La littératie financière et le bien-être financier à la retraite au Canada : Une analyse des résultats de l’Enquête canadienne sur les capacités financières de 2014
Yoni Simhon et Steve Trites
Division de l’éducation, de la recherche et des politiques, Agence de la consommation en matière financière du Canada
La Division de la recherche de l’Agence de la consommation en matière financière du Canada a la responsabilité de surveiller et d’évaluer les tendances et les nouveaux enjeux susceptibles d’avoir une incidence sur les consommateurs de produits et de services financiers. Les documents de recherche de l’ACFC sont des ouvrages théoriques ou empiriques en cours. Les opinions exprimées dans ce document sont celles des auteurs. La responsabilité de ces opinions ne devrait pas être attribuée à l’ACFC.
Résumé
Le paysage de la retraite au Canada change. La transition vers une planification de la retraite autogérée est combinée à une population qui vieillit progressivement. Ces développements exigent que les intervenants comprennent mieux les facteurs qui influent sur les retraités et les quasi-retraités d’aujourd’hui. Un ensemble croissant de preuves indique que la littératie financière, définie comme étant les connaissances, les compétences et la confiance nécessaires à la prise de décisions financières responsables, joue un rôle important dans la planification financière au quotidien et à long terme. Par conséquent, le présent projet de recherche vise à mieux comprendre la relation entre la littératie financière et le bien-être financier, défini comme étant un état dans lequel une personne peut satisfaire pleinement à ses obligations financières actuelles et en cours, peut avoir confiance en son avenir financier et est en mesure de faire des choix qui permettent de profiter de la vie.
Notre étude se concentre sur les retraités (les Canadiens de 65 ans et plus, qui sont à la retraite) et les quasi-retraités (les Canadiens de 55 ans et plus, qui travaillent encore). Nous avons mené une analyse en utilisant des données de l’Enquête canadienne sur les capacités financières de 2014 pour modéliser les répercussions d’une augmentation de la littératie financière sur le bien-être financier. Parmi les groupes d'âge étudiés, nous avons constaté que les deux principaux éléments de la littératie financière étaient 1) la confiance en soi en matière de finances et 2) la mise en pratique des conseils sur les produits financiers. Dans presque tous les cas, ces variables avaient un lien avec nos indicateurs de bien-être financierFootnote 1 . Les résultats de notre recherche laissent entendre que les retraités et quasi-retraités pourraient tirer profit de méthodes d’apprentissage par expérience ayant pour objet d’accroître la confiance en soi en matière de finances, ainsi que de l'utilisation des compétences liées à la mise en pratique des conseils sur les produits pouvant les aider à atteindre leurs objectifs financiers.
D’autres éléments qui ont été pris en considération dans notre recherche sur la littératie financière et qui étaient liés aux indicateurs de bien-être financier comprennent : (1) les connaissances financières, qui semblaient surtout liées à la planification financière à long terme dans les années qui précèdent la retraite; (2) le respect d’un budget, qui était lié de façon positive à la connaissance du montant d’argent requis pour la retraite; et (3) le fait d’avoir plus de sources d’information qui influencent les décisions d’investissement, qui était relié au fait de pouvoir s’acquitter de ses obligations financières parmi les retraités. La surveillance des questions financières avait un lien inégal avec le bien-être financier, mais elle était reliée de façon positive à la connaissance du montant d’argent requis pour la retraite.
Nous en sommes venus à la conclusion qu'il existe un lien important entre la littératie financière et le bien-être financier des retraités et quasi-retraités au Canada. Nos conclusions indiquent que, sans égard à la situation démographique des consommateurs (âge, sexe, état matrimonial, revenu et niveau de scolarité), le fait d’accroître la confiance en soi en matière de finances et de mettre en pratique les conseils sur les produits financiers contribue à améliorer la probabilité d’obtenir des résultats positifs quant au niveau de vie à la retraite et à la planification de la retraite. De la même façon, les connaissances financières améliorées et le respect d’un budget sont deux facteurs qui favorisent la planification de la retraite parmi les quasi-retraités.
1. Introduction
On prévoit que le Canada connaîtra dans un proche avenir d’importants changements dans la répartition selon l’âge de sa population. En 2013, 15 % des Canadiens avaient 65 ans ou plus. On s’attend à ce que ce chiffre augmente à près de 25 % (Statistique Canada, 2014a) d’ici 2030. La proportion d’adultes en âge de travailler (18 à 64 ans) et d’aînés (65 ans et plus) changera aussi énormément. On estime qu’il y aura 50 aînés pour chaque 100 adultes en âge de travailler d’ici 2056, comparativement à 21 aînés en 2006 (Statistique Canada, 2015). Étant donné ces projections concernant le vieillissement rapide de la population canadienne, il importe de comprendre les facteurs qui contribuent à la santé financière des retraités (les Canadiens de 65 ans et plus, qui sont à la retraite) et des quasi-retraités (les Canadiens de 55 ans et plus, qui travaillent encore) d’aujourd’hui. En définitive, nous espérons mieux comprendre le lien entre la littératie financière, définie comme étant les connaissances, les compétences et la confiance nécessaires à la prise de décisions financières responsables, et le bien-être financier, défini comme étant un état dans lequel une personne peut satisfaire pleinement à ses obligations financières actuelles et en cours, peut avoir confiance en son avenir financier et est en mesure de faire des choix qui permettent de profiter de la vie.
L’Enquête canadienne sur les capacités financières de 2014 (ECCF) a été parrainée par l’Agence de la consommation en matière financière du Canada (ACFC) et réalisée par Statistique Canada. Son but était de faire la lumière sur les connaissances, les capacités et les comportements des Canadiens en ce qui concerne les affaires financières. L’enquête transversale d’un échantillon national était conçue pour recueillir de l’information sur la gestion de l’argent et du budget au quotidien et sur la planification financière à long terme des adultes (de 18 ans et plus) vivant au Canada. À l’aide des données recueillies en 2014, la présente recherche étudie le lien entre la littératie financière et le bien-être financier des retraités (âgés de 65 ans et plus) et quasi-retraités (âgés de 55 ans et plus, qui travaillent encore) canadiens. Après avoir neutralisé les variables comme le sexe, l’état matrimonial, le niveau de scolarité et le revenu, nous avons constaté que les principaux éléments de la littératie financière, c’est-à-dire les connaissances, les compétences et la confiance en soi à l’égard des questions financières, ont un lien important avec le bien-être financier des Canadiens plus âgés. Nous en sommes venus à la conclusion qu'il existe un lien important entre la littératie financière et le bien-être financier des retraités et quasi-retraités au Canada.
1.1 Contexte
D’après la littérature, le système de pensions publiques du Canada réussit de façon générale à soutenir les retraités canadiens. Cette aide permet à certaines personnes à plus faible revenu de maintenir le niveau de vie qu’elles avaient avant la retraite (Mintz, 2009). Cela explique, en partie du moins, pourquoi le Canada a l’un des plus faibles taux d’aînés vivant sous le seuil de la pauvreté — 7,2 % comparativement à une moyenne de 12,8 % pour les pays faisant partie de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE, 2013).Toutefois, les ouvrages sur la littératie financière indiquent que les Canadiens dans l’ensemble ont de la difficulté avec certains aspects de la gestion des finances personnelles, comme le montant d’argent dont ils auront besoin à la retraite (Marshall, 2011), la gestion du budget du ménage (Arrowsmith et Pignal, 2010) et la connaissance des produits financiers utiles (Boisclair, Lusardi et Michaud, 2014). Quatre tendances contextuelles clés doivent être soulignées : les taux d’endettement et d’épargne, les défis du vieillissement et les cas d’exploitation financière.
1.1.1. Endettement
Le ratio de la dette par rapport au revenu disponible des Canadiens atteint un sommet inégalé, les ménages canadiens ayant 1,65 $ de dette pour chaque dollar de revenu disponible, comparativement à un ratio de 0,89 $ en 1990 (Uppal et LaRochelle-Côté, 2015; Statistique Canada, 2016a). Une enquête réalisée en 2012 a révélé que 60 % de la dette est détenue par les personnes de 45 ans et moins, avec une concentration particulière parmi les jeunes propriétaires, les jeunes familles et les Canadiens plus éduqués (Chawla et Uppal, 2012).Bien que l’emprunt à un jeune âge offre aux consommateurs la possibilité d’accumuler des actifs, un Canadien sur trois âgé de plus de 55 ans a une dette quelconque (Marshall, 2011). Comme la plupart des retraités comptent sur une source de revenu fixe pour assurer leur subsistance, ils sont particulièrement vulnérables à une dette non réglée. Les retraités qui ont une hypothèque, par exemple, sont beaucoup plus susceptibles de déclarer qu’ils ont de la difficulté à joindre les deux bouts (Schellenberg & Ostrovsky, 2010). Un rapport d’Equifax Canada a également révélé que le nombre d’aînés endettés a augmenté de 6,5 % en 2013 (Equifax Canada, 2013). D’après les données de l’ECCF, la proportion de retraités qui ont une hypothèque sur leur résidence principale est en hausse : en 2014, 19,1 % des retraités de plus de 65 ans avaient une hypothèque sur leur résidence principale, comparativement à 15,9 % en 2009. De façon similaire, la proportion de retraités ayant un solde non payé sur leur carte de crédit est passée de 12,2 % en 2009 à 14,6 % en 2014.
1.1.2. Épargne
La préparation financière à la retraite est devenue de plus en plus importante en raison de l'évolution continue du paysage de la retraite. En effet, comme la tendance est aux régimes de retraite à cotisations déterminées et aux régimes autogérés, les travailleurs doivent plus que jamais prendre en main la gestion de leur retraite (Lusardi et Mitchell, 2014). Bien que cette tendance souligne l’importance de se préparer financièrement, le taux d’épargne moyen au Canada tourne autour de 4 % du revenu annuel (Statistique Canada, 2016). Plus de la moitié des Canadiens (57 %) déclarent qu’ils utiliseraient leurs économies pour régler une dépense imprévue de 500 $, tandis que les autres se tourneraient plutôt vers le crédit. La proportion qui puiserait dans ses économies chute à 31 % lorsque la dépense imprévue monte à 5 000 $. Dans le même ordre d’idées, près de 6 adultes canadiens sur 10 (59,6 %) ne savent pas très bien combien d’argent ils doivent épargner pour avoir le niveau de vie souhaité à la retraite. L’enquête de 2014 révèle également un lien positif très fort entre le revenu du ménage et la probabilité que le ménage ait un régime enregistré d’épargne-retraite (REER) et/ou un compte d’épargne libre d’impôt (CELI)Footnote 2 .
1.1.3. Défis du vieillissement
McKay (2011) a constaté que les Canadiens de plus de 65 ans éprouvent des difficultés à l’égard des trois mêmes aspects que les autres Canadiens, soit : surveiller la situation, planifier et se tenir au courantFootnote 3 . Néanmoins, une fois qu’ils ont atteint 65 ans, les capacités des Canadiens dans ces domaines diminuent avec l’âge (McKay, 2011). Cela concorde avec les conclusions selon lesquelles, en vieillissant, les gens peuvent avoir de la difficulté à prendre des décisions financières dans leur vie de tous les jours (Institute for Social Research, 2008). En évaluant les compétences et les capacités financières à l’aide d’une mesure axée sur le comportement, les chercheurs ont conclu que le meilleur rendement en matière d’optimisation des coûts, dans une gamme de décisions financières, se produit en moyenne à l’âge de 53 ans (Agarwal, Driscoll, Gabaix, & Laibson, 2010). Dans un marché financier de plus en plus complexe, la diminution graduelle de la capacité du cerveau de traiter l’information peut être un facteur qui contribue à modifier la façon de prendre des décisions financières (Finke, Howe et Huston, 2012; Li, et al., 2015)Footnote 4 . Toutefois, une étude récente laisse entendre que la littératie financière pourrait être un facteur atténuant dans la prise sous-optimale de décisions financières découlant d’une baisse des fonctions cognitives (Li, et al., 2015).
