Discours de la ministre des Affaires étrangères sur la modernisation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA)
Discours
Le 14 août 2017 – Ottawa, Canada
Sous réserve de modifications. Ce discours a été traduit en conformité avec la Politique sur les langues officielles du gouvernement du Canada et révisé aux fins d’affichage et de distribution conformément à sa politique sur les communications.
Bonjour et merci de votre présence. Je désire reconnaître que nous sommes réunis sur le territoire traditionnel des Algonquins.
Dans son ouvrage sur la guerre de 1812, l’historien Alan Taylor décrit la façon dont, au plus fort du conflit entre les États-Unis et le Canada britannique, les forces américaines ont inexplicablement choisi de ne pas envahir la vallée du Saint-Laurent.
Cette invasion aurait pu radicalement changer l’issue de la guerre. Cependant, elle ne s’est jamais produite.
Selon M. Taylor, les marchands et les agriculteurs américains et canadiens des villages frontaliers d’Ogdensburg, dans l’État de New York, et de Prescott, en Ontario (à environ une heure de route d’ici) étaient des commerçants transfrontaliers enthousiastes. Certains d’entre eux, du côté américain, exerçaient une influence à Washington.
Comme l’ont fait valoir avec succès les entrepreneurs américains, tout combat aurait eu une incidence néfaste sur le commerce. Ils ont donc exhorté Washington à la prudence.
M. Taylor souligne qu’une affiche érigée à la frontière par des Canadiens illustre bien le climat qui régnait. Un aigle américain et un lion britannique étaient accompagnés du slogan suivant : « Si tu ne griffes pas, je ne mordrai pas. »
Comme vous pouvez l’imaginer, cette histoire me plaît beaucoup.
Elle symbolise l’un des éléments les plus importants du commerce : l’objectif commun, au-delà des frontières nationales, de combler des besoins communs, et ce, même dans les circonstances les plus exceptionnelles. Le commerce joue un rôle d’adhésif et rapproche les gens, malgré l’effet contraire que peuvent avoir les divergences politiques.
Le Canada est — et a toujours été — un pays de commerçants. Depuis les premières activités commerciales des peuples autochtones jusqu’à la traite des fourrures des voyageurs à l’échelle continentale, en passant par l’économie agraire des années 1800, la ruée vers l’or du Klondike dans les années 1890, la découverte de pétrole à Leduc en 1947 et la situation actuelle, où nous vendons à la fois notre ingéniosité et nos ressources, les Canadiens ont toujours été des commerçants.
Les exportations, qui constituent la pierre angulaire de notre économie, correspondent au tiers de notre PIB. Les importations approvisionnent nos entreprises, alimentent notre production et répondent à nos besoins de consommation.
La réussite de ce projet a exigé un mélange entièrement canadien de cran, d’initiative, d’adaptation et de résilience. Cela fait autant partie de notre identité que le fait de savoir composer avec le froid, chasser les mouches noires et les moustiques, et endurer les longues nuits froides de l’hiver.
Notre démarche découle d’une connaissance essentielle. Nous exerçons des activités commerciales, librement et équitablement, sachant qu’il ne s’agit pas d’un jeu à somme nulle.
Lorsque les innovateurs des deux côtés d’une frontière sont libres de créer et de vendre leurs meilleurs produits à un marché élargi, tout en accédant à des biens et à des services de l’autre côté, tout le monde est gagnant.
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Voilà qui m’amène à l’Accord de libre-échange nord-américain [ALENA] et du projet historique que nous lançons, en collaboration avec nos voisins, afin de moderniser cet accord historique en fonction du XXIe siècle.
Le commerce concerne les personnes. Il consiste à créer les conditions optimales pour favoriser la croissance, l’emploi ainsi que la prospérité des personnes et des familles de travailleurs.
Voilà pourquoi nous modernisons l’ALENA. Voilà pourquoi nous saisissons cette occasion d’améliorer un accord qui est déjà bon.
En 1987, ce n’était pas évident pour quiconque, lorsque l’Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis a d’abord été conclu, que cela constituait une bonne idée.
Le Parti libéral, qui représentait l’opposition à cette époque, s’était opposé à l’accord. Ma chère mère, qui s’est portée candidate pour le NPD dans la circonscription d’Edmonton-Strathcona en 1988, s’y était même opposée. Le premier ministre Brian Mulroney, qui mérite le crédit qui lui revient, avait misé son poste sur l’adoption de cet accord de libre-échange. Il avait raison.
Ainsi, deux décennies plus tard, dans notre pays, le débat est réglé, car les résultats sont clairs. La zone de libre-échange nord-américaine est devenue la plus grande zone économique au monde. Le Canada, les États-Unis et le Mexique représentent conjointement le quart du PIB mondial, alors qu’ils abritent sept % de la population mondiale. Depuis 1994, le commerce entre les partenaires de l’ALENA a grosso modo triplé; ce marché régional vaut maintenant dix-neuf billions de dollars et englobe quatre cent soixante-dix millions de consommateurs. Grâce à l’ALENA, l’économie du Canada est deux virgule cinq % plus importante qu’elle ne serait autrement (C’est comme si, depuis la ratification de l’ALENA, le Canada avait reçu annuellement un chèque de vingt milliards de dollars.)
