La station météorologique Eureka

Direction de la surveillance et des services de données

Pendant la Seconde Guerre mondiale, on a compris que la masse d’air arctique avait une influence considérable sur les conditions météorologiques en Amérique du Nord. Au milieu des années 1940, on disposait de très peu d’information météorologique en provenance de la région arctique. Le Canada et les États-Unis partageaient un objectif commun : augmenter les observations météorologiques dans le Nord afin d’améliorer les capacités de prévision sur l’ensemble du continent. Le 27 février 1947, les 2 nations ont convenu d’établir un réseau de 5 stations météorologiques communes dans l’Extrême-Arctique canadien.

La première station météorologique de l’Extrême-Arctique à être officiellement établie fut la station météorologique Eureka au Nunavut. On a trouvé un site approprié, situé au centre de l’île d’Ellesmere, à une latitude de 80° N, qui présentait les avantages suivants :

  • des collines environnantes qui offraient une protection et un abri contre les vents dominants du nord-ouest;
  • un accès à de l’eau douce en été;
  • un terrain adapté à une piste d’atterrissage;
  • un accès à la mer sans glace pendant les mois d’été.

Le matin du 7 avril 1947, une équipe de 6 hommes est arrivée sur le rivage gelé d’Eureka. Ils avaient du matériel pour construire des bâtiments temporaires afin de se loger et d’abriter l’équipement dont ils auraient besoin pour établir et tenir à jour un programme d’observations météorologiques. À 19 h cette journée-là, les bâtiments étaient prêts et chauffés, les équipements radio et les installations pour les observations météorologiques étaient en service, et des repas chauds étaient prêts pour le personnel. Le 9 août 1947, un brise-glace a atteint la station météorologique Eureka. À son bord, il y avait des bâtiments permanents, des équipements supplémentaires, des fournitures renouvelables pour tenir une année et 2 employés supplémentaires pour la station.

L’objectif premier de la station météorologique Eureka était, et est toujours, de mesurer divers paramètres atmosphériques à l’aide d’un instrument de radiosondage transporté dans l’atmosphère par un ballon météorologique rempli d’hélium ou d’hydrogène. Les instruments mesurent la vitesse et la direction du vent, la température, la pression et l’humidité relative. Les données sont transmises à une station de réception à l’aide d’un émetteur radio intégré. Dans le cadre du réseau mondial de surveillance, des ballons météorologiques sont lâchés 2 fois par jour à la même heure (11 h 15 et 23 h 15, temps universel coordonné) pour collecter des données météorologiques jusqu’à une hauteur d’environ 35 km, après quoi le ballon éclate en raison de la faible pression atmosphérique.

Au cours des premières années de fonctionnement, la transmission des observations météorologiques aux bureaux de prévision du sud n’était pas un processus simple. John Gilbert, qui a travaillé comme opérateur radio et technicien en météorologie à Eureka de 1956 à 1958, se souvient qu’il devait envoyer des données d’observation météorologique en code morse à Resolute Bay, située à plus de 600 km au sud, où les données étaient ensuite transmises aux bureaux de prévision régionaux du pays. Si les progrès technologiques ont simplifié la collecte et la transmission des données au fil des ans, les paramètres atmosphériques surveillés restent les mêmes à ce jour.

La station météorologique Eureka a fait l’objet de plusieurs investissements importants au cours de ses 74 années d’exploitation, notamment la construction du laboratoire Ridge. Le laboratoire a été construit en 1992, à environ 15 km à l’ouest de la station, pour soutenir l’étude de l’ozone stratosphérique et d’autres recherches sur l’atmosphère. Le réseau canadien pour la détection des changements atmosphériques exploite actuellement le laboratoire de recherche sur l’atmosphère dans l’environnement polaire. En outre, un nouveau complexe opérationnel, comprenant des quartiers d’habitation pour le personnel d’Environnement et Changement climatique Canada, une cuisine et une salle à manger, un espace de loisirs, des espaces de travail pour les opérations du programme d’observation météorologique et autres, a été construit en 2005.

En 2019, le gouvernement du Canada a accordé un financement de 5 ans pour la remise à neuf des infrastructures de la station météorologique Eureka, notamment la piste de l’aéroport, le réservoir d’eau douce, le système d’égouts, le laboratoire et le complexe principal, et il servira également au déclassement des bâtiments qui ne sont plus utilisés. Cet investissement améliorera la résilience de l’infrastructure d’Eureka et garantira des activités gouvernementales plus respectueuses de l’environnement et à plus faible intensité de carbone.

Un homme travaille devant une machine à écrire et une console d’instrumentation.

Figure 1 : John Gilbert travaillant dans la salle de radio de la station météorologique Eureka en 1957. La plupart des communications se faisaient par code morse. À l’époque, les communications vocales étaient limitées aux avions occasionnels. Photo soumise par John Gilbert

 

Un paysage très enneigé est parsemé de plusieurs bâtiments.

Figure 2 : La station météorologique Eureka en 1957. Photo soumise par John Gilbert

 

Un hélicoptère posé le long du littoral. Il y a des morceaux de glace qui flottent au large.

Figure 3 : Un hélicoptère à flotteurs à Eureka (1957)

 

Un homme debout devant un véhicule à chenilles orange le long d’un rivage. Le mot EUREKA est inscrit au pochoir sur le côté du véhicule.

Figure 4 : John Gilbert devant un M29 Weasel modifié en 1957. Studebaker a construit ces véhicules à chenilles pendant la Seconde Guerre mondiale. Leur durabilité s’est avérée précieuse dans le rude terrain du Nord. Photo soumise par John Gilbert

 

Un grand hélicoptère atterrit sur un terrain aride et rocheux. Les mots « U.S. AIR FORCE » figurent sur le côté.
Figure 5 : Un hélicoptère cargo de l’armée de l’air américaine décolle d’Eureka en 1957. Communément appelé « la banane volante » en raison de sa forme, il pouvait fonctionner à l’aide de roues, de skis ou de flotteurs. Photo soumise par John Gilbert

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