Vers un cadre national axé sur l’apprentissage environnemental : Document de travail
Printemps 2024
Présentation
Le présent document intitulé Vers un cadre national axé sur l’apprentissage environnemental sert de tremplin afin de susciter un dialogue et des idées sur l’apprentissage environnemental et son rôle pour aider la population canadienne à faire face à la perte de biodiversité, à la pollution et aux changements climatiques. Les données recueillies au cours de cet exercice de consultation permettront d’élaborer un cadre national ambitieux et inclusif (« le cadre ») qui est axé sur l’apprentissage environnemental au Canada.
Dans ce document, nous présentons un aperçu de haut niveau des pratiques exemplaires en matière d’apprentissage environnemental ainsi qu’un survol des questions, des principes directeurs, des défis et des possibilités clés d’améliorer l’accès à une éducation et à un apprentissage de qualité en matière d’environnement au Canada. Le présent document est le fruit d’un effort de collaboration de divers intervenants et partenaires qui ont été consultés au cours de la dernière année (voir l’annexe A). Il ne s’agit pas de recueillir tous les points de vue, mais de stimuler la discussion et de recueillir de nouvelles idées, données et perspectives.
En consultant ce document de travail, veuillez réfléchir aux questions suivantes. Issus de la période de commentaires du public et des activités de mobilisation menées par les jeunes et les Autochtones, les commentaires formulés dans ce document permettront à Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) de dresser une version provisoire d’une stratégie ambitieuse et inclusive. Vous pourrez donner votre avis en remplissant le questionnaire joint à la fin du document d’ici le 3 juillet 2024.
Pour mettre le lecteur en contexte, il faut savoir que si les changements climatiques, la pollution et la perte de biodiversité représentent des menaces environnementales d’ordre national, l’éducation du public au Canada est de compétence provinciale. On souligne donc l’importance d’un effort de collaboration horizontal et intergouvernemental pour développer une approche nationale efficace qui préparera les élèves à faire face à un environnement changeant grâce à une éducation à l’environnement de qualité.
Pourquoi la littératie environnementale?
Les changements climatiques, la perte de biodiversité et la pollution comptent parmi les défis les plus complexes que le monde doit relever aujourd’hui. Ces défis constituent ce que les Nations Unies qualifient de triple crise planétaire (en anglais seulement). Ces effets combinés multiplient les menaces pour la nature, la faune et tous les domaines de l’activité humaine, de la santé à la construction d’infrastructures. Pour résoudre ces enjeux, il faudra modifier notre façon de faire dans tous les secteurs de notre vie. La réussite de la transition vers un Canada carboneutre, respectueux de la nature, circulaire et durable représente un défi qui est orienté par la politique, l’économie, la science, la technologie, l’innovation et de nombreux autres secteurs et disciplines. La contribution de l’éducation à cette transition n’est pas toujours évoquée, mais il s’agit d’un élément clé qui ne peut être négligé.
La littératie environnementale est l’un des principaux objectifs de l’éducation à l’environnement. Il s’agit de la capacité à comprendre et à évaluer de manière critique l’interaction complexe entre les activités humaines, les systèmes écologiques et le climat en mutation. Les connaissances en environnement supposent une compréhension de la science du climat et de la dynamique environnementale, ainsi que des pratiques durables et des dimensions éthiques et sociales des défis environnementaux. Une connaissance approfondie permet aux personnes de prendre des décisions éclairées et d’adopter des comportements responsables. Cet effort d’éducation est crucial, car il permet aux personnes de participer plus efficacement à l’élaboration de solutions et d’y contribuer. Il préparera également les citoyens et la main-d’œuvre de demain à faire preuve d’innovation, de résilience et de réactivité.
L’éducation à l’environnement : pierre angulaire pour façonner des sociétés résilientes
Pour les enfants et les jeunes, il s’agit de l’espace qui leur permet de commencer à examiner des réponses à une question commune : que puis-je faire? L’éducation est cruciale pour influencer les mesures en faveur de l’environnement. Elle aide les gens à comprendre et à traiter les effets sur l’environnement en leur faisant part des connaissances, compétences, valeurs et comportements nécessaires pour agir en tant qu’agents du changement. L’éducation permet à chaque personne de contribuer et elle motive particulièrement les jeunes à agirNote de bas de page 1.
L’étude 2023 de Galway et Field indique que les jeunes cherchent des réponses franches sur les risques et les incertitudes qu’ils perçoivent dans le monde qui les entoure. Galway et Field résument bien le message des jeunes en affirmant simplement : « Enseignez-le! ».
L’éducation à l’environnement aide les enfants et les jeunes à mieux comprendre les défis environnementaux et leur rôle dans la recherche de solutions; elle favorise l’acquisition de connaissances en environnement. Les gestes que posent les enfants et les jeunes au quotidien pour faire progresser plusieurs pratiques durables, ou une seule, peuvent inspirer le changement dans leur foyer et les aider à prendre conscience de leur propre pouvoir d’influencer le changement. Les jeunes deviennent également des consommateurs et participent à l’économie à plus long terme que les adultes plus âgés. Ils peuvent influencer leurs pairs et les générations plus jeunes à adopter des comportements plus durables. L’échelle des connaissances de l’environnement définit les cinq principaux volets du développement d’une personne plus consciente de l’environnement :
- développement d’une connaissance générale de notre rapport avec l’environnement et de l’incidence de nos choix sur celui-ci;
- connaissance approfondie des processus et des systèmes environnementaux;
- marques d’appréciation et de préoccupation à l’égard de l’environnement;
- utilisation de compétences pour trouver des solutions respectueuses de l’environnement;
- adoption de mesures personnelles et collectives pour protéger et restaurer l’environnement.
L’éducation à l’environnement peut influencer de manière importante les trois premiers volets de l’acquisition de connaissances en environnement, tandis que l’apprentissage se poursuivra grâce aux résultats de décisions et de mesures responsables. Les connaissances en environnement sont un facteur qui favorise la responsabilisation. Tous les enfants et les jeunes ne deviendront pas des écologistes, mais leur donner les moyens de prendre des décisions et d’agir peut résoudre les sentiments de détresse envers l’environnement, les préparer à une économie en mutation et contribuer à l’émergence d’une culture plus durable.
Description longue
Un iceberg dont un tiers est visible au-dessus de l'eau et deux tiers sous l'eau est étiqueté avec 5 aspects de l'apprentissage environnemental. Cela montre que l'apprentissage environnemental comporte de multiples éléments, dont certains sont plus visibles que d'autres, mais qui sont tous importants pour parvenir à une littéracie environnementale. La pointe de l'iceberg, qui est la plus petite et la seule partie visible au-dessus de l'eau, est étiquetée « Connaissance de l'environnement ». La partie inférieure de l'iceberg, sous l'eau, montre quatre autres éléments de l'éducation à l'environnement. En partant de la surface de l'eau, le premier élément est la « réussite scolaire », le deuxième la « pensée critique », le troisième « l'engagement citoyen » et le quatrième (à la pointe inférieure de l'iceberg) la « croissance personnelle ».
La source de l'image : North American Association for Environmental Education (en anglais seulement)
Les connaissances ne représentent qu’un volet de l’éducation. Dans le rapport de 2021 de l’Organisation de coopération et de développement économiques intitulé, “Beyond Academic Learning” (en anglais seulement), on souligne que la réussite scolaire ne se limite pas à l’acquisition de connaissances cognitives et techniques. Les compétences sociales et émotionnelles, dont la pensée critique, la communication, la collaboration, la compassion ainsi que la curiosité, sont également essentielles pour aider les enfants et les jeunes à s’orienter dans un avenir défini par les changements climatiques, la perte de nature, les déchets et la pollution. En plus de permettre aux apprenants d’acquérir les connaissances nécessaires pour opérer un véritable changement, l’éducation leur inculque également les compétences cognitives nécessaires pour établir des liens entre les questions environnementales et leur incidence sur la réalité quotidienne de l’apprenant. C’est à ce moment-là que l’émotion fait naître le désir de prendre les mesures nécessaires pour que ces changements deviennent réalité.