1.1.4. Exploitation financière
Les retraités et quasi-retraités peuvent également être plus vulnérables à des risques particuliers comme l'exploitation financière. Une étude effectuée aux États-Unis révèle que nos capacités financières diminuent de 1 % par année après 60 ans, mais que notre perception de nos connaissances financières augmente jusqu’à la fin de notre vie (Finke et coll., 2012). L’ECCF de 2014 a permis d’observer un modèle similaire au Canada : les gens de plus de 65 ans attribuent une note plus élevée à leur niveau de connaissances financières que les adultes canadiens plus jeunes, bien qu’ils obtiennent de moins bons résultats lorsqu’on mesure objectivement leurs connaissances. Une étude de Gamble et coll. (2012) a révélé que cette divergence augmente les risques d’être victime d’exploitation financière. Selon l’étude, un écart type de +1 entre les connaissances perçues et réelles augmente de 36 % les risques d’être victime d’une fraude (Gamble et coll., 2012). Cela signifie que certains aînés sont des participants particulièrement vulnérables dans le système financier, même s’ils attribuent une bonne note à leurs compétences et connaissances financières.
2. Méthodes
L’ECCF de 2014 est une enquête transversale comportant un échantillon national de plus de 6 600 adultes (âgés de 18 ans et plus) vivant au CanadaFootnote 5 . Le but de cette enquête était de recueillir de l’information sur la gestion quotidienne de l’argent et du budget, sur la gestion des finances personnelles à long terme et sur la planification financière en général. L'annexe A contient de plus amples renseignements au sujet de l'ECCF de 2014.
2.1. Définitions et opérationnalisation des termes clés
Aux fins de la présente analyse, nous avons opérationnalisé les concepts « littératie financière », « bien-être financier des aînés retraités » et « planification de la retraite parmi les travailleurs canadiens (âgés de 55 ans et plus) » à l’aide des questions de l’ECCF de 2014. En d’autres mots, pour ces trois concepts, nous avons identifié dans le sondage les variables ayant servi à la mesure. Nous avons d’abord présenté un sommaire de cette opérationnalisation (tableau 1), puis une description plus détaillée des éléments probants qui sous-tendent ces décisions. Les détails techniques liés à notre codage se trouvent à l’annexe B.
Type de variable | Conceptualisé sous | Opêrationnalisé avec |
---|---|---|
Variables indépendantes | Littératie financière |
|
Variables dépendantes, ensemble 1 |
Bien-être financier des aînés retraités (65 ans et plus) |
|
Variables dépendantes, ensemble 2 | Planification du bien-être à la retraite parmi les travailleurs canadiens de 55 ans et plus |
|
2.1.1. Littératie financière
Le Groupe de travail sur la littératie financière utilise la définition suivante de « littératie financière » : avoir les connaissances, les compétences et la confiance en soi nécessaires pour prendre des décisions financières responsablesFootnote 6 . Kempson et coll. (2006) décrivent le lien conceptuel entre ces éléments (figure 1). Selon ce modèle, les expériences et la situation du consommateur influent sur les trois principaux éléments de la littératie financière : les connaissances (et la compréhension), les compétences et la confiance en soi (et l’attitude). Ces trois éléments contribuent au comportement des consommateurs de produits financiers. Les auteurs soulignent que la personnalité joue un rôle dans la confiance en soi de la personne en matière de finances, et que les connaissances influent sur les compétences.
Figure 1 : Un modèle conceptuel de la littératie financière
Comme l’indique le tableau 1, la « littératie financière » a été opérationnalisée à l’aide de variables représentant ses principaux éléments : connaissances, compétences et confiance en soi. La confiance en soi en matière de finances apparaît comme un aspect particulièrement important de la littératie financière. Une méta-analyse de Fernandes et coll. (2013) indique que la confiance en soi en matière d’information financière est essentielle, car elle représente le sentiment d’être capable d’atteindre les résultats souhaités, et la volonté de vaincre l’adversité au besoin (Fernandes, Lynch et Netemeyer, 2013). Les chercheurs font valoir que la confiance en soi travaille de concert avec les facteurs psychosociaux pour réduire les obstacles économiques et psychologiques qui empêchent d’acquérir de l’information, de faire des calculs et d’élaborer un plan financier pour l’avenir (Van Rooij, Lusardi et Alessie, 2012). La véritable nature de la confiance en soi en matière de finances est cependant plus complexe. Comme il a été mentionné précédemment, il a été établi qu’un surplus de confiance en soi relativement à la gestion de ses finances personnelles est un facteur déterminant dans le comportement relatif à l’épargne et à l’investissement qui peut rendre sujet à la fraude (Finke et coll., 2012). Notre propre analyse de l’ECCF de 2014 a révélé que les aînés obtiennent une moins bonne note quand on mesure leurs connaissances financières, mais qu’ils se donnent une meilleure note relativement à leurs connaissances financières que le groupe de jeunes adultes (18 à 24 ans) et le groupe de travailleurs (25 à 64 ans).
Compte tenu de ces facteurs, nous avons mesuré la confiance en soi en matière de finances à l’aide d’une série de cinq questions visant à saisir ce que les répondants pensent de leurs capacités en matière de gestion financièreFootnote 7 . Nous avons mené une analyse factorielle (analyse des composantes principales) pour réduire ces cinq variables en une seule afin de faciliter l’analyse. Les cotes de confiance en soi en matière de finances qui en résultaient allaient de moins 2 à plus 2; une cote négative plus faible représente une moindre confiance en soi en matière de finances, et un nombre positif plus élevé traduit une meilleure confiance en soi en matière de finances. Les répondants qui ont « modérément » confiance en eux auraient une cote se situant aux alentours de zéro.
Il n’est guère surprenant de constater, d’après les recherches récentes, que la connaissance est également un aspect important de la littératie financière. De nombreuses études ont montré de façon empirique le lien entre la connaissance financière et la planification (Institute for Social Research, 2008; Van Rooij, Lusardi et Alessie, 2012; Lusardi et Mitchell, 2014). Une étude récente menée auprès de consommateurs canadiens indique que la connaissance financière est associée à la planification de la retraite (Boisclair, Lusardi, & Michaud, 2014). Dans le cadre de cette étude, la connaissance financière a été évaluée à l’aide de trois questions sur la capitalisation, l’inflation et la diversification des risques, les trois « piliers » de la littératie financière d’après plusieurs auteurs (Hastings, Madrian et Skimmyhorn, 2012). Boisclair, Lusardi et Michaud (2014) ont constaté que les répondants qui obtenaient des cotes plus élevées sur la mesure de la connaissance financière étaient de 10 points de pourcentage plus susceptibles d’avoir des économies de retraite que les autres, compte tenu de variables comme l’âge, le sexe, l’éducation et le revenu, entre autres. Dans notre étude, nous avons évalué la connaissance en matière de finances au moyen de 14 questions portant sur des connaissances objectives qui complètent les trois « piliers » et qui ont permis d’évaluer ce que les répondants savent au sujet de questions telles que l’inflation, le remboursement de la dette, les frais bancaires et les rapports de solvabilité. Les réponses correctes ont été additionnées pour générer une cote sur 14; une cote basse représentait relativement peu de connaissances sur les questions financières, et une cote élevée, relativement plus de connaissancesFootnote 8 . Les cotes ont ensuite été regroupées en catégories : basses (5/14 ou moins), moyennes (6/14 à 9/14) ou hautes (10/14 ou plus).
À part la confiance en soi en matière de finances et la connaissance, la littératie financière comprend des compétences, autrement dit les outils qu’une personne utilise pour gérer ses finances personnelles. Dans le modèle présenté à la figure 1 (Kempson et coll. 2006), les compétences sont façonnées par l’expérience et les circonstances, ainsi que par la connaissance et la compréhension financières. En ayant ce modèle en tête, nous avons choisi quatre compétences financières liées à l’application concrète de la confiance en soi et des connaissances en matière de finances dans la vie de tous les jours : préparer un budget, mettre en application les conseils sur les produits financiers, trouver des sources d’information sur les investissements et suivre les tendances financières en général (par exemple, l’évolution du marché de l’habitation, de la fiscalité ou du marché du travail).
Les données factuelles indiquent que les personnes qui préparent un budget, consultent des sources d’information officielles, obtiennent des conseils financiers et suivent régulièrement les tendances qui affectent leur épargne et leurs dépenses ont davantage tendance à planifier (Lusardi et Mitchell, 2011). En ce qui concerne l’opérationnalisation de la budgétisation, nous étions davantage intéressés par le fait de se conformer à un budget que par le simple fait d’en avoir préparé un parce que les consommateurs ont tendance à être excessivement optimistes quant à leur intention d’épargner et irréalistes au sujet de leurs dépenses futures (Peetz & Buehler, 2009). Pour concentrer nos recherches sur les consommateurs dont les pratiques budgétaires sont les plus réalistes, nous avons opérationnalisé la budgétisation grâce à la question suivante : « Dans quelle mesure respectez-vous votre budget? » Les réponses ont été codées de façon à regrouper les répondants soit dans la catégorie « établit un budget et le respecte généralement », soit dans la catégorie « n’établit pas de budget, ou ne le respecte que rarement ou jamais ».
Nous étions également intéressés à l’opérationnalisation des capacités liées à l’obtention de conseils sur les produits financiers, l’obtention de conseils sur les investissements et la surveillance de sujets financiers. Ces compétences ont été expressément choisies parce que comme pour l’établissement d’un budget, elles se rattachent à la capacité de chercher des connaissances financières et de les appliquer dans des aspects de la vie de tous les jours. Dans l’ECCF, une question au sujet des « Conseils sur les produits financiers » quantifie le nombre de sujets financiers pour lesquels les répondants ont utilisé des conseils au cours de l’année précédente. La question était formulée comme suit : « Au cours des 12 derniers mois, avez-vous utilisé des conseils, gratuits ou rémunérés, sur les produits financiers suivants? » La liste comprenait neuf produits possibles, y compris la planification de la retraite, la planification des études des enfants, la planification fiscale et la planification financière générale (stratégies d’économie et d’investissement). Nous avons regroupé les répondants en fonction des niveaux faible, moyen ou élevé de recherche de conseils sur des produits financiers, selon le nombre de sujets pour lesquels ils ont demandé des conseilsFootnote 9 .
La section de l’enquête consacrée aux « Sources d’information sur les investissements » a permis d’évaluer le nombre de sources d’information considérées par les répondants comme les plus importantes dans leurs décisions d’investissement financier. L’enquête comprenait la question : « Les gens obtiennent des renseignements sur les investissements financiers à partir de plusieurs sources. Selon vous, quelles sources ont eu la plus grande influence sur les décisions d’investissement que vous prenez? » Les réponses possibles comprenaient notamment l’avis d’un conseiller financier, les journaux, Internet ou un ami bien informé. Nous avons classé les répondants en fonction des niveaux faible, moyen ou élevé, selon le nombre de sources influençant leurs décisions.
