaine a déversé d’énormes quantités de pluie sur une zone allant de Montréal au Saguenay, en passant par Sherbrooke et Québec. Il est difficile d’imaginer qu’une ville puisse recevoir autant de pluie que ces villes québécoises, alors que près de 80 mm sont tombés en deux heures le 10 juillet; les répercussions de ces pluies étant plus graves en raison des pluies abondantes de 40 mm ou plus des jours précédents, qui se sont ensuivies de 125 mm de pluie supplémentaire lors des jours suivants. Près de Québec, la ville de Sainte-Brigitte-de-Laval a déclaré l’état d’urgence lorsque plus de 300 personnes ont dû évacuer leur domicile. D’autres personnes ont été menacées d’évacuation lorsque la rivière Saint-François, qui traverse la ville de Sherbrooke, est montée de six mètres en quatre heures. Sherbrooke n’avait jamais vu la rivière Saint-François aussi gonflée en plein été. Les pluies diluviennes ont entraîné la fermeture de plusieurs autoroutes et rues de la province. Dans le centre-ville de Montréal, la montée des eaux a causé l’inondation de stationnements souterrains et de sous-sols, inondé des intersections, emporté des ponceaux et détruit des infrastructures clés.

Les pluies intenses et les fortes rafales atteignant 111 km/h ont retardé des dizaines de vols en partance de l’aéroport international Trudeau de Montréal. L’été a été marqué par des pannes d’électricité généralisées dans toute la province en raison des feux de forêt dans le nord et des inondations dans le sud. Hydro-Québec a signalé que 500 000 clients étaient privés d’électricité au plus fort de la tempête. Quelques jours plus tard, de nouvelles séries de tempêtes ont ajouté de l’eau aux sols gorgés d’eau, aux rivières déjà gonflées et aux égouts municipaux surchargés. En dehors des villes, les fortes pluies torrentielles ont saturé les champs agricoles et provoqué l’érosion, l’affaissement du sol et des glissements de terrain mineurs. Ce scénario diluvien s’est répété les 20 et 21 juillet et une semaine plus tard, les 28 et 29 juillet, tandis que des tempêtes se formaient encore et encore entre Montréal et Québec. Les 20 et 21 juillet, des inondations dans le sud du Québec ont occasionné de nombreuses fermetures de routes entre Gatineau et l’Estrie. Joliette a reçu de 100 à 120 mm de pluie (dont 90 mm en moins de deux heures).

à la fin du mois, plusieurs municipalités importantes du Québec avaient connu leur mois de juillet le plus humide jamais enregistré. À Montréal, il s’agissait du mois de juillet le plus humide mesuré à l’aéroport depuis 1941. À Québec, il s’agit d’une quantité de pluie record en 150 ans et la situation était similaire à Sherbrooke également. Les coûts (pertes) en matière d’assurance liés aux biens personnels et commerciaux occasionnés par les cinq tempêtes principales de juillet ont totalisé 330 millions de dollars.

10. Tornade de la fête du Canada en Alberta

Un homme se tient à côté d’un Jeep orange et regarde la tornade de la Fête du Canada à Didsbury en Alberta.
Crédit photo : Ricky Forbes

Lors des derniers jours de juin et au début du mois de juillet, l’ouest des Prairies a connu des journées avec des températures élevées, une forte humidité et du temps instable. Des avertissements de chaleur et de tempête étaient en vigueur pour une grande partie de l’Alberta. Le 29 juin, Calgary a reçu de fortes pluies produites par un orage violent, ce qui a entraîné des crues soudaines. Le 1er juillet, les conditions atmosphériques ont commencé à devenir instables le long des contreforts des Rocheuses. Vers midi, un orage violent près de Sundrie s’est intensifié pour devenir une supercellule orageuse. Peu avant 14 heures, une tornade produite par cette supercellule s’est mise à tournoyer sur des terres agricoles à environ 70 km au nord de Calgary. La tornade était accompagnée de pluie et de grêlons de la taille d’une balle de golf ou d’une balle de tennis, ainsi que de vents violents dépassant les 100 km/h. La tornade a parcouru de 15 à 20 km sur des terres agricoles et a atteint par endroits jusqu’à 670 mètres de large. La vitesse des vents a été estimée à 275 km/h entre Didsbury et Carstairs. D’après les dégâts observés, la tornade a été classée EF4 sur l’échelle Fujita améliorée.

Le champ de débris était incroyable, avec des arbres renversés et écorcés, des lignes électriques abattues et des bâtiments détruits. Le vent a poussé et fait rouler des équipements agricoles lourds – telle qu’une moissonneuse-batteuse de 10 000 kg - comme s’il s’agissait de jouets, et des arbres ont été cassés comme de simples allumettes. La tornade a endommagé une douzaine de maisons. Aucun blessé grave ni décès n’a été rapporté, mais quarante (40) animaux de ferme ont péri dans la tempête. En traversant l’Alberta et la Saskatchewan, les violentes tempêtes ont continué à arracher des arbres et des rangées de clôtures, et à sectionner des conduites de gaz. Des débris ont atterri sur des véhicules et des roulottes, alourdissant le bilan des pertes matérielles assurées, qui s’est élevé à 100 millions de dollars pour 5 000 demandes d’indemnisation. Nipawin, Hafford, Tisdale, Tobin Lake et Carrot River comptent parmi les collectivités de la Saskatchewan qui ont subi des pertes importantes. Vingt mille clients de SaskPower ont été privés d’électricité.

L’été a été riche en tornades à Ottawa, avec cinq tornades. L’une d’entre elles, classée EF1, a frappé Barrhaven, à 20 km au sud du centre-ville d’Ottawa, le 13 juillet. Un projet de recherche du Northern Tornado Project (NTP) de l’Université Western a indiqué qu’une vingtaine de tornades se sont produites dans la vallée de l’Outaouais au cours des six dernières années. Parmi elles, sept tornades se sont produites le 21 septembre 2018, notamment une EF3 qui a touché la région de Dunrobin avec des vents atteignant 265 km/h.

La tornade de la fête du Canada en Alberta a été la pire tornade à l’échelle nationale en 2023. De plus, elle a été l’une des vingt (20) tornades les plus puissantes de l’histoire du Canada à être classée comme violente ou catastrophique (cote EF de 4 ou plus). C’est l’une des trois seules tornades de catégorie F4 de l’Alberta et la plus intense depuis la tornade de catégorie F4 qui a frappé Edmonton il y a 35 ans. La seule tornade F5 documentée dans le pays s’est produite à Elie, au Manitoba, en juin 2007. Environ 82 tornades se sont produites en 2023. L’Ontario arrive en tête avec 39 tornades, tandis que 16 se sont produites en Alberta. Alors que la Saskatchewan enregistre habituellement 14 tornades en moyenne par an (avec des sommets de 25 en 2022 et de 33 en 2012), une seule tornade a été signalée dans la province cette année.

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