Bulletin trimestriel des impacts liés au climat et aperçu saisonnier pour la région des Grands Lacs : juin 2014
juin 2014
PDF (1.07 mo)
Événements météorologiques majeurs - région des Grands Lacs de mars à mai 2014
Suite à un hiver exceptionnellement froid dans le bassin des Grands Lacs, le printemps 2014 a aussi été plus froid que la normale, et a été le cinquième printemps le plus froid depuis 1948. La couverture de glace sur les Grands Lacs a atteint une superficie de 92,5 % le 4 mars, ce qui en fait la deuxième plus grande superficie de glace depuis le début de la tenue des registres en 1973.
Des précipitations au-dessus des normales sur le bassin des Grands Lacs au printemps ont entraîné des niveaux d’eau supérieurs à la moyenne pour chacun des Lacs. Après plus d’une décennie de faibles niveaux d’eau, le lac Supérieur a atteint son plus haut niveau depuis 1997. En ce qui concerne les lacs Michigan et Huron, bien que leur niveau soit encore inférieur à la moyenne, ils ont commencé le mois de juin avec leur niveau le plus élevé depuis 2009 pour ce temps de l’année.
Plusieurs villes autour des Grands Lacs ont connu des chutes de neige ou des froids records cet hiver et ce printemps. Les villes de Détroit, au Michigan, et de Windsor, en Ontario, ont respectivement reçu 241 cm (94,9 po) et 248,8 cm (98 po) de neige. Ce qui est un nouveau record à Détroit, le dernier de 1880-1881 et la troisième plus importante quantité à Windsor. En mars, de nombreuses villes de l’Ontario, dont Sault Ste. Marie, Kitchener-Waterloo et Ottawa, ont établi un nouveaux record de température moyenne mensuelle la plus froide.
À la mi-avril, d’importantes inondations se sont produites le long de la rivière Moira, dans l’est de l’Ontario, à la suite d’une fonte des neiges importante et de chutes de pluie abondantes (86,5 mm [3,4 po]) entre le 4 et le 15 avril, causant des dommages aux infrastructures et des dommages matériels à Belleville, en Ontario, et dans ses environs. À la mi-mai, une crue subite a affecté la région de Cleveland, en Ohio, après que des orages violents laissèrent près de 100 mm (4 po) de pluie dans certaines régions. Une importante autoroute nationale près de Cleveland a été fermée, et plusieurs personnes ont été coincées dans des maisons et des véhicules.
Vue d’ensemble du climat régional de mars à mai 2014
Couverture de glace sur les Grands Lacs
La couverture de glace maximale sur les Grands Lacs cet hiver et ce printemps a été de 92,5 %, ce qui représente la quatrième couverture la plus élevée depuis 1973 (le record est de 94,7 % en 1979). Tous les lacs, sauf le lac Ontario, ont dépassé 90 %, ce qui ne s’était pas produit depuis 1994. Sur le lac Supérieur, la présence de glaces au-delà du 31 mai (1,9 % le 31 mai) ne s’est vue qu’à trois autres reprises depuis 40 ans.
Figure 1: Couverture de glace des Grands Lacs : Différence par rapport à la moyenne (%) - Du 1er mars au 31 mai 2014
Couverture de glace : Différence par rapport à la moyenne (%)
La moyenne à long terme est établie selon les données recueillies de 1973 à 2013.
Descriptions longues de figure 1
Couverture de glace des Grands Lacs - Différence par rapport à la moyenne en pourcentage, du 1er mars au 31 mai 2014. Carte de la région des Grands Lacs illustrant la différence de la couverture de glace par rapport à la moyenne exprimée en pourcentage. Les nuances de bleu clair et de bleu montrent que la couverture de glace était supérieure de 45 % à 75 % à la moyenne, et que cela s’est produit dans la majeure partie de l’est du lac Supérieur, dans une petite partie de l’est du lac Huron et dans une petite partie de l’est du lac Michigan. Les nuances de vert et de vert foncé montrent que la couverture de glace était supérieure de 15 % à 45 % à la moyenne, et que cela s’est produit au nord et à l’ouest du lac Supérieur, dans la majeure partie du lac Huron et de la baie Georgienne, au centre et à l’est du lac Michigan, dans la majeure partie du lac Érié et à l’est du lac Ontario. Le jaune indique une couverture de glace inférieure de 0 % à 15 % à la moyenne, à l’est du lac Ontario.