Enfin, la section consacrée à la « Surveillance financière » permet de savoir combien de domaines les répondants ont régulièrement surveillés. Les répondants devaient répondre à la question : « Y a-t-il des domaines que vous surveillez personnellement, tels que…? » Les réponses comprenaient des options telles que le marché de l’habitation, les taux d’intérêt et le marché du travail. Encore une fois, nous avons regroupé les réponses en fonction des niveaux faible, moyen ou élevé, selon le nombre de sujets financiers surveillés par les répondants.
2.1.2. Bien-être financier à la retraite
Selon le Consumer Financial Protection Bureau des États-Unis (2005), le bien-être financier est « un état d’être dans lequel une personne peut satisfaire pleinement à ses obligations financières actuelles et en cours, peut avoir confiance en son avenir financier et est en mesure de faire des choix qui permettent de profiter de la vie ». Pour mieux comprendre cette définition, on peut examiner les quatre facettes suivantes :
- avoir le contrôle sur ses finances au jour le jour et de mois en mois;
- être sur la bonne voie pour atteindre ses objectifs financiers;
- avoir la liberté financière de faire des choix qui permettent de profiter de la vie;
- avoir la capacité d’absorber un choc financier.
Nous nous sommes appuyés sur ces éléments pour opérationnaliser le bien-être financier en tant que résultat. Nous avons utilisé deux questions de l’ECCF 2014, en demandant aux retraités de 65 ans et plus 1) si leur niveau de vie répondait à leurs attentesFootnote 10 et 2) si leur revenu de retraite suffisait pour payer leurs dépenses mensuellesFootnote 11 .
2.1.3. Planification du bien-être à la retraite
Nous avons analysé les données pour les retraités et les quasi-retraités pour déterminer s’ils utilisent les programmes gouvernementaux pour épargner en prévision de leur retraite (par exemple, s’ils avaient un REER ou un CELI). Nous avons aussi analysé les données pour savoir s’ils faisaient de la planification financière en vue de la retraite, s’ils savaient quel serait leur niveau de vie prévisible à la retraite et à quelles dépenses ils s’attendaient à la retraite. Ces questions ont été codées de façon binaire pour produire une réponse « oui » ou « non ».
3. Résultats
Nous avons généré des modèles de régression pour évaluer la relation entre la littératie financière et le bien-être financier chez les retraités et les quasi-retraités. Les modèles prédisent la probabilité d’un résultat donné en fonction de l’évolution des niveaux de littératie financière, compte tenu de variables démographiques importantes telles que le sexe, la scolarité, l’état matrimonial et le revenu. L’encadré 1 présente un résumé de la façon d’interpréter les résultats de nos modèles de régression logistique ajustée. Les résultats précis des modèles se trouvent à l’annexe C.
Encadré 1 : Comment interpréter les résultats – Exemple
Afin de rendre l’interprétation de nos résultats plus facile à suivre, cette section présente un résumé de la disposition du tableau pour nos modèles de régression logistique ajustée. Chaque tableau illustre les résultats dans quatre colonnes :
- Littératie financière : Ceci renvoie aux variables indépendantes qui mesurent les connaissances, les compétences et la confiance en soi associées à la littératie financière.
- Signification : Cette colonne présente la valeur p, soit la probabilité d’obtenir les résultats observés dans notre modèle. Une cote inférieure à 0,05 est jugée significative dans le modèle.
- « Variation en pourcentage » : La valeur dans cette colonne représente un résumé de l’écart de pourcentage dans la probabilité de la variable dépendante pour une augmentation d’une unité de la variable indépendante.
- Direction de la relation : Cette colonne porte sur la relation entre la variable dépendante et chaque variable indépendante.
Le corps du tableau utilise ces colonnes pour organiser les données concernant l’interaction entre les variables indépendantes (littératie financière telle que mesurée par les connaissances, les compétences et la confiance en soi) et la variable dépendante (la variable « X » dans cet exemple hypothétique). Notre interprétation est la suivante en ce qui concerne nos exemples hypothétiques :
Forte relation positive : Dans notre modèle hypothétique, la confiance en soi en matière de finances a une signification de 0,000, une variation en pourcentage de 186 % et une relation positive. Notre interprétation première de cela est que la relation entre la confiance en soi en matière de finances et la variable « X » est statistiquement significative. Deuxièmement, la variation en pourcentage de 186 % indique l’ampleur de l’effet de cette relation. Enfin, la direction de la relation est positive, ce qui signifie qu’à mesure que la variable indépendante augmente (confiance en soi en matière de finances), notre variable dépendante (variable « X ») augmente aussi. Parce que nous avons opérationnalisé la confiance en soi en matière de finances selon des niveaux « faible, modéré ou élevé », ces résultats donnent à penser que chaque « niveau » additionnel de confiance en soi en matière de finances mène un consommateur à être près de trois fois plus susceptible (186 %) de démontrer la variable X. En résumé, une personne ayant un niveau modéré de confiance en soi en matière de finances est 186 % plus susceptible qu’une personne ayant une faible confiance en soi en matière de finances de faire X, alors qu’une personne ayant un niveau élevé de confiance en soi en matière de finances est 372 % plus susceptible (186 x 2 = 372) qu’une personne ayant une faible confiance en soi en matière de finances de faire X.
Aucune relation statistiquement significative : Exception faite de la confiance en soi en matière de finances et de l’établissement d’un budget, les données concernant toutes les autres variables indépendantes n’ont pas été présentées. Cela ne veut pas dire qu’elles ne sont pas pertinentes pour notre discussion sur la littératie financière. Par contre, ces résultats signifient en fait que, dans notre modèle, il n’existe pas de relation statistiquement significative après avoir neutralisé les autres variables. Par conséquent, les autres rangées sont laissées en blanc.
Littératie financière | Variable dépendante hypothétique « X » | ||
---|---|---|---|
Signification | Variation en pourcentage | Direction de la relation | |
Confiance en soi en matière de finances | 0.000 | 186 % | Positif |
Connaissances financières | - | - | - |
Compétence financière 1 : Respect d’un budget | - | - | - |
Compétence financière 2 : Conseils sur les produits financiers | - | - | - |
Compétence financière 3 : Sources d’information sur les investissements | - | - | - |
Compétence financière 4 : Surveillance financière | - | - | - |
3.1 La littératie financière a-t-elle une incidence sur le bien-être financier des aînés à la retraite?
Nous abordons ici les résultats détaillés de notre analyse concernant le rapport entre la littératie financière et le niveau de vie à la retraite. Comme point de départ, nous avons constaté que 78 % des retraités canadiens (âgés de 65 ans et plus) avaient, à la retraite, un niveau de vie tel que prévu ou supérieur à leurs attentes d’avant la retraite. Cela donne à penser que la plupart des Canadiens ont des attentes réalistes et raisonnables quant à leur niveau de vie à la retraite, aussi bien pendant la planification qu’après avoir entamé cette phase de leur vie. Nous voulions également savoir si le revenu de retraite des retraités suffisait à payer leurs dépenses mensuelles. Nous avons constaté que 84 % des retraités étaient capables de payer leurs dépenses mensuelles. Cela donne à penser que la plupart des retraités canadiens sont en bonne situation financière, capables de payer leurs factures et de respecter leurs autres obligations.
3.1.1. Votre niveau de vie à la retraite répond-il à vos attentes?
Notre modèle de régression logistique indique que la confiance en soi, la recherche de conseils sur les produits financiers et la surveillance de différents sujets financiers sont toutes liées à la qualité de vie à la retraite d’un répondant (tableau 2). Chaque augmentation d’une unité de la confiance en soi en matière de finances correspondait à 60 % plus de chances d’avoir à la retraite un niveau de vie conforme ou supérieur aux attentes. De même, selon notre modèle, l’utilisation de conseils sur les produits financiers est associée à une plus grande probabilité d’un niveau de vie de retraite qui est conforme ou supérieur aux attentes. En termes réels, notre modèle indique que si un retraité utilisait des conseils sur un produit pendant une année, puis sur deux produits ou plus l’année suivante, il serait alors plus de deux fois (136 %) plus susceptible d’atteindre le niveau de vie espéré à la retraite.
Litératie financière1 | Niveau de vie à la retraite conforme aux attentes? | ||
---|---|---|---|
Signification2 | Variation en pourcentage3 | Direction de la relation | |
Confiance en soi en matière de finances | 0,000 | 60 % | Positif |
Connaissances financières | - | - | - |
Compétence financière 1 : Respect d’un budget | - | - | - |
Compétence financière 2 : Conseils sur les produits financiers | 0,041 | 136 % | Positif |
Compétence financière 3 : Sources d’information sur les investissements | - | - | - |
Compétence financière 4 : Surveillance financière | 0,013 | -31% | Négatif |
1 Notre modèle a été ajusté en fonction de l’âge, du sexe, de l’état matrimonial, du quintile de revenu et du plus haut niveau de scolarité.
2 La « signification » représente la valeur p, soit la probabilité d’obtenir le résultat observé. Une cote inférieure à 0,05 est jugée significative dans le modèle.
3 La « variation en pourcentage » représente un résumé de l’écart de pourcentage dans la probabilité de la variable dépendante pour une augmentation d’une unité de la variable indépendante. Elle est basée sur l’exponentiation du coefficient bêta, qui est un rapport des cotes.
Nous avons également constaté une relation négative inattendue. Nous avons constaté que la surveillance de sujets financiers additionnels comme le marché de l’habitation, le marché boursier ou les taux d’intérêt était associée à une baisse de 31 % de la probabilité d’avoir un niveau de vie à la retraite qui soit conforme ou supérieur aux attentes d’avant la retraite. Une personne qui ne surveille pas régulièrement les sujets financiers et qui recevrait donc une cote de zéro sur notre mesure de cette capacité serait plus susceptible d’avoir un niveau de vie à la retraite qui soit conforme ou supérieur aux attentes, comparativement à une personne qui surveille l’un de ces sujets. Pour explorer davantage cette relation négative, nous avons examiné plus avant les données descriptives associées à ces variables. Nous interprétons ces résultats comme une indication que les retraités qui sont satisfaits de leur niveau de vie actuel pourraient être moins susceptibles de surveiller de façon active des sujets tels que le marché de l’habitation, le marché boursier ou les taux d’intérêt. Il se peut que ces sujets ne soient pas directement pertinents et n’aient aucune conséquence sur le niveau de vie de nombreux retraités, ce qui fait que beaucoup choisissent de ne pas les suivre. Il se peut aussi que ceux qui sont moins satisfaits de leur niveau de vie continuent de surveiller un ou plusieurs de ces sujets afin de l’améliorer. Il serait éventuellement intéressant d’approfondir les recherches afin d’en savoir davantage sur cette relation.
3.1.2. Le revenu de retraite est-il suffisant pour payer les dépenses mensuelles?
Nous avons analysé la relation entre la littératie financière et la question de savoir si le revenu de retraite permet de payer adéquatement les dépenses mensuelles d’une personne. Nous avons constaté que chaque augmentation d’une unité de la confiance en soi en matière de finances augmentait de 81 % la probabilité qu’un retraité puisse payer ses dépenses mensuelles (tableau 3). Le nombre de sources de conseils d’investissement présentait une corrélation positive par rapport à la gestion des dépenses mensuelles : les sources supplémentaires de conseils ont augmenté de 86 % la probabilité que le répondant gère ses dépenses mensuelles.