Des experts de l’Université Stanford (en anglais seulement) ont effectué une recherche systématique dans les publications universitaires et ils ont analysé 119 études évaluées par des pairs et publiées sur une période de 20 ans qui mesurent l’incidence de l’éducation à l’environnement chez les élèves de la maternelle à la 12e année. Cette analyse montre clairement que les programmes d’éducation à l’environnement présentent de nombreux avantages. Dans le cadre des études examinées, l’éducation à l’environnement a permis d’améliorer les points suivants :
- les connaissances, notamment en sciences, en mathématiques, en lecture et en écriture;
- les compétences émotionnelles et sociales, dont l’estime de soi, le développement du caractère, le travail d’équipe et les compétences en leadership;
- les comportements respectueux de l’environnement, comme la réduction de la consommation d’eau, de meilleures pratiques de recyclage et la participation à des opérations de nettoyage en milieu communautaire;
- les compétences scolaires (compétences du XXIe siècle), telles que la pensée critique, la communication orale, la capacité d’analyse, la résolution de problèmes et la pensée de plus haut niveau;
- la motivation à apprendre, y compris l’enthousiasme et l’intérêt pour l’école;
- l’intérêt pour la société et la participation citoyenne, y compris le sentiment de responsabilité civique, le sentiment d’autonomisation (empowerment) et la capacité d’agir.
Les enfants et les jeunes : les principaux intervenants
Les enfants et les jeunes constituent un groupe particulièrement vulnérable en ce qui concerne la protection de leur droit à un environnement sain. Ils hériteront des dommages et des bouleversements environnementaux et ils doivent posséder les connaissances et les ressources appropriées pour relever les défis environnementaux.
Lors de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques de 2021 (COP26) qui s’est tenue à Glasgow, Phoebe Hanson, une jeune femme de 20 ans du Royaume-Uni, a prononcé un vibrant discours soulignant l’importance de l’éducation des jeunes en matière de lutte contre les changements climatiques :
« Les jeunes sont effrayés. Ils voient dans les manchettes des titres terrifiants qui leur donnent un sentiment d’impuissance. Notre système d’éducation doit nous donner les compétences, les connaissances, les mécanismes d’adaptation qui nous permettront de transformer ces sentiments en gestes concrets et en capacité d’agir. Les jeunes sont l’avenir et nous devons être traités comme tels. » [traduction].
Les gens s’inquiètent de la transformation de notre environnement naturel. La Commission de la santé mentale du Canada explique que, lorsque l’inquiétude concernant le bien-être de l’environnement devient suffisamment grave pour causer détresse et dysfonctionnement, l’on parle d’« écoanxiété ». Dans le Rapport de 2022 sur l’état de la santé publique au Canada, on souligne que les changements climatiques et l’écoanxiété représentent des crises de santé publique imminentes que tous les gouvernements doivent s’efforcer de résoudre. Il convient de noter qu’une étude de 2021 publiée dans une revue médicale de premier plan indique que, parmi 10 000 jeunes de 10 pays, le niveau d’anxiété liée au climat était plus élevé que jamais. Dans une étude canadienne, au moins 58 % des jeunes ont déclaré se sentir effrayés, tristes, anxieux et impuissants face aux changements climatiques (Galway et Field, 2023). Près de 40 % ont déclaré que les sentiments liés aux changements climatiques nuisent à leur vie au quotidien.
Ces dernières années, nous avons constaté une montée en puissance de diverses questions sociales qui vont à l’encontre des interventions démocratiques et scientifiques envisagées pour répondre à la triple crise planétaire. Parmi ces questions, mentionnons la méfiance à l’égard du gouvernement et des médias ainsi que la mésinformationNote de bas de page 2, d’où la nécessité pour le public d’avoir un meilleur accès à l’information et à l’éducation sur les questions essentielles à son bien-être. Bon nombre de jeunes craignent que l’enseignement public devienne un univers qui ne répond pas à leurs besoins et n’est pas digne de confiance, et ils se tournent vers les médias sociaux plutôt que vers les salles de classe pour obtenir de l’information. Les citoyens du monde ont de plus en plus besoin de posséder les connaissances nécessaires pour agir de manière indépendante. Les modes de vie et les efforts individuels constituent des éléments essentiels de notre effort collectif face aux questions environnementales les plus urgentes.
Éducation à l’environnement : que se passe-t-il dans le monde?
L’éducation à la lutte aux changements climatiques – élément clé de l’éducation à l’environnement – est reconnue comme étant prioritaire dans de nombreux accords et déclarations sur la scène internationale. Parmi les priorités que le Canada s’est engagé à faire progresser, mentionnons les suivantes :
- La cible 4.7 des objectifs de développement durable des Nations Unies vise à « faire en sorte que tous les élèves acquièrent les connaissances et compétences nécessaires pour promouvoir le développement durable, notamment par l’éducation en faveur du développement et de modes de vie durables… ».
- La Déclaration de Berlin sur l’éducation au développement durable (PDF) de 2021 souligne que l’éducation est un outil puissant du changement (au mieux) des mentalités et des visions du monde qui contre les crises environnementales, sociales et économiques interdépendantes de la planète.
- Le programme Action pour l’autonomisation climatique (en anglais seulement), lequel relève de l’article 6 de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), souligne l’importance de l’éducation, de la formation, de la sensibilisation, de la participation du public et de l’accès à l’information pour gérer les crises climatiques et environnementales.
- L’article 12 de l’Accord de Paris appelle tous les pays signataires à renforcer l’éducation à la lutte contre les changements climatiques.
- La section K du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal (PDF), appel international pour la sauvegarde de la nature, reconnaît l’importance de la communication, de l’éducation et de la sensibilisation pour l’adoption de l’accord. Le paragraphe 22 de la section C stipule que la « mise en œuvre du cadre nécessite une éducation transformatrice, innovante et transdisciplinaire, formelle et informelle, à tous les niveaux ».
Ces engagements internationaux et ces appels à l’action soulignent le rôle indispensable de l’éducation dans l’évolution vers des modes de vie plus durables. Dans le rapport de l’UNESCO intitulé « Getting every school climate-ready », on précise que seule la moitié des programmes scolaires au niveau national dans le monde traite des changements climatiques et que seuls 23 % des enseignants sont en mesure d’expliquer correctement comment agir face aux changements climatiques. Dans une autre enquête (en anglais seulement) menée dans 166 pays auprès de 17 000 jeunes en 2022, l’UNESCO constate que 70 % des jeunes ne peuvent pas expliquer ce qu’est le phénomène des changements climatiques. En réponse à ces lacunes, l’UNESCO demande que l’éducation à l’environnement soit une composante essentielle des programmes scolaires dans tous les pays d’ici 2025.
