Accélérer le virage vers l’économie circulaire
Les gestes individuels ne suffiront pas, à eux seuls, à relever le défi environnemental. Pour y parvenir, il faudra accélérer la transition vers l’économie circulaire, c’est-à-dire optimiser l’utilisation des ressources et la réduction des déchets.
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Malgré les efforts des citoyens en matière de recyclage, il y a toujours plus de déchets au Québec. Selon le Bilan 2021 de la gestion des matières résiduelles au Québec de Recyc-Québec, le taux d’acheminement au recyclage de la matière résidentielle récupérée a baissé de 52 % à 47 %, de 2018 à 2021. Le taux de recyclage des résidus récupérés de la construction est également en baisse à 46 %, en 2021, comparativement à 55 %, en 2018. Finalement, 33 % de la matière sortante des centres de tri du Québec sont expédiés à l’étranger pour être incinérés ou traités dans des conditions souvent dangereuses pour les populations locales.
Ce problème systémique est causé, entre autres, par la faible demande pour les intrants recyclés issus de la récupération du verre et du plastique, le plastique et le verre composant respectivement 7 % et 6 % du total de la matière sortante des centres de tri, et par une surutilisation de ces produits en amont.
Le rôle des marchés publics
Les gouvernements forment les plus gros consommateurs sur le marché. Par l’entremise des marchés publics, il est possible d’améliorer le recyclage dans la construction en choisissant des produits qui durent le plus longtemps possible, et qui peuvent être réparés et recyclés. Le Rapport sur l’indice de circularité de l’économie du Québec note que la valeur annuelle des marchés publics est estimée à 200 G$ au Canada, ce qui représente 10 % de l’empreinte environnementale totale du pays. C’est pourquoi Recyc‑Québec recommande de substituer à plusieurs matériaux utilisés dans les projets d’infrastructures des produits plus verts. Par exemple, le bois pourrait remplacer le béton, lorsque possible.
Les marchés publics peuvent également faciliter la commercialisation d’innovations vertes, telle que la Brique Recyc de Maçonnerie Gratton. Aux États-Unis, l’administration Biden met à profit le Buy American Act pour stimuler l’adoption de solutions vertes américaines.
La réglementation
Selon l’économiste Michael Porter, qui a popularisé la notion de grappes industrielles (clusters), une réglementation plus stricte peut aussi stimuler l’innovation et générer des bénéfices plus élevés que les coûts, à long terme, pour les entreprises qui y sont assujetties. Par exemple, interdire le plastique à usage unique pourrait encourager les entreprises à le remplacer par du papier et du carton qui sont recyclables. Toutefois, à court terme, cela peut entraîner des coûts supplémentaires pour les entreprises.
Des matériaux durables et recyclables
Il faudrait aussi favoriser l’écoconception, c’est-à-dire fabriquer des produits de façon à réduire leurs impacts négatifs sur l’environnement tout au long de leur cycle de vie. Par exemple, la firme Precicad, de Québec, a fabriqué selon ce principe le véhicule électrique de l’entreprise Kargo, au Saguenay‒Lac-Saint-Jean. Ce camion en aluminium est entièrement recyclable.
Place à l’innovation et aux produits locaux
Les technologies de pointe et les technologies numériques font aussi partie de la solution. Les Pays-Bas atteignent un taux de circularité de 24,5 %, grâce en bonne partie aux solutions automatisées et numérisées, notamment dans la culture maraîchère. À noter que le taux de circularité est de 3,5 % au Québec, soit sous la moyenne mondiale qui est 8,6 %.
L’innovation peut également améliorer la qualité de la matière récupérée, un enjeu important pour les centres de tri du Québec. Ainsi, la PME Waste Robotics de Trois-Rivières a développé des robots qui traitent de grands volumes de déchets, ce qui réduit les besoins en main-d’œuvre et diminue les risques pour la santé et la sécurité au travail.
Enfin, il faudrait encourager la consommation de produits locaux et verts afin de réduire les besoins en transport et en emballage, et favoriser le retour des contenants en verre consignés.
Il reste beaucoup à faire, mais des solutions existent, et les entreprises québécoises sont en cours de bien se positionner pour faire avancer cette priorité.
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