Littératie financière1 | Gestion des dépenses mensuelles | ||
---|---|---|---|
Signification2 | Variation en pourcentage3 | Relation | |
Confiance en soi en matière de finances | 0,000 | 81 % | Positif |
Connaissances financières | - | - | - |
Compétence financière 1 : Respect d'un budget | - | - | - |
Compétence financière 2 : Conseils sur les produits financiers | - | - | - |
Compétence financière 3 : Sources d'information sur les investissements | 0,000 | 86 % | Positif |
Compétence financière 4 : Surveillance financière | - | - | - |
1 Notre modèle a été ajusté en fonction de l’âge, du sexe, de l’état matrimonial, du quintile de revenu et du plus haut niveau de scolarité.
2 La « signification » représente la valeur p, soit la probabilité d’obtenir le résultat observé. Une cote inférieure à 0,05 est jugée significative dans le modèle.
3 La « variation en pourcentage » représente un résumé de l’écart de pourcentage dans la probabilité de la variable dépendante pour une augmentation d’une unité de la variable indépendante. Elle est basée sur l’exponentiation du coefficient bêta, qui est un rapport des cotes.
Encadré 2 : Sommaire des résultats relativement au bien-être financier des aînés à la retraite
Après avoir pris en considération des variables démographiques comme l’âge, le sexe, l’état matrimonial, le revenu et la scolarité, nous avons constaté que la confiance en soi en matière de finances, la recherche de conseils sur les produits financiers, la recherche de conseils sur les investissements et la surveillance des sujets financiers sont des aspects importants de la littératie financière par rapport au bien-être financier des retraités. Les sentiments de sécurité financière et de maîtriser sa situation financière étaient liés à des résultats souhaitables pour les retraités. Le tableau 4 reprend dans leurs grandes lignes les conclusions de ces analyses.
Littératie financière | Bien-être financier des aînés retraités | |
---|---|---|
Votre niveau de vie à la retraite répond-il à vos attentes? | Le revenu de retraite est-il suffisant pour payer les dépenses mensuelles? | |
Confiance en soi en matière de finances | Positif | Positif |
Connaissances financières | - | - |
Compétence financière 1 : Respect d'un budget | - | - |
Compétence financière 2 : Conseils sur les produits financiers | Positif | - |
Compétence financière 3 : Sources d'information sur les investissements | - | Positif |
Compétence financière 4 : Surveillance financière | Négatif | - |
3.2. La littératie financière a-t-elle un rapport avec la planification de la retraite?
Quatre variables dépendantes ont été analysées pour déterminer la mesure dans laquelle la littératie financière aide les gens à se préparer à la retraite. Ces quatre variables étaient les suivantes : si les répondants ont un REER, s’ils ont un CELI, s’ils pensent que le revenu futur de leur ménage suffira à leur retraite future, et enfin, s’ils ont une bonne idée du montant d’argent qu’ils devront épargner pour avoir le niveau de vie souhaitéFootnote 12 . D’après l’ECCF de 2014, 76 % des personnes interrogées avaient un REER, 43 % avaient un CELI, 66 % estimaient que leur revenu suffirait à leur retraite et 46 % pensaient avoir une bonne idée du montant d’argent qu’ils devaient avoir épargné pour la retraite. Ces quatre variables ont ensuite été analysées par rapport à nos indicateurs des connaissances, des compétences et de la confiance en soi. Les sections suivantes présentent les résultats de nos analyses.
3.2.1. Régime enregistré d’épargne-retraite
Un régime enregistré d’épargne-retraite (REER) est un régime d’épargne individuel bénéficiant d’une aide fiscale qui permet aux Canadiens de cotiser un pourcentage du revenu touché annuellement, jusqu’à concurrence d’un montant déterminé (les cotisations sont déductibles d’impôt, les revenus de placement ne sont pas imposés au moment où ils sont réalisés dans le régime et les retraits sont inscrits dans le revenu assujetti à l’impôt). Les REER sont un outil important pour la planification de la retraite parce que l’aide fiscale fournie à l’égard de l’épargne encourage les Canadiens à épargner maintenant en vue de remplacer des gains qui cesseront au moment de la retraite. On reconnait toutefois que les ménages à faible revenu pourraient être moins susceptibles de contribuer à un REER pour l’une ou plusieurs des raisons suivantes : les régimes de retraite universels offrent des taux de remplacement du revenu intéressants pour les salariés à faible revenu; les retraits de cotisations des REER peuvent réduire les prestations et les crédits fondés sur le revenu (tels que les prestations du Supplément de revenu garanti) reçus une fois à la retraite; il est possible que les ménages à faible revenu soient limités sur le plan de la consommation (c.-à-d. qu’ils ont peut-être peu ou pas d’argent à investir dans l’épargne).
Nous avons exclu de notre analyse les quasi-retraités du quintile de revenu du ménage le plus bas. Nous avons constaté que des mesures objectives de la connaissance étaient associées à une plus grande probabilité d’avoir un REER. Des résultats plus élevés sur le questionnaire des connaissances se traduisent par une hausse de 58 % de la probabilité d’avoir un REER (tableau 5). À titre d’exemple, une personne ayant une cote élevée de connaissances financières (11/14 ou plus) est 56 % plus susceptible d’avoir un REER qu’une personne dont la cote est moyenne (de 6/14 à 10/14). Notre modèle a également dégagé une relation statistiquement significative avec la mise en application de conseils sur les produits financiers. Les répondants qui ont utilisé des conseils, gratuits ou rémunérés, sur d’autres produits financiers ont cinq fois plus de chances (119 %) d’avoir un REER. Par exemple, une personne ayant une cote moyenne pour la mise en application de conseils sur les produits financiers (2/3) est 401 % plus susceptible d’avoir un REER qu’une personne dont la cote est faible (1/3).
Littératie financière1 | Avez-vous un REER? | ||
---|---|---|---|
Signification2 | Variation en pourcentage3 | Relation | |
Confiance en soi en matière de finances | - | - | - |
Connaissances financières | 0,017 | 56 % | Positif |
Compétence financière 1 : Repsect d'un budget | - | - | - |
Compétence financière 2 : Conseils sur les produits financiers | 0,001 | 401 % | Positif |
Compétence financière : Sources d'information sur les investissements | - | - | - |
Compétence financière : Surveillance financière | - | - | - |
1 Notre modèle a été ajusté en fonction de l’âge, du sexe, de l’état matrimonial, du quintile de revenu et du plus haut niveau de scolarité.
2 La « signification » représente la valeur p, soit la probabilité d’obtenir le résultat observé. Une cote inférieure à 0,05 est jugée significative dans le modèle.
3 La « variation en pourcentage » représente un résumé de l’écart de pourcentage dans la probabilité de la variable dépendante pour une augmentation d’une unité de la variable indépendante. Elle est basée sur l’exponentiation du coefficient bêta, qui est un rapport des cotes.
3.2.2. Compte d’épargne libre d’impôt
Un compte d’épargne libre d’impôt (CELI) est un instrument d’épargne enregistré, souple et d’usage général qui permet aux Canadiens de gagner un revenu de placement libre d’impôt afin de combler plus facilement leurs besoins d’épargne tout au long de leur vie (les cotisations ne sont pas déductibles d’impôt, mais les revenus de placement et retraits ne sont pas imposables). Le CELI complète les régimes d’épargne existants comme les REER et peut être un élément important de la planification de la retraite. De plus, contrairement aux REER, les retraits du CELI n’ont pas d’incidence sur l’admissibilité aux prestations fondées sur le revenu et les crédits d’impôt du fédéral, ce qui fait du CELI un véhicule d’épargne intéressant pour les salariés à faible revenu. Pour cette raison, les quasi-retraités du quintile de revenu du ménage le plus bas n’ont pas été exclus de l’analyse. Nous avons dégagé une relation positive entre la confiance en soi en matière de finances et le fait de détenir un CELI (tableau 6). Plus précisément, chaque augmentation d’une unité dans la cote de confiance en soi en matière de finances à quatre points augmente (de 58 %) la probabilité qu’une personne détienne un CELI. Nous avons constaté que l’augmentation du nombre de produits financiers sur lesquels on demande des conseils est associée à un doublement (97 %) de la probabilité d’avoir un CELI, ce qui indique que la recherche de conseils sur la gestion de l’argent est une compétence importante.
Littératie financière1 | Avez-vous un CELI? | ||
---|---|---|---|
Signification2 | Variation en pourcentage3 | Relation | |
Confiance en soi en matière de finances | 0,000 | 58 % | Positif |
Conaissances financières | - | - | - |
Compétence financière 1 : Respect d'un budget | - | - | - |
Compétence financière 2 : Conseils sur les produits financiers | 0,000 | 97 % | Positif |
Compétence financière 3 : Sources d'information sur les investissements | - | - | - |
Compétence financière 4 : Surveillance financières | - | - | - |
1 Notre modèle a été ajusté en fonction de l’âge, du sexe, de l’état matrimonial, du quintile de revenu et du plus haut niveau de scolarité.
2 La « signification » représente la valeur p, soit la probabilité d’obtenir le résultat observé. Une cote inférieure à 0,05 est jugée significative dans le modèle.
3 La « variation en pourcentage » représente un résumé de l’écart de pourcentage dans la probabilité de la variable dépendante pour une augmentation d’une unité de la variable indépendante. Elle est basée sur l’exponentiation du coefficient bêta, qui est un rapport des cotes.
3.2.3. Un revenu du ménage qui suffit pour la retraite future
Nous avons également examiné la relation entre la littératie financière et le fait pour un répondant d’avoir un revenu du ménage qui soit suffisant en vue de la retraite future. Les réponses possibles ont été codées de façon binaire, ce qui signifie que les répondants étaient d’accord ou non que le revenu de leur ménage leur fournirait un revenu de retraite adéquat. Nous avons constaté que chaque unité d’augmentation de la confiance en soi en matière de finances doublait (augmentait de 95 %) la probabilité qu’une personne estime que le revenu de son ménage suffirait pour assurer un niveau de vie adéquat à la retraite (tableau 7). L’utilisation de conseils sur d’autres produits financiers était liée à une hausse encore plus importante (de 135 %) de la probabilité que le revenu du ménage suffise pour assurer un revenu adéquat à la retraite.
Littératie financière1 | Revenu du ménage fournissant un revenu adéquat à la retraite | ||
---|---|---|---|
Signification2 | Variation en pourcentage3 | Relation | |
Confiance en soi en matière de finances | 0,000 | 95 % | Postif |
Conaissances financières | - | - | - |
Compétence financière 1 : | - | - | - |
Compétence financière | 0,003 | 135 % | Positif |
Compétence financière | - | - | - |
Compétence financière | - | - | - |
1 Notre modèle a été ajusté en fonction de l’âge, du sexe, de l’état matrimonial, du quintile de revenu et du plus haut niveau de scolarité.
2 La « signification » représente la valeur p, soit la probabilité d’obtenir le résultat observé. Une cote inférieure à 0,05 est jugée significative dans le modèle.
3 La « variation en pourcentage » représente un résumé de l’écart de pourcentage dans la probabilité de la variable dépendante pour une augmentation d’une unité de la variable indépendante. Elle est basée sur l’exponentiation du coefficient bêta, qui est un rapport des cotes.