Ces piètres résultats sont repris dans lerapport « L’ambition en matière d’éducation au changement climatique à l’heure du bilan » publié à l’occasion de la COP26. Les spécialistes ont examiné les ambitions à l’égard de l’éducation au climat et la priorité que les pays accordent à l’éducation en tant qu’outil de lutte contre les changements climatiques. Pour cette étude, on a analysé 133 contributions déterminées au niveau national (NDC) qui ont été mises à jour, révisées ou qui sont nouvelles; il s’agit là de plans d’action nationaux sur le climat qui visent la réduction des émissions de gaz à effet de serre et l’adaptation aux changements climatiques, et ce, en date du 27 mars 2022. Les résultats étaient désastreux : la plupart des pays ont obtenu un « F ». Les pays qui veulent être ambitieux dans la lutte contre les changements climatiques ont donc la possibilité de s’améliorer. En réponse au manque d’ambition à l’échelle mondiale à l’égard de la promotion de l’éducation à l’environnement et pour aider à faire de l’éducation une priorité politique, l’Italie et le Royaume-Uni ont organisé la toute première réunion entre les ministres de l’Éducation et de l’Environnement lors de la COP26. Dans cette optique, ils ont lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle s’engage davantage à améliorer l’éducation à l’environnement.
Le mouvement visant à verdir les cours d’école est un exemple récent d’avancées à l’échelle internationale qui a une incidence sur l’apprentissage environnemental. Étant donné le temps considérable que les jeunes passent à l’école, le verdissement des cours d’école et des espaces d’apprentissage représente une importante démarche permettant de créer et de maintenir ces liens essentiels. Il vise à transformer les cours d’école asphaltées en espaces verts semblables à des parcs qui favorisent le bien-être, l’apprentissage et le jeu des enfants tout en contribuant à la santé écologique et à la résilience climatique de leur collectivité. Il s’agit d’une démarche stratégique, rentable et réfléchie visant à mieux protéger les jeunes et la population générale des effets des changements climatiques, tels que les chaleurs extrêmes et les inondations dans les centres urbains qui accusent un manque de couvert arboré offrant une ombre rafraîchissante pendant les journées chaudes et un sol pour absorber l’excès de précipitations.
L’effort consacré à rassembler les secteurs de l’éducation et de l’environnement a progressé au Sommet sur la transformation de l’éducation des Nations Unies, qui s’est tenu à New York à l’automne 2022, où le Partenariat pour une éducation verte a été lancé par l’UNESCO, en collaboration avec plusieurs grandes organisations scolaires. Pour donner suite à l’important effort déployé par les membres de ce partenariat, le Canada collabore avec les intervenants qui souhaitent en savoir plus, y compris les ministères de l’Éducation des provinces et d’autres organisations qui se consacrent à l’éducation à l’environnement. Au Canada, la Nouvelle-Écosse s’est jointe au partenariat et d’autres provinces se montrent intéressées.
Canada : la nécessité de dépasser la sensibilisation
Le Canada s’est donné pour ambition de freiner et d’inverser la perte de biodiversité et d’accélérer les efforts d’atténuation des changements climatiques afin de limiter la hausse de la température mondiale à 1,5 degré Celsius. Il s’agit notamment de prendre des mesures pour atteindre la carboneutralité d’ici 2050, d’adopter une Stratégie nationale pour la biodiversité et des programmes nationaux visant à réduire les déchets de plastique et d’autres formes de pollution tout en se dotant d’une économie plus circulaire.
Comme le précise la lettre de mandat de tous les ministres fédéraux, le gouvernement du Canada adopte une approche pangouvernementale pour relever les difficultés liées aux changements climatiques que doivent surmonter les collectivités. Qu’il s’agisse d’adopter des méthodes de production plus durables ou d’exploiter des possibilités favorisant l’économie circulaire, il existe de nombreux exemples de collaboration entre les pouvoirs publics et l’industrie en vue d’atteindre nos objectifs mondiaux. Au cours de la dernière année, le gouvernement du Canada a lancé, avec l’aide des intervenants, une Stratégie nationale d’adaptation et un Plan de réduction des émissions qui s’inscrivent dans notre effort collectif axé sur la lutte contre les changements climatiques.
Tout dernièrement au Canada, soit le 13 juin 2023, le projet de loi S-5, Loi sur le renforcement de la protection de l’environnement pour un Canada en santé, laquelle modifie la Loi canadienne sur la protection de l’environnement (1999) (LCPE) a obtenu la sanction royale. Dans le cadre de l’administration de la LCPE, le projet de loi reconnaît que chaque personne au Canada a droit à un environnement sain. Il s’agit de la toute première reconnaissance d’un tel droit dans l’histoire du droit fédéral canadien en matière d’environnement. Bien que l’interprétation de ce droit en soit encore à ses débuts, des exercices de consultation et de mobilisation sont en cours pour déterminer où et comment l’éducation à l’environnement est liée au respect du droit de chaque Canadien à jouir d’un environnement sain. Dans la planification à réaliser cet idéal, nous devons reconnaître qu’une meilleure éducation et qu’une amélioration de l’apprentissage en matière d’environnement sont des facteurs déterminants permettant d’obtenir de meilleures connaissances en environnement.
Des sondages au niveau mondialNote de bas de page 3 indiquent que le public accepte massivement ces réalités, mais le Canadien moyen ne sait toujours pas comment réduire son empreinte sur l’environnement. Les citoyens ne peuvent pas jouer de rôle crucial pour résoudre les enjeux environnementaux s’ils ne comprennent pas toute l’ampleur de ces derniers. Des connaissances sont nécessaires pour trouver des solutions efficaces à ces défis environnementaux. Les gens doivent comprendre les enjeux afin de pouvoir changer les choses. De même, ils doivent aussi savoir ce qu’ils peuvent faire, la manière dont ils peuvent le faire et l’incidence de ces gestes sur eux-mêmes et sur leur collectivité.
Le Programme de recherche appliquée sur l’action pour le climat au Canada (PRAAC) a permis de cerner de multiples obstacles à la prise de mesures climatiques efficaces par les Canadiens, notamment :
- la perception du public concernant les coûts inabordables (p. ex. l’adoption de pratiques durables est coûteuse);
- la surestimation des effets des solutions à faible incidence (p. ex. l’achat de produits locaux);
- le manque de connaissances sur les solutions climatiques qui ont l’incidence la plus élevée (même les personnes qui sont mobilisées ou qui soutiennent les mesures climatiques ont du mal à cerner les mesures les plus efficaces);
- les Canadiens sous-estiment le consensus social sur les changements climatiques en tant que menace qu’il faut à tout prix contrer. Ce point est important, car les études montrent que la perception des normes représente un puissant facteur prédictif du comportement.
Il est évident qu’il faut redoubler d’efforts pour donner aux Canadiens les moyens et la capacité d’agir sur les questions environnementales.
Où en est le Canada en matière d’éducation à l’environnement?
Comme il a été mentionné précédemment dans ce document, le Canada doit respecter plusieurs obligations internationales en matière d’éducation à l’environnement de qualité à offrir à sa population.
À la suite de la comparution du Canada devant le Comité des droits de l’enfant des Nations Unies (CDENU) en mai 2022, il est formulé, dans le rapport d’observations finales du comité, plusieurs recommandations à l’intention du Canada en matière de sensibilisation, dont ce qui suit :
- Mieux sensibiliser les enfants, avec la participation active des écoles, aux changements climatiques et à la santé environnementale, y compris aux mesures législatives pertinentes en matière de qualité de l’air et de climat.
- Veiller à ce que les opinions des enfants soient systématiquement prises en compte dans l’élaboration des politiques et des programmes de lutte contre les changements climatiques.