Niveaux d'eau des Grands Lacs
Les niveaux d’eau de tous les Grands Lacs dépassaient ceux enregistrés au début du mois de juin de l’année dernière. Les conditions météorologiques pluvieuses et froides ont fait que le lac Supérieur a terminé le trimestre avec un niveau de 14 cm (5,5 po) supérieur à la moyenne à long terme, soit 32 cm (12,6 po) au-dessus du niveau de l’an dernier. Les autres lacs ont tous reçu des apports d’eau supérieurs à la normale en avril et en mai, y compris le lac Ontario qui a établi un nouveau record pour la plus grande hausse de niveau d’eau en avril. Au début de juin, le niveau du lac Michigan-Huron est demeuré 17 cm (6,7 po) en dessous de la moyenne, mais 32 cm (12,6 po) de plus que son niveau à la même période l’an dernier. Le lac Érié a terminé le trimestre à 8 cm (3,1 po) au-dessus de la moyenne, tandis que le lac Ontario était à 13 cm (5,1 po) au-dessus de la moyenne.
Statistiques des niveaux d’eau tirées de la base de données 1918-2013.
Précipitations et chute de neige
Le bassin des Grands Lacs a enregistré 96 % de ses précipitations moyennes au cours de ce trimestre. Cependant, même si le mois de mars a été sec avec 47 % de ses précipitations moyennes, les mois d’avril et de mai ont connu des conditions humides avec 122 % et 110 % respectivement de leurs précipitations moyennes. Chacun des bassins a atteint 90 % de ses précipitations normales, sauf le lac Érié qui a atteint 80 %. Quant aux chutes de neige, elles-ont été supérieures à la normale ce printemps, avec les plus fortes accumulations le long de la rive ouest du lac Supérieur et du lac Érié, et de la rive sud du lac Michigan.
Figure 2: Précipitations : Pourcentage de la normale (%) - Du 1er mars au 31 mai 2014
Précipitations: Pourcentage de la normale (%)
Carte : Les précipitations normales sont de la période 1981 à 2010.
Texte : Les précipitations normales sont celles de la période 1900 à 2010.
Descriptions longues de figure 2
Précipitations - Pourcentage par rapport à la normale (%). Carte des Grands Lacs indiquant la répartition des précipitations pendant les mois d’hiver. Les nuances de vert et de vert foncé représentent des pourcentages de précipitations supérieurs à la moyenne, ceux-ci étant concentrés dans la plupart des zones de la région des Grands Lacs, en particulier dans l’ouest, l’est, le nord et le centre. Les pourcentages de précipitations inférieurs à la moyenne sont indiqués en brun et en beige, et se concentrent dans la partie sud-ouest de la région des Grands Lacs et dans la partie sud de l’Ontario.
Température
Le printemps 2014 a été le cinquième plus froid depuis 1948 dans la région des Grands Lacs, avec une température moyenne de 1 °C à 4 °C (2 °F à 7 °F) sous la normale selon les régions. À l’échelle des mois, mars a été le deuxième plus froid depuis 1948, avec une température de 3 °C à 7 °C (5 °F à 12 °F) sous la normale, avril a été le huitième plus froid et mai a été près de la normale dans l’ensemble avec une température de 2 °C (4 °F) au-dessus de la normale dans la partie est du bassin, et de 2 °C (4 °F) en dessous de la normale dans la partie Ouest. À l’échelle régionale, le printemps a été exceptionnellement froid, mais, dans l’ensemble, le mois de mars a été le quatrième le plus chaud et le mois d’avril était à égalité pour le record le plus chaud.
Les températures normales sont celles de la période 1981 à 2010.