3.2.4 Connaissance du montant d’argent requis pour la retraite
Finalement, nous avons analysé la relation entre la littératie financière et la connaissance du montant d’argent requis pour maintenir le niveau de vie souhaité à la retraite. Les résultats sont particulièrement intéressants, étant donné le nombre de liens positifs dans cette analyse : la confiance en soi en matière de finances, les connaissances, le respect d’un budget, la mise en pratique des conseils sur les produits financiers et la surveillance active des questions financières ont tous un lien statistiquement significatif dans ce modèle. Plus précisément, nous avons constaté que chaque augmentation d’une unité dans la confiance en soi en matière de finances est associée à une augmentation de 37 % de la probabilité de connaître le montant d’argent requis pour la retraite (tableau 8). En ce qui concerne les connaissances, nous avons constaté qu’une note plus élevée dans le questionnaire objectif se traduisait par une augmentation de 76 % de la probabilité de connaître le montant d’argent requis pour la retraite. Le respect d’un budget est associé à une augmentation de 98 % de la probabilité de connaître le montant d’argent requis pour la retraite. La mise en pratique des conseils sur les produits financiers correspond à une augmentation de 60 % de la probabilité d’avoir une bonne idée du montant d’argent requis pour la retraite. Finalement, notre analyse a révélé que la surveillance des questions financières était associée à une augmentation de 31 % de la probabilité d’avoir une bonne idée du montant d’argent requis pour la retraite. Cette conclusion contraste avec le lien négatif observé dans notre analyse des retraités, que nous examinerons plus en détail à la section 3.
Littératie financière1 | Revenu du ménage fournissant un revenu adéquat à la retraite | ||
---|---|---|---|
Signification2 | Variation en pourcentage3 | Relation | |
Confiance en soi en matière de finances | 0,000 | 37 % | Positif |
Connaissances financières | 0,000 | 76 % | Positif |
Compétence financière 1 : Respect d'un budget | 0,000 | 98 % | Positif |
Compétence financière 2 : Conseils sur les produits financiers | 0,011 | 60 % | Positif |
Compétence financière 3 : Sources d'information sur les investissement | - | - | - |
Compétence financière 4 : Surveillance financière | 0,001 | 3.2. | Positif |
1 Notre modèle a été ajusté en fonction de l’âge, du sexe, de l’état matrimonial, du quintile de revenu et du plus haut niveau de scolarité.
2 La « signification » représente la valeur p, soit la probabilité d’obtenir le résultat observé. Une cote inférieure à 0,05 est jugée significative dans le modèle.
3 La « variation en pourcentage » représente un résumé de l’écart de pourcentage dans la probabilité de la variable dépendante pour une augmentation d’une unité de la variable indépendante. Elle est basée sur l’exponentiation du coefficient bêta, qui est un rapport des cotes.
Encadré 3 : Sommaire des résultats sur la littératie financière et la planification du bien-être financier des quasi-retraités
Nous avons constaté que la confiance en soi en matière de finances, les connaissances et certaines compétences comme l’obtention de conseils sur des produits financiers sont liées à des résultats souhaitables pour les quasi-retraités. Le tableau 9 présente un résumé plus clair des liens statistiquement significatifs entre la littératie financière et la planification du bien-être à la retraite parmi les quasi-retraités.
Littératie financière | Variable dépendante, ensemble 2 : Planification du bien-être à la retraite parmi les travailleurs canadiens (55 ans et plus) | |||
---|---|---|---|---|
Avez-vous un REER? | Avez-vous un CELI? | Le revenu futur du ménage vous fournira-t-il un revenu adéquat à la retraite? | Avez-vous une bonne idée du montant d'argent dont vous aurez besoin à la retraite? | |
Confiance en soi en matière de finances | - | Positif | Positif | Positif |
Connaissances financières | Positif | - | - | Positif |
Compétence financière 1 : Respect d'un budget | - | - | - | Positif |
Compétence financière 2 : Conseils sur les produits financiers | Positif | Positif | Positif | Positif |
Compétence financière 3 : Sources d'information sur investissements | - | - | - | - |
Compétence financière 4 : Surveillance financière | - | - | - | Positif |
4. Analyse
Notre analyse du bien-être financier des retraités et quasi-retraités s’est concentrée sur les connaissances, les compétences et la confiance en soi des Canadiens – c’est-à-dire les éléments de base modifiables sur lesquels la stratégie nationale pour la littératie financière pourrait avoir une incidence. L’utilisation du modèle de régression avait pour but de neutraliser les variables ayant un rapport avec le bien-être financier (p. ex. l’âge, le niveau de scolarité et le revenu) afin de modéliser les répercussions possibles d’une augmentation de la littératie financière sur le bien-être financier. Chez les retraités et les quasi-retraités, nous avons constaté que les deux principaux éléments de la littératie financière étaient (1) la confiance en soi en matière de finances et (2) la mise en pratique de conseils sur les produits financiers. Dans presque tous les cas, ces variables étaient positivement liées à nos variables dépendantes du bien-être financier.
4.1. Confiance en soi en matière de finances
Nos résultats concernant la confiance en soi en matière de finances concordent avec ce qu’on peut lire dans la littérature connexe, à savoir que les facteurs psychosociaux (comme l’autoefficacité et la confiance en soi) jouent un rôle important dans les résultats en lien avec le bien-être financier (Fernandes, Lynch et Netemeyer, 2013). Nous avons constaté que les retraités qui ont le sentiment d’être bien informés et en mesure de gérer leurs finances (p. ex. de joindre les deux bouts, de choisir des produits financiers, etc.) sont plus susceptibles de déclarer avoir un meilleur niveau de vie. De façon similaire, les quasi-retraités ayant un niveau de confiance en soi en matière de finances plus élevé sont plus susceptibles de présenter trois des quatre variables dépendantes.
Le fait que l’analyse effectuée soit de nature transversale signifie qu’il est impossible de délimiter clairement la cause et l’effet. C’est pourquoi il y a de fortes chances pour que la relation entre la confiance en soi en matière de finances (et d’autres variables de notre modèle) et le bien-être financier à la retraite et à la préretraite soit bidirectionnelle. Par exemple, la confiance en soi en matière de finances permet sans doute aux consommateurs d’être des participants plus actifs dans leurs affaires financières, et une participation plus active peut en retour mener à plus de connaissances et de capacités, et à une confiance en soi en matière de finances encore plus grande.
Les résultats de notre analyse laissent entendre que les retraités et quasi-retraités pourraient tirer profit de méthodes d’apprentissage par expérience ayant pour objet d’accroître la confiance en soi en matière de finances. Une approche de ce genre qui s'inspire du modèle conceptuel de Kempson et coll. (2006) pourrait mettre l'accent sur les possibilités d’apprentissage par expérience qui permettent aux consommateurs d’acquérir une connaissance pratique de véritables produits financiers et les compétences les plus pertinentes pour leur situation personnelle. Même si un grand nombre de tels programmes sont offerts partout au pays, leur qualité peut varier. De telles initiatives sont les plus efficaces lorsqu’elles sont pertinentes, ciblées et accessibles (Fernandes, Lynch, & Netemeyer, 2013). Même si le fait de prendre sa retraite n’arrive pas souvent dans une vie, la planification de tels événements devrait être un processus continu. Les régimes d’épargne automatique et les options d’auto-adhésion offrent aux particuliers un cadre pour épargner automatiquement pour leur avenir. Les programmes d’épargne automatique offerts par différentes institutions financières donnent aux consommateurs la possibilité de contribuer régulièrement à un régime d’épargne, ce qui favorise les bonnes habitudes en matière d’épargne.
D’autres sources d’information, comme la page de Planification de la retraite de l’ACFC ainsi que la Calculatrice du revenu de retraite canadienne d’Emploi et Développement social Canada, permettent aux particuliers d’accéder à des ressources qu’ils peuvent utiliser pour planifier leurs dépenses à la retraite et établir leurs propres objectifs financiers. Le fait de donner aux Canadiennes et aux Canadiens des informations précises et impartiales en temps opportun peut encourager les consommateurs à penser à leur avenir financier. Ces ressources aident les utilisateurs à estimer les résultats des changements dans leurs comportements à l’égard de l’épargne et à ajuster la gestion de leurs finances personnelles selon leur niveau de confiance par rapport à l’atteinte des objectifs financiers.
4.2. Mise en pratique des conseils
Parmi les quasi-retraités, ceux qui mettent en pratique des conseils sur les produits financiers sont plus susceptibles de planifier financièrement leur bien-être à la retraite. Cette compétence avait une corrélation positive avec les quatre variables dépendantes connexes pour les quasi-retraités, ainsi qu’avec le niveau de vie à la retraite parmi les retraités. Le message à retenir est que la mise en pratique des conseils reçus, gratuitement ou non, pour un plus grand nombre de produits est extrêmement avantageux pour la planification de la retraite. De ce point de vue, il peut être avantageux pour les quasi-retraités (et les retraités) de suivre les conseils sur les produits qui sont pertinents pour leur bien-être financier actuel et futur quand ils prennent leurs décisions.
4.3. Respect d’un budget
Le respect d’un budget était positivement lié à la connaissance du montant d’argent requis pour la retraite. Ce résultat concorde avec de précédentes conclusions indiquant que les personnes les plus réalistes à propos de leurs dépenses passées le sont aussi à propos de leurs dépenses futures (Peetz et Buehler, 2009). En ce sens, le fait de respecter un budget peut aider les quasi-retraités à planifier leur avenir d’une façon plus réaliste.
Dans l’Enquête canadienne sur les capacités financières de 2014, 46 % des adultes canadiens ont déclaré avoir un budget. Cette proportion atteint un sommet dans les groupes d’âge de 35 à 44 ans et de 45 à 54 ans, puis elle décline avec l’âge. Il est clair également qu’il peut y avoir une différence importante dans ce qui est considéré comme un budget. Les consommateurs utilisent une gamme, et parfois une combinaison, de techniques pour planifier et assurer un suivi de leurs dépenses, y compris la consignation écrite des dépenses prévues, la documentation des dépenses et le calcul mental. Beaucoup de ceux qui n’ont pas de plan de dépenses écrit disent ne pas en avoir besoin (Davis et Weber, 1990).
Les éléments qui se dégagent de la recherche sur le comportement réalisée par Fernbach et coll. (2015) portent à croire que le budget écrit joue un rôle particulièrement important dans des conditions de restrictions financières : le fait d’avoir un budget écrit permet aux gens de s’engager à l’avance à respecter leur plan de dépenses et à déterminer leurs priorités en matière d’achats. Le budget leur permet également de détecter rapidement les problèmes financiers qui émergent et de les corriger. Inversement, les gens qui n’ont pas de budget écrit ont tendance à réagir de façon erratique aux restrictions financières (Fernbach, Kan et Lynch Jr, 2015).
Compte tenu des avantages évidents d’avoir un budget écrit, des pressions financières considérables exercées sur les retraités et quasi-retraités et de la combinaison d’un taux d’endettement élevé par rapport à un faible taux d’épargne, il est conseillé de poursuivre la recherche sur le comportement afin d’évaluer les avantages d’établir un budget aux différentes étapes de la vie. Les conclusions pourraient être particulièrement pertinentes pour les retraités et quasi-retraités de la classe moyenne, et pour tous ceux qui risquent de faire face à des restrictions financières. Il pourrait aussi convenir de faire l’essai de différentes approches pour promouvoir une plus large utilisation du budget écrit parmi les différents groupes prioritaires.
4.4. Connaissances
Le niveau de connaissances financières était positivement lié à deux indicateurs du bien-être financier parmi les quasi-retraités : 1) avoir un REER, et 2) connaître le montant d’argent requis pour la retraite. Il appert, par conséquent, que les connaissances financières sont surtout associées à une planification financière à long terme pendant les années qui précèdent la retraite. Nous avons constaté également que le fait d’avoir plusieurs sources d’information pour influencer les décisions d’investissement joue un rôle dans la gestion des dépenses mensuelles; cela montre bien l’importance de rechercher les conseils de planificateurs financiers et autres experts.