Malgré ces engagements internationaux, le Canada ne réussit pas aussi bien qu’il le devrait dans la promotion à l’éducation à l’environnement
Des études indiquent qu’il existe un écart important entre le degré élevé d’inquiétude des Canadiens à l’égard des changements climatiques et leurs faibles connaissancesNote de bas de page 4. Il s’agit là d’une excellente occasion d’éducation de la petite enfance et des élèves de la maternelle à la 12e année (au cégep), grâce à un « effet de transmission » qui permet aux élèves de transmettre les idées et les valeurs acquises au cours de leurs expériences d’apprentissage et d’influencer ainsi les membres de leur famille, leur collectivité et d’autres personnesNote de bas de page 5, Note de bas de page 6. L’éducation et l’apprentissage peuvent responsabiliser les personnes et encourager l’adoption de pratiques quotidiennes qui contribuent à atteindre les objectifs suivants :
- préserver et restaurer la biodiversité;
- réduire les émissions de gaz à effet de serre;
- renforcer les comportements adaptés à notre climat en mutation;
- promouvoir des modes de vie, des pratiques et des mentalités durables;
- renforcer les relations communautaires;
- acquérir des compétences vertes pour l’avenir.
En 2019 et en 2022, L’éducation au service de la Terre (LST) a mené deux sondagesNote de bas de page 7 permettant de connaître le point de vue des Canadiens sur les changements climatiques et la façon dont le système d’éducation devrait intervenir. On a obtenu des réponses de sept provinces, le Québec représentant près d’un tiers des réponses et l’Ontario un quart. Les segments démographiques comprenaient des parents (34 %), des étudiants (30 %), des éducateurs (10 %) et le grand public (32 %).Parmi les résultats de 2022, mentionnons les suivants :
- 81 % des Canadiens sont convaincus de l’existence des changements climatiques;
- 55 % des Canadiens estiment être bien informés des changements climatiques;
- 80 % des Canadiens ont indiqué qu’ils avaient besoin de plus d’information au sujet des changements climatiques;
- 67 % des Canadiens pensent que les écoles doivent donner la priorité à l’éducation en matière de lutte contre les changements climatiques (contre 59 % en 2019).
Entre les sondages de 2019 et de 2022, la sensibilisation aux connaissances sur les sciences climatiques s’est légèrement améliorée parmi les personnes interrogées, mais un tiers d’entre elles ont encore échoué à une évaluation de base sur le sujet. Si la sensibilisation du public s’est améliorée, il est encore opportun et nécessaire de renforcer l’éducation et l’apprentissage en matière d’environnement au Canada. Une sensibilisation sans compréhension n’est pas suffisante.
Bien qu’il s’agisse d’une question importante chez les Canadiens, l’éducation à l’environnement dans les salles de classe au Canada reste limitée. Du point de vue des éducateurs, comme le souligne le rapport de 2022 de LST :
Malgré le plaidoyer mondial en faveur de l’intégration de l’éducation à l’environnement dans tous les niveaux et toutes les matières, 35 % des éducateurs déclarent ne pas aborder les sujets liés aux changements climatiques dans les matières qu’ils enseignent. Ce sont 41 % des éducateurs qui ne dispensent qu’entre une et dix heures d’enseignement par an ou par semestre. Parmi les éducateurs qui intègrent le contenu lié aux changements climatiques, la plupart l’abordent dans des cours de sciences. La moitié des éducateurs sont d’accord pour affirmer que le manque de temps dans le programme d’études pour l’éducation aux changements climatiques représente un obstacle lorsqu’il est question d’inclure l’éducation aux changements climatiques dans le programme scolaireNote de bas de page 8.
Nous parviendrons à obtenir un consensus lorsque les éducateurs et les citoyens comprendront la valeur de l’éducation à l’environnement, mais il n’y a pas eu encore de changement suffisamment important pour constater une plus grande intégration. Qu’est-ce qui empêche les éducateurs canadiens d’enseigner aux élèves certains des défis environnementaux les plus pressants de notre époque? La tâche qui nous attend aujourd’hui consiste à cerner les mesures de soutien nécessaires et le rôle du gouvernement fédéral dans la satisfaction des demandes et des besoins croissants en matière d’éducation et d’apprentissage environnemental.
Il n’existe actuellement au Canada aucun programme ni politique cohérents visant à améliorer l’éducation à l’environnement au palier fédéral. Les chercheurs en éducation ont constaté au Canada que les programmes scolaires ne sont pas uniformes d’un bout à l’autre du pays et que la plupart d’entre eux ne mettent pas suffisamment l’accent sur les changements climatiques. Nous en arrivons donc à la question cruciale du présent document : quelles mesures pouvons-nous adopter pour encourager les démarches éducatives à l’intérieur et à l’extérieur de la salle de classe qui favorisent l’apprentissage et les interventions en faveur de l’environnement? Pour évaluer efficacement les possibilités d’amélioration de l’apprentissage environnemental au Canada, la collaboration et l’inclusion sont essentielles pour connaître les divers intérêts et perspectives des principaux intervenants à l’échelle du pays.
Vers une économie durable
Acquisition de compétences
Notre façon de travailler et de faire des affaires est en évolution. Le rapport Green Collar Jobs 2022Note de bas de page 9 de la Banque royale du Canada (RBC) indique qu’au cours de la prochaine décennie, environ 3,1 millions d’emplois canadiens (15 % de la main-d’œuvre) seront touchés par la transition du Canada vers une économie carboneutre. Huit des dix principaux secteurs économiques subiront des changements, les transports, l’énergie et l’industrie manufacturière étant les plus touchés dans un premier temps. Ces changements exigeront des compétences accrues, ce qui pourrait créer de nouveaux emplois. Dans le rapport de la RBC, on souligne qu’une main-d’œuvre hautement qualifiée pourrait faire du Canada une destination de choix pour les investissements verts, mais qu’il faut adopter une solide stratégie axée sur les compétences pour que le passage vers la carboneutralité, d’une valeur de deux billions de dollars, soit couronné de succès.
Tous les secteurs seront touchés. Voici de récents exemples d’adaptation de certains secteurs :
- le Centre d’excellence OTAN pour le changement climatique et la sécurité, lequel collaborera avec des partenaires à l’échelle mondiale pour intégrer les changements climatiques dans leurs activités de sécurité et de défense;
- le premier rapport annuel de la Banque du Canada sur la communication des risques liés aux changements climatiquesNote de bas de page 10;
- la transformation du secteur des assurances en raison des changements climatiques – le secteur commence à souscrire des polices d’assurance pour décourager l’extraction de carbone et promouvoir des pratiques durablesNote de bas de page 11.
L’Institut canadien sur les choix climatiques semble indiquer que la main-d’œuvre canadienne actuelle n’est pas préparée à faire face à la croissance escomptée dans l’économie carboneutreNote de bas de page 12. Mais il n’est pas trop tard. L’une des fonctions essentielles de l’éducation à l’environnement et au développement durable consiste à faire en sorte que la main-d’œuvre soit préparée et à veiller à ce que le Canada reste compétitif dans les changements à venir vers une économie carboneutre, respectueuse de la nature et circulaire. Le Centre des compétences futures, de concert avec le Diversity Institute et l’Institut pour l’IntelliProspérité, a prévu que la transition vers la carboneutralité au Canada entraînera la création de nombreux emplois verts et qu’elle nécessitera diverses compétences non techniques, dont la communication et la résolution de problèmes, qui sont aussi importantes, voire plus importantes, que les compétences techniquesNote de bas de page 13. Le passage à la carboneutralité perturbera les activités et le Canada devra pouvoir compter sur une main-d’œuvre préparée et qualifiée, capable de produire des résultats qui stimuleront la croissance économique tout en réduisant au minimum la dégradation de l’environnement.