Figure 3: Température : Écart à la normale (°) - Du 1er mars au 31 mai 2014
Température : Écart à la normale (°)
Descriptions longues de figure 3
Température - Écart par rapport à la température normale, du 1er mars au 31 mai 2014. Carte de la région des Grands Lacs montrant en degrés Celsius les écarts par rapport à la température normale. Les zones en bleu et en violet représentent des zones où les températures étaient inférieures de 2 °C à 5 °C (de 3,6 °F à 9 °F) à la moyenne. Ce phénomène a été observé dans l’ensemble de la région des Grands Lacs, avec les températures les plus faibles enregistrées dans l’ouest, le nord-ouest et le centre de la région. Les zones en violet clair et en blanc représentent les régions où la température était proche de la normale (-1 °C [-1,8 °F]), notamment dans la partie est et la partie sud de la région des Grands Lacs et au Québec.
Impacts régionaux de mars à mai 2014
Transport maritime sur les Grands Lacs
L’importante couverture de glace ce printemps a causé des retards dans le début du traffic maritime au Canada et aux États-Unis. Le début du transport commença avec l’ouverture des écluses de Sault-Ste-Marie, le 25 mars, mais certaines compagnies de transport ont dû attendre jusqu’en avril pour permettre à la glace de fondre. Pour accélérer le début des opérations, les gardes côtières américaines et canadiennes ont procédé à du déglaçage des voies de transport. Trois fois plus d’opérations qu’à l’habitude ont été nécessaire afin de permettre le transport maritime sur les Grands Lacs (10 597 heures de déglaçage selon le site nwi.com). Ces opérations ont pris fin le 16 mai, soit trois semaines plus tard que l’an dernier. Des brise-glace ont dû ouvrir la voie pour plusieurs navires qui essayaient d’apporter du sel dans les zones critiques aux fins de déneigement des routes.
Le traffic maritime en avril et en mai a été 35 % et 19 %, respectivement, plus faible qu’en 2012, une année de faible englacement (NOAAPORT).
Industrie
L’aciérie la plus importante des États-Unis, à Gary, en Indiana, a dû cesser temporairement ses activités au début du mois d’avril dû au manque de minerai de fer en raison du transport maritime affecté par la couverture de glace. Selon la Lakes Carriers Association, la couverture de glace cette saison a radicalement ralenti les expéditions de charbon en avril. Les quantités transportées s’élevaient à seulement 995 000 tonnes, ce qui représente une diminution de près de 55 % par rapport à l’année dernière.
Agriculture
Les températures froides de l’hiver et d’une bonne partie du printemps ont retardé la fonte printanière de la neige et les labours printaniers dans la région des Grands Lacs. En Ontario, les activités ont été retardées jusqu’à deux semaines. Mais, à la fin du mois de mai, des températures plus chaudes ont permis de diminuer ce retard. Au Michigan, les champs inondés ont empêché les agriculteurs de semer; tant et aussi bien qu’à la fin de mai, certaines cultures avaient dépassé la fenêtre optimale de plantation, laissant les agriculteurs préoccupés par la maturation des cultures.
Infrastructures
Compte tenu des chutes de neige record dans la région, les municipalités ont dû faire face à des augmentations des coûts du déneigement. À Ann Arbor, au Michigan, le déneigement et les dégâts causés aux infrastructures a coûté 3 millions de dollars de plus (mlive.com).
Des poussées de glaces marines (vents forts qui poussent la glace sur les rivages) ont causé des dommages matériels ce printemps, notamment le long du lac Supérieur au Michigan (Marquette et péninsule de Keweenaw) et le long du lac Winnebago, à Oshkosh, au Wisconsin. De plus, un muret de protection en béton s’est fissuré et s’est effondré sous la force des vagues sur le lac Ontario à la fin du mois d’avril.