Là encore, cette relation a toutes les chances d’être bidirectionnelle : les personnes qui sont en mesure de faire face à leurs mensualités sont plus susceptibles d’avoir les moyens d’investir et, par conséquent, de rechercher des conseils sur les investissements. En même temps, le fait de rechercher des conseils sur les investissements auprès de multiples sources d’information a de bonnes chances d’aider certains retraités à prendre des décisions qui les aideront à pourvoir à leurs dépenses mensuelles.
4.5. Surveillance des questions financières
Nous avons constaté certaines incohérences dans les résultats relatifs au lien existant entre la surveillance des questions financières et nos indicateurs de bien-être financier. Le nombre de sujets financiers faisant l’objet d’une surveillance active était négativement lié au niveau de vie parmi les retraités, ce qui signifie qu’une augmentation du nombre de sujets faisant l’objet d’une surveillance était associée à une diminution du bien-être des retraités. Nous croyons que ces sujets intéressent davantage les gens qui sont activement engagés dans la planification financière. Comme la mise en pratique des conseils sur les produits était positivement liée au niveau de vie à la retraite, il semble que les aînés retraités recherchent l’information qui s’applique à leur situation, mais se fient aux autres pour connaître les grandes tendances du marché. Cette interprétation est renforcée par la conclusion selon laquelle la surveillance des questions financières était positivement liée à la connaissance du montant d’argent requis pour la retraite. Il semble donc que la surveillance des sujets financiers (comme l’inflation et les taux d’intérêt ou de chômage) est plus avantageuse pour les quasi-retraités, qui sont plus directement touchés par ces questions, et en particulier pour ceux qui planifient activement leur retraite.
5. Conclusion
Nous en concluons que la littératie financière est liée au bien-être financier des retraités et quasi-retraités au Canada. Les principales conclusions de cette analyse pourront s’appliquer utilement aux futurs travaux de recherche sur les retraités et leur niveau de littératie financière. Nos conclusions indiquent que, sans égard à la situation démographique des consommateurs (âge, sexe, état matrimonial, revenu et niveau de scolarité), le fait d’accroître la confiance en soi en matière de finances et de mettre en pratique les conseils sur les produits financiers contribue à améliorer la probabilité d’obtenir des résultats positifs relativement au niveau de vie à la retraite et à la planification de la retraite. De la même façon, encourager de meilleures connaissances financières et le respect d’un budget sont deux facteurs qui favorisent la planification de la retraite parmi les quasi-retraités.
Ces constatations pourront être utiles à l’ACFC ainsi qu’à ceux qui élaborent et offrent des programmes de littératie financière. Si on encourage les consommateurs à accéder à un grand nombre de sources d’information et de conseils objectifs en matière de produits financiers, par l’entremise de programmes gouvernementaux ou de planificateurs financiers par exemple, il est probable qu’on obtienne un effet positif sur la planification de la retraite parmi les quasi-retraités au Canada. Les retraités et quasi-retraités qui ont accès aux bons renseignements au bon moment seront mieux en mesure de renforcer les compétences dont ils ont besoin pour accroître leur confort et leur sécurité financière. Les conclusions laissent entendre également que le fait d’offrir des occasions d’acquérir une meilleure confiance en soi en matière de finances aidera les Canadiens à préparer une retraite qui leur donnera le niveau de vie souhaité. Les programmes de littératie financière peuvent aider à cet égard en fournissant des possibilités d’apprentissage par expérience permettant aux consommateurs d’acquérir une connaissance pratique de véritables produits financiers et les compétences les plus pertinentes pour leur situation personnelle. Ces initiatives devraient être accompagnées de mesures visant à améliorer les connaissances financières et à aider les gens à établir et à respecter un budget.
6. Références
Agarwal, S., J. C. Driscoll, X. Gabaix et D. Laibson. (Juillet 2010). What is the age of reason. Issues in Brief, no 10-12, 2:51-117.
Arrowsmith, S. et J. Pignal. (2010). Conclusions initiales tirées de l’Enquête canadienne sur les capacités financières de 2009, Groupe de travail sur la littératie financière.
Boisclair, D., A. Lusardi et P.-C. Michaud. (2014). Financial Literacy and Retirement Planning in Canada. Québec : Autorité des marchés financiers.
Chawla, R. et S. Uppal. (23 mars 2012). L’endettement des ménages au Canada, Statistique Canada, no au catalogue 75-001-X.
Consumer Financial Protection Bureau (CFPB). (Janvier 2015). Financial Well-Being: The Goal of Financial Education.
Davis, E. P. et J. A. Weber. (1990). Patterns and obstacles to financial management. Financial Counseling and Planning, 1, 41-52.
Equifax Canada. (3e trimestre de 2013). National Consumer Credit Trends Report.
Fernandes, D., J. Lynch et R. G. Netemeyer. (2013). Financial literacy, financial education and downstream financial behaviors. Management Science.
Fernbach, P. M., C. Kan et J. G. Lynch. (Février 2015). Squeezed: Coping with constraint through efficiency and prioritization. Journal of Consumer Research, 41. doi:10.1086/679118
Finke, M. S., J. S. Howe et S. J. Huston. (2012). Old Age and the Decline in Financial Literacy. Social Science Research Network, 1948627.
Gamble, K., P. Boyle, L. Yu et D. Bennett. (2012). Aging, Financial Literacy, and Fraud. Social Science Research Network, 2165564.
Hastings, J. S., B. C. Madrian et W. L. Skimmyhorn. (2012). Financial literacy, financial education and economic outcomes. National Bureau of Economic Research, document de travail, 18412.
Institute for Social Research. (2008). Health and Retirement Study. University of Michigan and the National Institute on Aging.
Kempson, E., S. Collard et N. Moore. (2006). Measuring financial capability: An exploratory study for the Financial Services Authority. Extrait de Consumer Financial Capability: Empowering European Consumers, European Credit Research Institute, Bruxelles, p. 39-76.
Li, Y., J. Gao, A. Z. Enkavi, L. Zaval, E. U. Weber et E. J. Johnson. (2015). Sound credit scores and financial decisions despite cognitive aging. Proceedings of the National Academy of Sciences, 112(1), 65-69.
Lusardi, A. et O. S. Mitchell. (2011). Financial Literacy and Planning: Implications for Retirement Wellbeing. National Bureau of Economic Research, 1-37.
Lusardi, A. et O. S. Mitchell. (2014). The Economic Importance of Financial Literacy: Theory and Evidence. National Bureau of Economic Research, 18952.
Marshall, K. (2011). Prendre sa retraite avec des dettes. Statistique Canada.
McKay, S. (2011). Comprendre la capacité financière au Canada : Analyse des résultats de l’Enquête canadienne sur les capacités financières. Groupe de travail sur la littératie financière.
Mintz, J. (2009). Rapport sommaire des travaux de recherche sur le niveau adéquat du revenu de retraite. Ministère des Finances.
Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). (2013). Panorama des pensions : Canada. Paris et Washington, D.C. : OCDE.
Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). (2013a). Panorama des pensions 2013, indicateurs de l’OCDE et du G20. Paris et Washington, D.C. : OCDE.
Peetz, J. et R. Buehler. (2009). Is there a budget fallacy? The role of savings goals in the prediction of personal spending. Personality and Social Psychology Bulletin, 1579–1591.
Schellenberg, G. et Y. Ostrovsky. (2010). Faits saillants de l'Enquête canadienne sur les capacités financières de 2009 dans le domaine de la retraite. Statistique Canada. Division de l’analyse économique.
Statistique Canada. (2014a, 7 septembre). Projections démographiques : pour le Canada, les provinces et les territoires, 2013 à 2063.
Statistique Canada. (2014b, 24 octobre). Indicateurs économiques, par province et territoire (mensuel et trimestriel).
Statistique Canada. (27 novembre 2015). Rapport de dépendance.
Statistique Canada. (2016a). Comptes du bilan national et des flux financiers, premier trimestre de 2016.
Statistique Canada : 30 mai 2016. Tableau 380-0072 - Comptes courants et compte du capital - Ménages, trimestriel (dollars sauf indication contraire).
Groupe de travail sur la littératie financière. (Décembre 2010). Les Canadiens et leur argent : Pour bâtir un avenir financier plus prometteur.
Uppal, S. et S. LaRochelle-Côté. (27 novembre 2015). Les variations dans les dettes et les actifs des familles canadiennes, 1999 à 2012.
Van Rooij, M., A. Lusardi et R. Allessie. (122.560 2012). Financial literacy, retirement planning, and household wealth. The Economic Journal, 449-478.
Veall, M. R. (Avril 2013). Estimating the number of guaranteed income supplement recipients who have mistakenly saved in registered retirement savings plans and registered pension plans. Document de travail no 119, Emploi et Développement social Canada.
7. Annexes
7.1. Annexe A – Enquête canadienne sur les capacités financières
Les renseignements qui suivent au sujet de l’Enquête canadienne sur les capacités financières de 2014 sont extraits du site Web de Statistique Canada .
Description
L’Enquête canadienne sur les capacités financières (ECCF) jette de la lumière sur les connaissances, les compétences et les comportements des Canadiens en ce qui a trait à la prise de décisions financières. Autrement dit, elle jette de la lumière sur la compréhension qu’ont les Canadiens de leur situation financière, des services financiers mis à leur disposition et de leur plan d’avenir. Cette enquête a été conçue pour recueillir de l’information sur les approches des répondants en ce qui a trait à la gestion de l’argent au quotidien ainsi qu’à l’établissement d’un budget, à la gestion de l’argent à plus long terme et à la planification financière en général.
Population cible
Toutes les personnes âgées de 18 ans et plus habitant au Canada constituent la population cible de l’ECCF. Les résidents à temps plein d’établissements institutionnels et les habitants du Yukon, des Territoires du Nord-Ouest et du Nunavut ne font pas partie de l’enquête. Les numéros de téléphone qui pourraient correspondre à ces régions ont été exclus de l’échantillon.
Élaboration de l’instrument
Dès la conception de l’ECCF en 2009, il avait été proposé que la collecte des données se fasse par interview téléphonique, une approche qui a obtenu du succès dans d’autres pays où ont été menées des enquêtes dans un domaine similaire. Une première ronde d’essais cognitifs, incluant des interviews personnelles et des discussions de groupe, a été menée dans l’ensemble du Canada en 2007 et a permis de confirmer qu’il s’agissait bien de la meilleure façon de procéder.
Avec l’ajout du ministère des Finances Canada et de la Banque du Canada comme partenaires actifs, le contenu a été modifié pour tenir compte des besoins en données de chacun des partenaires. Une deuxième ronde d’essais cognitifs a été menée dans quelques villes sélectionnées, au printemps 2008. L’application d’interview téléphonique assistée par ordinateur (ITAO) a été développée et mise à l’essai au cours de l’été et de l’automne 2008.
Afin d’assurer la comparabilité des données, le contenu de l’ECCF est resté intact entre les cycles de 2009 et de 2014. Seules quelques mises à jour mineures ont été effectuées, au besoin. Une nouvelle application a été développée pour l’ECCF de 2014, puis mise à l’essai au cours des premiers mois de 2014.
Échantillonnage
Il s'agit d'une enquête transversale par échantillon.