Économie circulaire
L’économie de demain sera différente de celle d’aujourd’hui. Il est essentiel de préparer les jeunes d’aujourd’hui et de leur donner les connaissances et les compétences nécessaires pour participer à l’économie de demain. Un élément clé de cette démarche repose sur la connaissance des solutions et des cadres qui peuvent nous permettre de prospérer et de répondre aux besoins de la collectivité. L’économie circulaire propose une approche systémique de la production et de la consommation en tenant compte des limites de la planète, ce qui permet de conserver les ressources matérielles, de réduire la consommation d’énergie et d’eau et de produire moins de déchets et de pollution. L’éducation qui intègre les principes de l’économie circulaire pour éliminer les déchets, faire circuler les produits et utiliser les matériaux le plus longtemps possible et régénérer la nature permettra aux Canadiens d’acquérir les connaissances nécessaires pour modifier leur mode de vie et leurs habitudes vers des modèles plus durables.
Participation et réconciliation
Les peuples autochtones entretiennent des relations étroites avec la nature et ont su préserver leur environnement depuis la nuit des temps. Actuellement, ils se situent en première ligne de la double crise que représentent la perte de biodiversité et les changements climatiques, dont ils ressentent les effets de manière précoce et disproportionnée. Les peuples autochtones sont donc particulièrement bien placés pour jouer un rôle de premier plan au Canada dans l’élaboration de possibilités d’éducation à l’environnement de haute qualité.
Le cadre national axé sur l’apprentissage environnemental visera à tenir compte des points de vue des Premières Nations, des Inuit et des Métis, car il s’agit là d’une occasion de faire progresser la réconciliation, qui à son tour, ouvre la voie à une élaboration et à la mise en œuvre d’une stratégie renforcée.
Les Premières Nations, les Inuit et les Métis du Canada sont à l’avant-garde des efforts déployés pour lutter contre les changements climatiques et pour s’adapter aux répercussions qui en découlent. De nombreux dirigeants autochtones prennent des mesures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, jouer le rôle de gardiens et d’intendants des écosystèmes, gérer la pollution de l’eau et de l’air, et améliorer les moyens de respecter et de protéger le milieu naturel. Le leadership des autochtones et leur savoir sont essentiels pour opérer les changements fondamentaux nécessaires pour lutter contre les changements climatiques et garantir un environnement sain.
En 2016, le gouvernement fédéral s’est engagé à renforcer sa collaboration avec les peuples autochtones en tant que partenaires dans la lutte contre les changements climatiques. Pour donner suite aux engagements pris conjointement par le premier ministre et les dirigeants nationaux de l’Assemblée des Premières Nations, l’Inuit Tapiriit Kanatami et le Ralliement national des Métis, le gouvernement fédéral et les partenaires des Premières Nations, des Inuit et des Métis ont établi trois tables bilatérales de haut niveau fondées sur les distinctions.
Prenant assise sur la reconnaissance des droits, la coopération et le partenariat, ces tables promulguent la participation des Premières Nations en tant que partenaires efficaces à part entière dans la mise en œuvre du Plan national sur le climat du Canada et dans l’adoption de stratégies autodéterminées de lutte contre les changements climatiques.
Le 21 juin 2021, la Loi sur la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (la Loi) a reçu la sanction royale et est entrée en vigueur. Cette loi fournit une feuille de route au gouvernement du Canada et aux Premières Nations, aux Inuits et aux Métis pour travailler ensemble à la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA) sur la réconciliation durable, la guérison et les relations de coopération.
Le 21 juin 2023, le Plan d'action 2023-2028 pour la mise en œuvre de la Loi sur la déclaration des Nations Unies, élaboré en consultation et en coopération avec les Premières nations, les Inuits et les Métis de tout le Canada, a été publié. Le plan d'action présente les priorités partagées entre le Canada et les trois groupes autochtones, ainsi que les priorités entre le Canada et chacun des groupes autochtones. L'article 29 du plan d'action fait de l'environnement un domaine prioritaire commun, l'objectif étant d'assurer un Canada où :
- Les peuples autochtones jouissent du droit à un environnement naturel sain, les modes de connaissance autochtones étant intégrés dans la protection et la gestion des terres, des eaux, des plantes et des animaux.
- Les peuples autochtones jouent un rôle central dans la conservation de la biodiversité, la conservation de l'eau et de l'environnement, ainsi que dans la planification, l'élaboration des politiques et la prise de décision en matière de changement climatique.
- L'action climatique autodéterminée est considérée comme essentielle pour faire progresser la réconciliation du Canada avec les peuples autochtones.
Environnement et Changement climatique Canada a été désigné comme le partenaire principal du gouvernement du Canada pour la mise en œuvre de cette priorité.
Stratégie nationale sur le climat de l’Assemblée des Premières Nations
Après quatre années de consultations approfondies avec les peuples des Premières Nations de tous horizons (deux rassemblements nationaux, deux sondages et plus de 15 webinaires), l’Assemblée des Premières Nations a lancé sa Stratégie nationale sur le climat (PDF) en octobre 2023.
Cette stratégie vise notamment à renforcer les systèmes de connaissances, les droits et l’autodétermination des Premières Nations dans le cadre des mesures climatiques fédérales. Elle met également en valeur les solutions des Premières Nations à la crise climatique, lesquelles s’appuient sur leurs systèmes de connaissances, leurs droits et leur autodétermination. Il est essentiel de comprendre que les Premières Nations sont indissociables des questions liées aux terres, aux eaux et à l’air. Dans cette optique, cette stratégie propose sept domaines prioritaires qui comportent chacun un but, une série d’objectifs et une liste de stratégies et de mesures à adopter.
Bon nombre de ces propositions de mesures présentent la perspective des Premières Nations à la discussion sur l’apprentissage environnemental. Certaines tendances se dégagent à cet égard, notamment l’importance de produire des programmes pertinents de sensibilisation et d’éducation du public sur les changements climatiques et des initiatives d’éducation, en particulier pour les jeunes des Premières Nations, concernant l’importance de restituer et de conserver les régimes alimentaires traditionnels, la protection des bassins versants, les sources d’eau et les océans, et la relocalisation des systèmes énergétiques dirigés par les Premières Nations pour contrer les changements climatiques. Enfin, nous devons également mentionner la nécessité d’améliorer la formation sur les capacités, à la fois dans les systèmes de connaissances des Premières Nations et dans la science occidentale, afin que les Premières Nations puissent composer avec un large éventail de situations d’urgence.
La Stratégie nationale inuite sur les changements climatiques
L’Inuit Nunangat, patrie des Inuit au Canada, est reconnue comme un point névralgique mondial des changements climatiques, suscitant l’inquiétude à l’échelle nationale et mondiale. Les Inuit ont une connaissance approfondie des effets des changements climatiques sur l’environnement physique, la faune et les écosystèmes dont ils dépendent.
En 2019, la Stratégie nationale inuite sur les changements climatiques (PDF) a vu le jour. Elle reflète la vision des Inuit du Canada, dont la majorité vit dans l’Inuit Nunangat, qui englobe les communautés de la région désignée des Inuvialuit (Territoires du Nord-Ouest), du Nunavut, du Nunavik (Nord du Québec) et du Nunatsiavut (Nord du Labrador). L’organisation nationale Inuit Tapiriit Kanatami (ITK) représente les 65 000 Inuit du Canada.
Dans le cadre de cette vision, pour que les mesures de lutte aux changements climatiques soient efficaces, adéquates, équitables et durables pour l’Inuit Nunangat, elles doivent représenter les perspectives de l’ensemble des Inuit sur le développement durable, la prospérité et le bien-être des communautés dans un contexte de climat en mutation. La stratégie vise à favoriser les possibilités d’apprentissage commun de solutions climatiques qui appuient les communautés inuites résilientes et durables, et à élaborer des politiques nationales de lutte contre les changements climatiques qui reconnaissent la diversité des réalités climatiques présentes dans l’Inuit Nunangat.