Aperçu saisonnier de juillet à septembre 2014
Aperçu - niveaux d’eau des lacs
Les prévisions actuelles pour la période de juillet à septembre montrent que les lacs Supérieur et Érié demeureraient de 5 à 10 cm (2 à 4 po) au-dessus de la moyenne, sauf en cas de conditions extrêmes. Même si les lacs Michigan et Huron sont prévus rester en dessous de la moyenne, un été très pluvieux pourrait ramener leur niveau à la normale. Le lac Ontario, quand à lui, devrait descendre de quelques centimètres en dessous de la moyenne si les conditions d’approvisionnement en eau sont supérieures à la moyenne.
Prévision des niveaux de juillet à septembre 2014 (par rapport à la moyenne à long terme)
Lac | Maximum prévu par rapport à la moyenne à long terme en centimètres |
Minimum prévu par rapport à la moyenne à long terme en centimètres |
Maximum prévu par rapport à la moyenne à long terme en pouces |
Minimum prévu par rapport à la moyenne à long terme en pouces |
Superior | Supérieur de 19 cm | Inférieur de 5 cm | Supérieur de 7.5 po | Inférieur de 2 po |
Huron-Michigan | Supérieur de 2 cm | Inférieur de 24 cm | Supérieur de 0.8 po | Inférieur de 9.4 po |
Erie | Supérieur de 21 cm | Inférieur de 12 cm | Supérieur de 8.3 po | Inférieur de 4.7 po |
Ontario | Supérieur de 16 cm | Inférieur de 12 cm | Supérieur de 6.3 po | Inférieur de 4.7 po |
Tableau 1 : Prévision des niveaux d'eau pour l’été 2014 (par rapport à la moyenne à long terme)
Perspectives de United States Army Corps of Engineers et d'Environnement Canada (de juillet à septembre 2014)
Aperçu - températures et précipitations
La NOAA et Environnement Canada prévoient pour le trimestre de juillet à septembre une température sous la normale sur l’Ouest des Grands Lacs, et près de la normale ailleurs. Les températures inférieures à la normale résultent de la persistance inhabituelle de la couverture de glace, en particulier sur le lac Supérieur.
En ce qui concerne les précipitations, le Climate Prédiction Center et Environnement Canada ne prévoient aucun scénario particulier dans leurs bassins respectifs durant les mois de juillet à septembre.
Aperçu des efflorescences algales nuisibles
Si le bassin du lac Érié devait recevoir des précipitations supérieures à la moyenne, et subir du ruissellement important au cours du prochain trimestre, cela pourrait occasionner une efflorescence d’algues bleu-vert nuisibles supérieure à la moyenne. Des saisons de tempêtes plus longues et des tempêtes plus violentes sont un facteur qui contribuerait à l’apport de quantités excessives de polluants phosphorés dans le lac, principalement dû aux eaux de ruissellement urbaines et agricoles, ce qui favorise la prolifération d’algues. Il est encore trop tôt pour déterminer si la prolifération des algues en 2014 atteindra l’ampleur de la prolifération de 2011, la plus importante de l’histoire du lac Érié.
Partenaires de la région des Grands Lacs
Agriculture et Agroalimentaire Canada
Midwestern Regional Climate Center (en anglais seulement)
Northeast Regional Climate Center (en anglais seulement)
Great Lakes Region State Climatologists (en anglais seulement)
National Oceanic and Atmospheric Administration (en anglais seulement)
National Operational Hydrologic Remote Sensing Center (en anglais seulement)
Great Lakes Environmental Research Laboratory (en anglais seulement)
NOAA Great Lakes Sea Grant Network (en anglais seulement)
North Central River Forecast Center (en anglais seulement)
Climate Prediction Center (en anglais seulement)
Great Lakes Integrated Sciences & Assessments (en anglais seulement)
US Army Corps of Engineers, Detroit District (en anglais seulement)
National Integrated Drought Information System (en anglais seulement)
Great Lakes Water Level Dashboard (en anglais seulement)
Contact
É-U
Molly Woloszyn
E-mail: mollyw@illinois.edu
Samantha Borisoff
E-mail: Samantha.borisoff@cornell.edu
Pour plus d'informations :
U.S. Drought Portal (en anglais seulement)
Détails de la page
- Date de modification :