Cette enquête sur échantillon est fondée sur le plan transversal actuel de l’Enquête auprès de la population active (EPA, numéro d’enregistrement 3701), un plan d’échantillonnage probabiliste complexe à plusieurs degrés. Chaque province est divisée en grandes strates géographiques. Le premier degré d’échantillonnage consiste à sélectionner des régions géographiques plus petites, appelées grappes, dans chacune des strates. Le deuxième degré d’échantillonnage consiste à choisir des logements à l’intérieur de chacune des grappes sélectionnées. L’échantillon de l’EPA est représentatif de la population canadienne civile non institutionnalisée âgée de 15 ans et plus.
L’EPA utilise un plan de sondage avec renouvellement de panel, suivant lequel les logements sélectionnés restent dans l’échantillon de l’EPA pendant six mois consécutifs. Chaque mois, environ le sixième des logements sélectionnés dans le cadre de l’EPA en sont à leur premier mois d’enquête, le sixième des logements en sont à leur deuxième mois d’enquête et ainsi de suite. L’une des caractéristiques du plan de sondage de l’EPA est que chacun des six groupes de renouvellement peut être utilisé comme un échantillon représentatif indépendamment des autres. Afin de s’assurer que la population de toutes les régions des 10 provinces est représentée dans l’ECCF, on a pris deux groupes de renouvellement et sélectionné à partir de ceux-ci un échantillon systématique en se fondant sur une répartition avec puissance (un équilibre entre une répartition proportionnelle et une répartition égale des provinces). Ainsi, des estimations à l’échelle nationale peuvent être diffusées.
Sources de données
Collecte des données pour cette période de référence : 2014-05-12 à 2014-06-21.
Il s’agit d’une enquête à participation volontaire.
Les données sont obtenues directement auprès des répondants.
Les entrevues par personne interposée ne sont pas autorisées.
Les données sont recueillies à l’aide des techniques de l’interview téléphonique assistée par ordinateur (ITAO). Un module frontal contient un ensemble de codes de réponse standards, qui s’appliquent à toutes les issues possibles des appels, ainsi que les scénarios correspondants qui sont lus par les intervieweurs. Une approche normalisée est utilisée pour présenter l’organisme, le nom et le but de l’enquête, les clients de l’enquête, l’utilisation qui sera faite des résultats et la durée de l’interview.
L’application ITAO garantit l’entrée des seules réponses valides et le bon enchaînement des questions. Des contrôles intégrés à l’application garantissent la cohérence des réponses, repèrent et corrigent les valeurs aberrantes, et déterminent à qui sont posées les différentes questions. Ainsi, à la fin du processus de collecte, les données sont déjà passablement « épurées ».
Voir le(s) Questionnaire(s) et guide(s) de déclaration.
7.2. Annexe B—Participants et analyses
Participants
Les analyses ont été réalisées à l’aide du fichier principal de l’Enquête canadienne sur les capacités financières (ECCF) 2014 du Centre fédéral de données de recherche (CFDR) de Statistique Canada. Les règles de divulgation du CFDR interdisent la communication de données relatives à des échantillons de tailles non pondérées. Par conséquent, des données descriptives pondérées sont présentées afin de décrire la population représentée par l’échantillon.
Quasi-retraités
Le groupe des quasi-retraités était composé d’un échantillon pondéré de 3 153 143 casNote de bas de page 14 qui remplissaient à la fois le critère « âgé de 55 ans ou plus » (RESPAGE ≥ 55) et l’un des critères suivants : employé (LF_01 = 1); travailleur autonome (LF_01 = 2); sans emploi et cherchant du travail (LF_01 = 3) . Ce groupe était surtout composé de répondants dans la tranche d’âge de 55 à 64 ans (82,8 %) et comptait 51 % de femmes. Environ les trois quarts (74,3 %) de l’échantillon étaient dans une relation de couple (GMARSTAT = 1). Le revenu du ménage était distribué de telle façon que 8,1 % des ménages se situent dans le quintile inférieur du revenu (moins de 32 001 $ par an; HINCQUIN = 1) et 28,6 %, dans le quintile supérieur (plus de 120 000 $ par an; HINCQUIN = 5).
Retraités
Le groupe des aînés retraités était constitué d’un échantillon pondéré de 3 839 037 cas qui remplissaient à la fois le critère « âgé de 65 ans ou plus » (variable RESPAGE, valeur ≥ 65) et le critère de la retraite (variable LF_01 = 5). L’âge moyen de ce groupe était de 74 ans (RESPAGE x = 73,92 ans) et le groupe était constitué à 51,3 % de femmes. Comparativement au groupe des quasi-retraités, une plus faible majorité des retraités étaient dans une relation de couple (64,8 %) et une plus forte proportion des retraités avaient un revenu du ménage dans les trois quintiles inférieurs (83,2 %).
Pondération
Aux fins des analyses, nous avons repondéré les cas en appliquant une pondération « normalisée ». Pour ce faire, nous avons divisé chacun des « poids du fichier principal de l’Enquête, personne » (variable : WTPM, disponible dans l’ensemble de données de l’ECCF) tels qu’attribués par Statistique Canada, par la valeur moyenne du « poids du fichier principal de l’Enquête, personne », afin de maintenir une pondération relative appropriée qui assure un échantillon représentatif de la population tout en réduisant l’effet inflationniste de la pondération en fonction de la population sur les tests statistiques.
Variables indépendantes
Confiance en soi en matière de finances
Nous avons mesuré la confiance à l’aide de cinq questions qui demandaient aux répondants de s’autoévaluer sur les variables suivantes : 1) niveau de connaissances financières, 2) capacité de faire un suivi de son argent, 3) capacité de joindre les deux bouts, 4) recherche du meilleur produit financier et 5) recherche d’information sur les questions financières. Chacune de ces questions était présentée sur une échelle de Likert à quatre points : très bon, bon, assez bon, pas très bon. Nous avons codé les réponses de sorte que les résultats plus élevés étaient plus positifs que les résultats moins élevés. Une analyse en composantes principales nous a permis de réduire ces variables à un seul résultat sur une échelle de -2 à 2. Une cote négative plus faible se situant entre -2 et -0,5 correspondait à une faible confiance en soi en matière de finances, tandis qu’un nombre positif plus élevé se situant entre 0,5 et 2 correspondait à une confiance en soi en matière de finances plus élevée Les répondants qui ont « modérément » confiance en leurs connaissances et compétences financières auraient une cote se situant entre -0,49 et 0,49. La variable de confiance en soi en matière de finances obtenue montrait un bon niveau de cohérence interne ( = 0,736).
Connaissances objectives
Nous avons calculé le score des connaissances en additionnant les bonnes réponses obtenues aux 14 questions d’évaluation objective (c.-à-d., OA_01 à OA_14), soit un score maximum de 14 et un score minimum de 0. Ce calcul du score obtenu au questionnaire a saisi les répondants n’ayant fourni aucune réponse aux 14 questions d’évaluation objectives comme ayant un score de 0, ce qui a influé sur l’exactitude de la répartition de la variable. Notre évaluation a révélé que les répondants ayant obtenu un score de 0 ne représentaient que ceux qui avaient sauté toutes les questions. Nous avons donc exclu de l’analyse tous ces cas. Nous avons ensuite groupé les autres cas en trois catégories : score faible (≤ 5), score moyen (6 à 10) et score élevé (≥ 11). L’échelle ainsi obtenue avait un bon niveau de cohérence interne (α = 0,814).
Respect du budget du ménage
Nous avons calculé cette variable d’après les réponses à la question « Dans quelle mesure respectez-vous votre budget? » (OE_12). Les répondants indiquant Toujours et Habituellement ont été codés 1 et tous les autres (y compris ceux ayant correctement sauté la question parce qu’ils avaient indiqué ne pas faire de budget à la question 0E_11) ont été codés 0.
Variables cumulées
Nous avons traité les trois variables ci-dessous de la même façon :
- Mise en pratique des conseils sur les produits financiers (FC_01A à FC_01G)
- Recherche de conseils sur les investissements (FC_04A à FC_04H)
- Surveillance de sujets financiers (FC_05A à FC_05J)
Pour chacune de ces questions, les répondants devaient sélectionner toutes les options s’appliquant à leur situation. Nous avons fait la somme des réponses « oui » par question pour chaque participant. Cette méthode a saisi les répondants n’ayant répondu à aucune des questions comme ayant un score de 0 et notre évaluation a révélé que certains répondants ayant obtenu ce score avaient volontairement choisi cette réponse. Par conséquent, nous avons exclu de l’analyse les répondants qui n’avaient pas répondu aux questions tandis que nous avons pris en compte ceux qui avaient volontairement répondu 0. La répartition de ces variables cumulées était fortement biaisée, la plupart des répondants indiquant 0, 1 ou 2 sujets. Par conséquent, nous avons recodé les variables dans trois catégories : 0 = 0 sujet; 1 = 1 sujet et 2 = 2 sujets ou plus.
Variables dépendantes, ensemble 1 (retraités)
Votre niveau de vie à la retraite répond-il à vos attentes?
Nous avons calculé cette variable d’après les réponses à la question « Comparativement à vos attentes avant la retraite, comment décririez-vous votre niveau de vie financier à la retraite? » (RP_10). La question a été recodée selon une variable binaire : 1) le niveau de vie à la retraite est comme prévu ou mieux; 2) le niveau de vie à la retraite est pire que prévu.
Le revenu de retraite est-il suffisant pour payer les dépenses mensuelles?
Nous avons calculé cette variable d’après les réponses à la question « Votre revenu de retraite est-il suffisant pour vous permettre de payer confortablement vos dépenses mensuelles? » (RP_11). La question a été recodée selon une variable binaire : 1) est capable de payer ses dépenses mensuelles à la retraite; 2) a du mal à payer ses dépenses mensuelles à la retraite.
Variables dépendantes, ensemble 2 (quasi-retraités)
Avez-vous un REER?
Nous avons calculé cette variable d’après les réponses à la question « Est-ce que vous ou quelqu'un de votre famille avez présentement un Régime enregistré d'épargne retraite (REER)? » (AD_03). La question a été recodée selon une variable binaire : 1) a un REER ou un membre de la famille a un REER; 2) n’a pas de REER et aucun membre de la famille n’a un REER.
Avez-vous un CELI?
Nous avons calculé cette variable d’après les réponses à la question « Excluant les Régimes enregistrés d'épargne retraite (REER), est-ce que vous ou un autre membre de votre famille possédez les avoirs financiers suivants? (Compte d'épargne libre d'impôt - CELI)? » (AD_07D). La question a été recodée selon une variable binaire : 1) a un CELI ou un membre de la famille a un CELI; 2) n’a pas de CELI et aucun membre de la famille n’a un CELI.
Confiant que le futur revenu du ménage fournira un revenu de retraite adéquat?
Nous avons calculé cette variable d’après les réponses à la question « Si l'on tient compte de toutes les sources de revenu de retraite de votre ménage (y compris les sources gouvernementales, personnelles et professionnelles), à quel point êtes-vous confiant(e) que le revenu de votre ménage lors de votre retraite vous permettra d'avoir le niveau de vie espéré? » (RP_08). La question a été recodée selon une variable binaire : 1) très confiant ou assez confiant que le revenu fournira un revenu de retraite adéquat; 2) pas très confiant ou aucunement confiant que le revenu fournira un revenu de retraite adéquat.
Avez-vous une bonne idée du montant d’argent dont vous aurez besoin à la retraite?
Nous avons calculé cette variable d’après les réponses à la question « Avez-vous une bonne idée du montant d'argent que vous devrez épargner pour maintenir votre niveau de vie au moment de votre retraite? » (RP_09). La question est déjà binaire : 1) Oui; 2) Non.