La stratégie désigne les mesures coordonnées qu’il faut adopter dans cinq domaines prioritaires pour répondre aux besoins d’adaptation, d’atténuation et de renforcement de la résilience devant l’accélération des changements climatiques et l’évolution rapide de l’environnement des politiques climatiques. Elle définit des objectifs pratiques pour faire progresser les mesures de lutte contre les changements climatiques menées par les Inuit ainsi que des orientations sur la manière de collaborer avec les Inuit pour protéger leur mode de vie et soutenir le développement durable de leurs communautés compte tenu de l’évolution de la réalité climatique.
Comme dans le cas de la stratégie de l’Assemblée des Premières Nations, bon nombre des mesures proposées sont liées aux intentions d’un cadre national axé sur l’apprentissage environnemental. On y fait ressortir l’important potentiel de collaboration avec le gouvernement fédéral et les autres paliers de gouvernement pour continuer à œuvrer à la mise en application de ces priorités. Le deuxième domaine prioritaire, lequel vise à améliorer les résultats en matière de santé et de mieux-être des Inuit et au niveau de l’environnement grâce à des politiques et initiatives intégrées sur l’éducation, le climat et la santé des Inuit, est particulièrement pertinent à cet égard. L’un des principaux objectifs de cette priorité consiste à veiller à ce que les organisations inuites collaborent avec les autorités chargées de la santé publique et de l’éducation afin d’intégrer les résultats de recherche et les politiques d’adaptation à la santé menées et coréalisées par les Inuit dans les messages de santé publique et les programmes d’enseignement.
Évaluation de la vulnérabilité de la nation métisse aux changements climatiques et aux risques pesant sur sa santé
Les changements climatiques font peser de graves risques sur l’ensemble de la nation métisse, les questions de santé et de bien-être des Métis étant les plus graves. Les Métis sont sensibles aux effets des changements climatiques en raison de leur dépendance à la terre pour leur identité, leur culture, leurs moyens de subsistance et leur économie tributaire des ressources. Ces effets pourraient nuire à leur bien-être physique, mental et spirituel, en plus d’accroître leur vulnérabilité aux risques sanitaires associés aux changements climatiques.
En 2020, préoccupé par ces risques, le Ralliement national des Métis a diffusé un rapport intitulé Évaluation de la vulnérabilité de la nation métisse aux changements climatiques et aux risques pesant sur sa santé (en anglais seulement). Comme son nom l’indique, ce rapport définit les principaux risques des changements climatiques pour la nation métisse et représente une première étape vers l’adoption d’une stratégie métisse sur les changements climatiques.
L’analyse des risques présentée fait grandement allusion à l’importance de l’éducation pour favoriser la résilience de la nation métisse face aux défis posés par les changements climatiques. Bien que le rapport ne présente pas de stratégie, les conclusions portent sur une série de domaines d’action clés. Parmi ces derniers, lesquels sont pertinents pour l’établissement d’un cadre national axé sur l’apprentissage environnemental, il convient de mentionner la nécessité de renforcer les capacités à l’échelle locale. Dans chacune des régions, de nombreuses personnes doivent comprendre les risques que les changements climatiques font peser sur leurs citoyens. Le rapport préconise également la création d’un fonds propre à la nation métisse, lequel pourrait servir à épauler les habitants dans le cadre de leur élaboration de plans d’adaptation ou d’atténuation des changements climatiques et des effets sur la santé. Il s’agirait notamment de former les jeunes, d’appuyer la transmission du savoir par les aînés, de renforcer les efforts de surveillance au niveau communautaire, de cerner les risques pour la santé, d’élaborer des programmes d’alimentation et de médecine traditionnelle pour réduire les risques, et de soutenir les capacités à travailler avec les organismes fédéraux et provinciaux pour surveiller les risques pour la santé et en rendre compte.
Là encore, nous constatons des liens évidents entre ces recommandations et certaines priorités d’action dans les stratégies élaborées par les Premières Nations et les Inuit. Ces points de convergence ne se limitent pas seulement aux mesures proposées, mais aussi aux principes et aux visions qui les sous-tendent. Ils représentent une source d’inspiration certaine pour l’élaboration d’un cadre national axé sur l’apprentissage environnemental qui sera efficace et pertinent pour tous les Canadiens, où qu’ils se trouvent.
Au-delà de l’éducation formelle : la littératie grâce à l’apprentissage
Les initiatives d’apprentissage informelles constituent un complément important et une solution de rechange à l’éducation formelle. Les organismes à but non lucratif et sans but lucratif jouent un rôle important dans la promotion de l’apprentissage environnemental au Canada. Souvent, ces organismes sont des sources d’information fiables et entretiennent des relations de travail étroites avec les collectivités desservies. Ils sont bien placés pour cerner les besoins et les domaines d’intérêt en matière d’apprentissage ainsi que pour déterminer la meilleure façon d’assurer la prestation des programmes. Ils permettent aux Canadiens d’accéder à des programmes utiles en dehors des systèmes d’éducation officiels.
Bon nombre de ces organismes se livrent une concurrence pour obtenir une aide financière afin d’assurer l’exécution des programmes, mais leur capacité est souvent limitée par l’accès à un financement régulier. Il peut donc y avoir des organismes qui offrent des services dans des créneaux ou l’ampleur de leurs services est limitée. Peu d’organismes ont la taille et l’influence nécessaires pour faciliter la mise en œuvre d’initiatives et de campagnes qui se consacrent à l’apprentissage environnemental.
Les zoos, les musées, les aquariums et les centres des sciences partout au pays présentent chaque année des expositions destinées à aider les visiteurs à mieux comprendre les problèmes environnementaux et à connaître les mesures à prendre pour y remédier. Ces espaces et activités permettent aux citoyens d’avoir des conversations non structurées sur des sujets environnementaux avec leur famille, leurs amis, leurs camarades de classe ou leurs collègues. Ils permettent aux Canadiens d’intégrer des occasions d’apprentissage environnemental dans leur quotidien, que ce soit au travail, en famille ou pendant les loisirs, afin d’enrichir leurs connaissances en environnement. La sensibilisation ne se fait pas uniquement dans la salle de classe. Pour être efficace, l’éducation à l’environnement doit s’appuyer autant sur l’apprentissage par l’expérience que sur l’apprentissage par l’éducation.
Les expériences d’apprentissage informel peuvent également être soutenues efficacement par des organisations, des conseils scolaires, des administrations locales et des groupes communautaires. Les programmes qui rassemblent les habitants des collectivités, notamment par l’aménagement de ruelles vertes, de jardins communautaires, de projets d’écologisation urbaine et autres favorisent l’adoption de plusieurs pratiques mentionnées précédemment afin de créer des collectivités réactives et résilientes. Il s’agit là de préserver et de restaurer la biodiversité, de promouvoir des pratiques et des mentalités durables, de renforcer les relations communautaires et d’acquérir des compétences écologiques pour l’avenir. En plus d’enseigner et d’informer, ces nombreux programmes permettent également aux collectivités d’apprendre à unir leurs efforts et de créer des espaces plus verts, plus sains et plus résilients pour que chacun puisse y vivre et en profiter.
Alors que nous nous employons à élaborer une stratégie en matière d’apprentissage environnemental, il faudra réfléchir à ce qu’est une approche holistique.Pour faire progresser l’éducation et l’apprentissage en tant que stratégie systémique visant à relever les défis environnementaux, il est essentiel de s’appuyer sur les réseaux en place des personnes qui se penchent déjà sur la question, notamment les éducateurs, les scientifiques, les partenaires autochtones, les associations professionnelles, les syndicats, les organisations non gouvernementales (ONG) et d’autres militants pour cette cause. Ces initiatives de collaboration constituent une tentative de réponse à la question : comment élaborer un cadre national qui renforce l’éducation formelle, encourage les possibilités d’apprentissage informel et soutient l’acquisition de connaissances en environnement et qui inspire les gens à agir?
Une voie à suivre
En guise de première réponse à la demande d’offrir un meilleur soutien à l’apprentissage environnemental, ECCC a annoncé un investissement de 12,5 millions de dollars, financé à même un partenariat novateur avec le milieu philanthropique, afin de contribuer à enrichir les connaissances en environnement partout au pays. Ce cycle de financement constitue l’une des premières mesures importantes prises par le gouvernement du Canada pour faire progresser l’apprentissage environnemental et appuyer les initiatives communautaires dans ce domaine.
L’intégration de l’éducation à l’environnement dans tous les secteurs de l’apprentissage au Canada est essentielle pour instaurer des communautés informées et responsabiliser les jeunes et les enfants du Canada. Cela ne se limite pas à la science, carl’apprentissage environnemental s’étend à d’autres sujets de préoccupation quotidienne pour les Canadiens, tels que la justice, la santé, les débouchés économiques, le bien-être mental, les modes de vie et la qualité de vie. La mobilisation des enfants, des jeunes, des familles, des éducateurs et de leur collectivité dans le cadre d’expériences d’apprentissage éducatif de haute qualité peut contribuer à l’acquisition de connaissances et de compétences pour l’avenir. Un apprentissage environnemental efficace permettra de développer un rapport véritable avec le monde naturel et une appréciation à son égard, ainsi que d’inciter à l’action pour le protéger et le préserver.
Des éducateurs dévoués et des organismes réputés déploient les efforts nécessaires et établissent une base solide pour faire progresser l’apprentissage environnemental au Canada, mais il reste encore beaucoup à faire et l’union fait la force. La nécessité et l’urgence sont grandes pour les enfants et les jeunes qui seront les plus touchés par les répercussions environnementales et climatiques, maintenant et à l’avenir. Il est indispensable d’épauler les éducateurs et les familles afin de garantir que l’apprentissage et les pratiques durables se poursuivent au-delà des espaces formels.
La connaissance et l’éducation ne sont pas fixes; elles évoluent de façon organique, se développent, prennent de l’expansion et changent selon diverses circonstances. Les idées présentées dans le présent document de travail pour enrichir l’apprentissage environnemental ne sont pas définitives, mais constituent plutôt une invitation à tous les Canadiens à communiquer leurs idées. Ce document constitue la base et le point de départ pour amorcer la voie à suivre. Il est important que l’ensemble des intervenants, des influenceurs, des bénéficiaires et des éducateurs collaborent activement à la recherche de possibilités de haute qualité pour l’apprentissage et l’éducation en matière d’environnement. Comme le disait l’éminent forestier sénégalais Baba Dioum : « En fin de compte, nous ne conserverons que ce que nous aimons; nous n’aimerons que ce que nous comprenons et nous ne comprendrons que ce qu’on nous enseigne » [traduction]. Il s’agit d’assurer l’acquisition de connaissances en environnement afin d’atteindre le grand objectif qui consiste à protéger l’environnement. Il faut maintenant trouver collectivement la meilleure démarche à adopter.
Merci d'avoir consulté ce document de travail. Nous vous encourageons à nous faire part de vos réflexions sur l’élaboration d’un cadre national axé sur l’apprentissage environnemental en répondant à ce sondage.
Annexe A
Ce que nous avons entendu jusqu’à présent : commentaires sur la forme que pourrait prendre une stratégie nationale sur l’apprentissage environnemental – principales considérations et questions par secteur
Au cours de l’année écoulée, Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) a mobilisé à trois occasions des chefs de file des secteurs de l’éducation, d’organisations non gouvernementales de l’environnement (ONGE), de la jeunesse et de l’enseignement à propos de l’état de l’apprentissage environnemental au Canada :
- En marge de la COP15 (Convention des Nations Unies sur la diversité biologique) à Montréal (Québec) en décembre 2022.
- Une séance d’une journée pour aborder la question d’une stratégie nationale d’éducation à l’environnement, organisée par Canards Illimités Canada à Winnipeg en mai 2023, avec d’autres partenaires fondateurs du Nature Education Collective (Fédération canadienne de la faune, Outward Bound Canada, Éco Héros et Apprendre par les arbres).
- Lors de la 7e réunion du Fonds pour l’environnement mondial à Vancouver en août 2023.
Outre ces consultations, il y a eu des échanges informels avec des jeunes, des scientifiques, des enseignants, des organisations non gouvernementales, des communautés autochtones et des fonctionnaires provinciaux et territoriaux, qui ont tous exprimé leur inquiétude quant à l’état de l’apprentissage environnemental et se sont engagés à faire progresser les pratiques exemplaires. Ces discussions ont mis en évidence l’importance et la nécessité de mieux dialoguer et collaborer (voir l’annexe B pour un résumé complet). Les intervenants et les partenaires demandent massivement de mieux épauler les éducateurs qui enseignent des questions environnementales complexes et que le gouvernement fédéral joue un plus grand rôle pour rassembler, coordonner et appuyer les divers agents du changement partout au pays.
Les renseignements clés suivants sont tirés des rapports que nous avons reçus sur les quatre principales activités de mobilisation des intervenants :
- Le rapport (en anglais seulement) du Youth Climate Lab sur son initiative d’éducation au climat et d’acquisition de connaissances en environnement financée par ECCC, à laquelle ont participé plus de 130 jeunes âgés de 16 à 30 ans au cours de deux discussions de politiques en personne (en 2022 lors de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques [COP27] et parallèlement à la Conférence des Nations Unies sur la biodiversité [COP15]).
- Trois journées de dialogue organisées à Montréal en décembre 2022 par le Comité canadien de l’Union internationale pour la conservation de la nature (CCUICN), à Winnipeg en mai 2023 par le Nature Education Collective, et à Vancouver en août 2023 qui ont permis de rassembler près d’une centaine de dirigeants d’ONG, d’éducateurs, de professionnels d’ONG, de jeunes, de fonctionnaires et d’autres intervenants qui ont leur mot à dire sur divers enjeux environnementaux et qui considèrent l’éducation comme un important levier politique et social pour atteindre les objectifs politiques en matière de lutte aux changements climatiques et de protection de la biodiversité.
L’objectif global de ces séances de mobilisation consistait à explorer les pratiques exemplaires afin d’évaluer le rôle que les gouvernements et les autres partenaires peuvent jouer pour faire progresser rapidement l’éducation au climat et à la biodiversité d’ici 2030.
Principales considérations concernant le secteur de l’éducation formelle
Compétence provinciale : L’éducation à l’environnement varie d’une région à l’autre en raison de différences culturelles.
Défis pour les enseignants : De nombreux éducateurs manquent de temps, de ressources et de connaissances pour enseigner les questions environnementales et se sentent dépassés par l’ampleur des problèmes. Les personnes ayant des connaissances suffisantes ne savent pas comment agir et hésitent à aborder des sujets controversés. Les quelques enseignants spécialisés qui mènent des projets environnementaux n’ont pas bien souvent de soutien financier ou administratif adéquat. Les programmes d’éducation de qualité sont donc tributaires de quelques champions écologiques et risquent de disparaître lorsque les principaux instigateurs changent d’école ou sont victimes d’épuisement professionnel.
Les enseignants ne savent pas vers où se tourner pour obtenir du matériel pédagogique de qualité : ils ont besoin d’un centre structuré de ressources, pertinentes à l’échelle locale et validées par des spécialistes.