7.3. Annexe C — Résultats des analyses de régression logistique
Les tableaux suivants décrivent les résultats des analyses de régression logistique que nous avons résumées et décrites dans le document.
Variable | Exp (ß) | E.-T. | p | I.C. à 95 % Exp (ß) |
---|---|---|---|---|
Àge | 1,058 | 0,015 | 0,000 | 1,028-1,088 |
Sexe | 1,014 | 0,182 | 0,937 | 7,10-1,449 |
État matrimonial | 1,043 | 0,192 | 0,828 | 7,16-1,518 |
Quintile du revenu du ménage 1 | Référent | Référent | Référent | Référent |
Quintile du revenu du ménage 2 | 1,120 | 0,206 | 0,584 | 0,747-1,677 |
Quintile du revenu du ménage 3 | 1,372 | 0,267 | 0,236 | 0,813-2,317 |
Quintile du revenu du ménage 4 | 1,888 | 0,377 | 0,091 | 0,902-3,950 |
Quintile du revenu du ménage 5 | 7,201 | 0,668 | 0,003 | 1,944-26,672 |
Niveau de scolarité | 1,086 | 0,037 | 0,027 | 1,010-1,168 |
Notre de confiance en soi en matière de finances | 1,602 | 0,096 | 0,000 | 1,326-1,936 |
Connaissances financières | 1,056 | 0,152 | 0,723 | 7,83-1,423 |
Respect d'un budget | 0,732 | 0,182 | 0,086 | 0,513-1,045 |
Renseignements sur les investissement | 1,175 | 0,135 | 0,233 | 0,901-1,533 |
Conseil sur des produits | 2,362 | 0,421 | 0,041 | 1,036-5,386 |
Surveillance financiére | 0,698 | 0,104 | 0,001 | 0,569-0,856 |
Constante | 0,106 | 10,492 | 0,133 | - |
Le modèle est significatif χ2(14) = 96,729, p = 0,000. Le modèle explique 15,6 % (R2 de Nagelkerke) de la variance du niveau de vie à la retraite et a classé correctement 78,2 % des cas.
Variable | Exp (ß) | E.-T. | p | I.C. à 95 % Exp (ß) |
---|---|---|---|---|
Àge | 1,053 | 0,017 | 0,002 | 1,019-1,088 |
Sexe | 1,073 | 0,209 | 0,738 | 0,711-1,617 |
État matrimonial | 0,753 | 0,213 | 0,184 | 0,496-1,144 |
Quintile du revenu du ménage 1 | Référent | Référent | Référent | Référent |
Quintile du revenu du ménage 2 | 1,823 | 0,237 | 0,011 | 1,247-4,601 |
Quintile du revenu du ménage 3 | 2,395 | 0,333 | 0,009 | 1,156-6,798 |
Quintile du revenu du ménage 4 | 2,803 | 0,452 | 0,023 | 0,964-6,223 |
Quintile du revenu du ménage 5 | 2,449 | 0,476 | 0,060 | 0,831-0,982 |
Niveau de scolarité | 0,903 | 0,043 | 0,017 | 1,464-2,245 |
Note de confiance en soi en matière de finances | 1,813 | 0,109 | 0,000 | 0,865-1,715 |
Connaissance financières | 1,218 | 0,175 | 0,259 | 0,509-1,182 |
Respect d'un budget | 0,775 | 0,175 | 0,237 | 1,349-2,570 |
Renseignements sur les investissments | 1,862 | 0,164 | 0,000 | 0,521-3,133 |
Conseil sur des produits | 1,277 | 0,458 | 0,593 | 0,735-1,193 |
Surveillance financière | 0,936 | 0,124 | 0,593 | - |
Constante | 0,151 | 10,618 | 0,243 |
Le modèle est significatif χ2(14) = 98,512, p = 0,000. Le modèle explique 17,9 % (R2 de Nagelkerke) de la variance de la gestion des dépenses mensuelles à la retraite et a classé correctement 85,8 % des cas.
Variable | Exp (ß) | E.-T. | p | I.C. à 95 % Exp (ß) |
---|---|---|---|---|
Àge | 0,967 | 0,022 | 0,116 | 0,927-1,008 |
Sexe | 1,016 | 0,224 | 0,943 | 0,655-1,577 |
État matrimonial | 0,444 | 0,221 | 0,000 | 0,287-0,685 |
Quintile du revenue du ménage 2 | Référent | Référent | Référent | Référent |
Quintile du revenue du ménage 3 | 2,349 | 0,269 | 0,001 | 1,387-3,979 |
Quintile du revenue du ménage 4 | 2,659 | 0,280 | 0,000 | 1,536-4,604 |
Quintile du revenue du ménage 5 | 8,007 | 3,810 | 0,000 | 3,795-16,896 |
Niveau de scolarité | 1,047 | 0,046 | 0,314 | 0,957-1,146 |
Note de confiance en soi en finances | 1,137 | 0,106 | 0,226 | 0,924-1,398 |
Connaissances financières | 1,555 | 0,184 | 0,017 | 1,084-2,232 |
Respect d'un budget | 0,681 | 0,224 | 0,086 | 0,439-1,055 |
Renseignements sur les investiessments | 1,088 | 0,174 | 0,630 | 0,773-1,531 |
Conseil sur des produits | 4,010 | 0,405 | 0,001 | 1,813-8,867 |
Surveillance financière | 1,026 | 0,131 | 0,845 | 0,794-1,326 |
Constante | 2,287 | 10,438 | 0,565 | - |
Le modèle est significatif χ2 (13) = 146,55, p = 0,000. Le modèle explique 29,7 % (R2 de Nagelkerke) de la variance dans les ménages de quasi-retraités ayant un REER et il a correctement classé 81,2 % des cas.
Variable | Exp (ß) | E.-T. | p | I.C. à 95 % Exp (ß) |
---|---|---|---|---|
Àge | 1,017 | 0,017 | 0,339 | 0,983-1,052 |
Sexe | 0,553 | 0,178 | 0,001 | 0,390-0,783 |
État matrimonial | 0,772 | 0,193 | 0,182 | 0,529-1,128 |
Quintile du revenu du ménage 1 | Référent | Référent | Référent | Référent |
Quintile du revenu du ménage 2 | 1,570 | 0,366 | 0,218 | 0,766-3,217 |
Quintile du revenu du ménage 3 | 1,101 | 0,362 | 0,790 | 0,541-2,239 |
Quintile du revenu du ménage 4 | 1,359 | 0,359 | 0,393 | 0,672-2,748 |
Quintile du revenu du ménage 5 | 2,467 | 0,367 | 0,014 | 1,203-5,060 |
Niveau de scolarité | 1,047 | 0,037 | 0,209 | 0,974-1,126 |
Note de confiance en soi en matière de finances | 1,583 | 0,089 | 0,000 | 1,330-1,885 |
Connaissances financières | 1,130 | 0,145 | 0,401 | 0,850-1,502 |
Respect d'un budget | 0,752 | 0,175 | 0,104 | 0,534-1,061 |
Renseignements sur les investissements | 1,244 | 0,136 | 0,108 | 0,953-1,625 |
Conseil sur des produits | 1,967 | 0,201 | 0,001 | 1,325-2,919 |
Surveillance financière | 1,013 | 0,103 | 0,899 | 0,828-1,240 |
Constante | 0,136 | 10,145 | 0,081 | - |
Le modèle est significatif χ2 (14) = 122,829, p = 0,000. Le modèle explique 20,5 % (R2 de Nagelkerke) de la variance dans les ménages de quasi-retraités ayant un CELI et a correctement classé 68,3 % des cas.
Variable | Exp (ß) | E.-T. | p | I.C. à 95 % Exp (ß) |
---|---|---|---|---|
Àge | 1,043 | 0,020 | 0,037 | 1,003-1,086 |
Sexe | 0,975 | 0,190 | 0,893 | 0,671-1,415 |
État matrimonial | 0,615 | 0,202 | 0,016 | 0,414-0,913 |
Quintile du revenu du ménage 1 | Référent | Référent | Référent | Référent |
Quintile du revenu du ménage 2 | 0,200 | 0,366 | 0,000 | 0,098-0,409 |
Quintile du revenu du ménage 3 | 0,653 | 0,360 | 0,237 | 0,323-1,322 |
Quintile du revenu du ménage 4 | 0,308 | 0,001 | 0,359 | 0,152-0,622 |
Quintile du revenu du ménage 5 | 1,318 | 0,395 | 0,484 | 0,608-2,858 |
Niveau de scolarité | 1,081 | 0,040 | 0,052 | 0,999-1,170 |
Note de confiance en soi en matière | 1,947 | 0,098 | 0,000 | 1,606-2,361 |
Connaissances financières | 0,777 | 0,157 | 0,108 | 0,571-1,057 |
Respect d'un budget | 0,873 | 0,194 | 0,483 | 0,597-1,276 |
Renseignements sur les investissements | 1,174 | 0,148 | 0,280 | 0,878-1,569 |
Conseil sur des produits | 2,352 | 0,264 | 0,001 | 1,402-3,945 |
Surveillance financière | 0,916 | 0,113 | 0,436 | 0,764-1,143 |
Constante | 0,284 | 10,312 | 0,338 | - |
Le modèle est significatif χ2 (14) = 191,171, p = 0,000. Le modèle explique 31,4 % (R2 de Nagelkerke) de la variance dans le revenu des ménages permettant un niveau de vie adéquat à la retraite chez les quasi-retraités et il a correctement classé 74,3 % des cas.
Variable | Exp (ß) | E.-T. | p | I.C. à 95 % Exp (ß) |
---|---|---|---|---|
Âge | 1,042 | 0,018 | 0,020 | 1,007-1,079 |
Sexe | 1,357 | 0,174 | 0,080 | 0,964-1,910 |
État matrimonial | 0,881 | 0,193 | 0,510 | 0,604-1,285 |
Quintile du revenu du ménage 1 | Référent | Référent | Référent | Référent |
Quintile du revenu du ménage 2 | 1,482 | 0,356 | 0,270 | 0,737-2,980 |
Quintile du revenu du ménage 3 | 1,051 | 0,352 | 0,888 | 0,528-2,093 |
Quintile du revenu du ménage 4 | 1,024 | 0,351 | 0,946 | 0,514-2,038 |
Quintile du revenu du ménage 5 | 1,569 | 0,359 | 0,209 | 0,777-3,167 |
Niveau de scolarité | 0,997 | 0,037 | 0,931 | 0,927-1,072 |
Note de confiance en soi en matière de finances | 1,366 | 0,087 | 0,000 | 1,152-1,621 |
Connaissances financières | 1,764 | 0,146 | 0,000 | 1,325-2,347 |
Respect d'un budget | 1,984 | 0,173 | 0,000 | 1,413-2,785 |
Renseignements sur les investissements | 1,080 | 0,138 | 0,574 | 0,825-1,415 |
Conseil sur des produits | 1,602 | 0,209 | 0,024 | 1,063-2,413 |
Surveillance financière | 1,317 | 0,101 | 0,007 | 1,080-1,606 |
Constante | 0,004 | 10,201 | 0,000 | - |
Le modèle est significatif χ2 (14) = 156,419, p = 0,000. Le modèle explique 25,2 % (R2 de Nagelkerke) de la variance dans la connaissance du montant nécessaire pour la retraite et il a correctement classé 71,5 % des cas.
Détails de la page
- Date de modification :