Cadre ou stratégie au niveau national : Pour améliorer les possibilités de perfectionnement professionnel des éducateurs et la qualité de l’apprentissage environnemental dans l’ensemble du pays, une stratégie ou un cadre national est indispensable pour que les partenaires puissent élaborer et mettre en œuvre leurs stratégies, rendre compte des résultats et harmoniser ces dernières avec les stratégies provinciales ou sectorielles existantes.
Interdisciplinaire, transversal : La question des changements climatiques, lorsqu’elle est enseignée, se limite bien souvent aux cours de sciences. L’éducation à l’environnement, au climat et au développement durable couvre de nombreuses questions qui portent sur la science, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques (STIM), les arts, les sciences humaines et l’éducation physique. Cela ne signifie pas qu’il faille alourdir le programme scolaire. Il s’agit d’examiner toutes les matières sous l’angle du climat et de l’environnement et de créer des milieux et des écosystèmes favorables pour aider les enseignants et les enfants.
Principales considérations des jeunes
Une étude de l’Université Lakehead souligne que 60 % des jeunes souhaitent obtenir davantage de connaissances sur le climat et beaucoup sont en colère et se sentent délaissés par les mesures des gouvernements. Les 130 personnes interrogées par le Youth Climate Lab (YCL) ont indiqué que le système d’éducation formel doit être transformé pour favoriser de meilleures connaissances en environnement chez les élèves. L’apprentissage pourrait notamment être davantage axé sur la terre, s’appuyer sur une référence nationale d’éducation à l’environnement, la formation des éducateurs et le renforcement de leurs capacités. Parmi les autres points principaux issus des séances de mobilisation des jeunes du YCL, mentionnons les suivants :
L’approche axée sur des solutions : L’éducation doit passer d’une approche centrée sur les problèmes à une pédagogie pratique axée sur les solutions qui tient compte du milieu, du savoir traditionnel et des mesures adoptées par les collectivités. Les enseignants ne doivent pas faire la morale avec des scénarios catastrophiques, mais plutôt responsabiliser les élèves en leur donnant de l’espoir, des compétences en matière de pensée critique et des moyens d’action.
Renforcer le lien avec la nature et l’intégrer au quotidien peut renforcer la motivation des gens à protéger l’environnement.
Les connaissances en environnement sont trop exclusives : les jeunes estiment que les connaissances en environnement ne sont l’apanage que des travailleurs du secteur de l’environnement et on préconise de les rendre accessibles et pertinentes dans l’ensemble des secteurs et des disciplines.
Des idées de politiques pour améliorer l’éducation à l’environnement et favoriser de meilleurs résultats des politiques en matière de climat et d’environnement :
- L’éducation en plein air dirigée par des Autochtones pour améliorer l’inclusion et l’éducation à l’environnement.
- Élargir le plan d’action sur les emplois durables afin de favoriser l’accès aux emplois verts dans des collectivités défavorisées.
- Élaborer une stratégie nationale d’éducation à l’environnement qui tient compte de la diversité et des perspectives régionales.
Mise à part l’éducation formelle, les jeunes ont souligné la nécessité d’améliorer l’accès aux connaissances en environnement, de les rendre accessibles au public et de limiter les obstacles, notamment l’accès à des ressources multilingues et adaptées à la culture, à de l’information sur les emplois verts et aux possibilités de participer aux mesures locales en faveur du climat.
Dans l’ensemble, le fait de se rapprocher de la terre et d’intégrer la nature au quotidien renforcera la motivation du public à protéger l’environnement et à modifier ses comportements et ses habitudes de manière à atteindre les objectifs du Canada en matière de climat et de biodiversité.
Les trois journées de dialogue financées par ECCC au cours de la dernière année visaient à favoriser l’effet collectif d’une acquisition de connaissances en environnement au Canada. Voici quelques-unes des principales idées et recommandations qui se dégagent de ces séances :
- Pour répondre aux divers besoins complexes de l’éducation au climat et à la nature au Canada, il faut adopter une approche concertée et inclusive. Aucune organisation ne peut y parvenir seule, d’où la nécessité de favoriser un leadership stratégique et des efforts concertés. L’effet collectif, lequel suppose l’établissement de partenariats multisectoriels entre le gouvernement, les ONG, les philanthropes, les jeunes et les entreprises, devrait faire progresser l’acquisition de connaissances en environnement au Canada. Il faut établir de solides relations et partenariats. Bien que l’éducation formelle relève des provinces, les ministères de l’Éducation, les conseils scolaires et les ONG nationales ont mis en place des programmes d’éducation à l’environnement éprouvés qui peuvent être adaptés et harmonisés. Il est essentiel de collaborer avec le Conseil des ministres de l’Éducation (Canada) pour favoriser l’acquisition de connaissances en environnement à l’échelle provinciale, scolaire et des districts.
- Le gouvernement fédéral peut jouer un rôle important en convoquant les responsables des politiques, en élaborant et en appuyant des politiques tout en collaborant avec les représentants des systèmes d’éducation provinciaux et territoriaux pour faire progresser l’éducation à l’environnement. Cependant, les participants ont été sans équivoque : le gouvernement du Canada doit travailler plus efficacement avec les conseils scolaires, les organismes au service des jeunes et les institutions civiles pour assurer l’avancement de ce programme.
- Ce qui est mesuré est réalisé. L’intégration de l’éducation à la nature et au climat dans les contributions déterminées au niveau national (NDC) du Canada pour la CCNUCC est importante pour assurer le suivi et le respect des obligations internationales, dont celles énoncées dans l’Accord de Paris, le Cadre mondial pour la biodiversité de Kunming-Montréal, la Déclaration de Berlin de l’UNESCO et les objectifs de développement durable (ODD). Il faut obtenir des données de meilleure qualité et plus complètes pour renforcer l’effet collectif d’une acquisition de connaissances en environnement.
- Le Nature Education Collective (NEC) a vu le jour en 2023 et il regroupe cinq des plus grandes organisations d’éducation à la nature du Canada (Fédération canadienne de la faune, Canards Illimités, Éco Héros, Outward Bound et Sustainable Forestry Initiative). Le NEC a commencé à transmettre ses ressources et il a mis en commun ses connaissances et son expérience collectives pour créer une structure de résultats pour l’apprenant en matière de climat, de biodiversité et d’apprentissage socio-émotionnel, utile pour évaluer l’incidence des programmes d’éducation à l’environnement.
- Les pratiques à forte incidence en matière d’éducation à l’environnement sont généralement axées sur le lieu, orientées vers l’action et soutenues dans le temps. Ces pratiques abordent l’éducation à l’environnement de manière holistique en favorisant le développement cognitif, affectif et relationnel. Pour soutenir ces pratiques et, plus généralement, l’éducation à l’environnement au Canada, il est important de favoriser les liens organisationnels avec les jeunes, leurs pairs et les membres de leur famille, tout en visant à dépasser les frontières interorganisationnelles par la recherche collaborative, l’échange de connaissances et les efforts de plaidoyer.
- Prochaines étapes pour faire progresser l’éducation à l’environnement : Parmi les initiatives suggérées figurent un bilan de l’éducation au climat, un modèle de financement similaire à CodeCan, dans le cadre duquel Innovation, Sciences et Développement économique Canada a injecté 80 millions de dollars dans des programmes de connaissances numériques partout au pays, et l’amplification du travail de Service jeunesse Canada en mettant l’accent sur le climat.
En résumé, pour faire progresser l’acquisition de connaissances en environnement au Canada, il faut une approche collaborative, inclusive et multisectorielle, axée sur la responsabilisation, l’amélioration des données et l’harmonisation avec les obligations internationales. Une collaboration étroite entre les autorités scolaires et le gouvernement fédéral peut contribuer à réaliser d’importants progrès en matière d’éducation à l’environnement.
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