En raison de l’ALENA, l’économie nord-américaine est fortement intégrée, la compétitivité de nos sociétés sur le marché mondial est accrue et des emplois supplémentaires sont créés sur notre continent.
Le mois dernier, le premier ministre a souligné aux gouverneurs américains l’exemple de Magna, une société prépondérante de l’Ontario qui emploie soixante-deux mille Américains, vingt-deux mille Mexicains et vingt mille Canadiens. Magna fabrique des pièces et des composants automobiles grâce à des chaînes d’approvisionnement qui traversent les frontières.
Nous pouvons citer l’exemple de l’entreprise américaine Pratt & Whitney, un chef de file à l’échelle mondiale en fabrication de moteurs aéronautiques. Son siège social se trouve au Connecticut, mais elle compte des milliers d’employés au Canada par le biais de sa filiale canadienne. Tout comme celle de Magna, la réussite de Pratt & Whitney est fondée sur les chaînes d’approvisionnement transfrontalières. En ce qui concerne une pièce de moteur, aucune frontière n’existe.
Precision Drilling, une entreprise de l’Alberta, est l’un des plus importants fournisseurs de services de forage pétrolier à l’échelle mondiale; cette entreprise florissante exerce ses activités au Canada, aux États-Unis et au Mexique. Au départ, en 1984, elle disposait de trois installations de forage pétrolier. Elle en possède actuellement plus de deux cent quarante dans le monde et compte neuf mille employés dans l’ensemble de l’Amérique du Nord. Pour cette entreprise, une frontière commerciale « mince » est très importante.
Selon moi, l’ALENA constitue une histoire de réussite extraordinaire. Et à l’heure actuelle, les Canadiens sont en grande partie d’accord avec cette évaluation. En mai, un sondage du Pew Research Center a révélé que soixante-quatorze % des personnes interrogées estimaient que l’ALENA avait été bénéfique au Canada.
Ce consensus est remarquable. Il s’étend au-delà du spectre politique et transparaît dans la grande qualité des membres qui se sont récemment joints à notre conseil de l’ALENA, notamment Rona Ambrose, Brian Topp et James Moore. Ces personnes ont mis la politique partisane de côté afin de défendre l’intérêt national. Je leur en suis reconnaissante.
Notre mission est donc claire. Nous défendons les intérêts de tous les Canadiens, et même ceux de la grande collectivité nord-américaine. Si nous réussissons, les travailleurs des trois pays tireront parti de nos efforts.
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Maintenant, alors que nous louons les avantages du commerce mondial, nous ne devrions pas nous bercer d’illusions et croire que nous avons des accords commerciaux parfaits ou une économie idéale. C’est faux. C’est ce qui rend ce moment aussi important.
Trop de travailleurs se sentent abandonnés par l’économie mondiale du XXIe siècle et ont voté en conséquence, délaissant la vision libérale moderne du commerce, de la croissance et de l’ouverture au monde. Dans le monde industrialisé, trop de villes et de vies ont été brisées par les fermetures d’usines et le travail précaire.
Bien que l’inégalité des revenus ne soit pas aussi extrême au Canada que dans d’autres pays, c’est une préoccupation ici aussi. Dans notre pays prospère, les membres d’un trop grand nombre de collectivités n’ont pas du tout l’impression d’être prospères : ils se sentent délaissés par une économie de plus en plus répartie entre le groupe des plus riches, le un % au sommet de l’échelle, et tous les autres.
Si nous n’agissons pas maintenant, les Canadiens risquent de perdre la foi envers les idées d’une société ouverte, de l’immigration et du libre-échange, tout comme tant d’autres dans le monde industrialisé occidental. Voilà le principal défi économique et social auquel nous sommes confrontés. S’attaquer à ce problème constitue la mission primordiale de notre gouvernement.
Par conséquent, il est essentiel que nous adoptions deux mesures.
Tout d’abord, nous devons éviter de faire de « l’autre » un bouc émissaire.
Même si la mondialisation économique a exercé une pression sur certains de nos emplois, l’automatisation et la numérisation ont eu une incidence beaucoup plus importante.
La nature même du travail a connu une véritable révolution au cours des vingt dernières années et a été influencée par des changements technologiques profonds. Et avec la croissance de l’intelligence artificielle, nous nous apprêtons à vivre des changements encore plus dramatiques. Ces innovations sont en grande partie positives et peuvent nous rendre tous plus prospères.
Par contre, et c’est ce qui m’amène à mon deuxième argument, cela ne peut se produire que si les gains du commerce sont équitablement et largement distribués.
Nous devons partager les fruits du commerce de façon à ce que les plus riches paient davantage d’impôts et tous les autres, un peu moins. Nous devons soutenir les retraités et les familles, et investir de manière ambitieuse dans l’éducation et la formation. Nous devons offrir une Allocation canadienne pour enfants plus généreuse, un des premiers gestes que ce gouvernement a posés.
C’est l’élément tout-puissant, celui qui crée un lien entre le commerce libre et la politique intérieure équitable : si la seconde est absente, le premier se détériore. Et si le premier est manquant, la seconde est inaccessible. Ils doivent progresser ensemble, d’un même pas.
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Ces négociations historiques concernant l’ALENA doivent s’amorcer dans deux jours. Nous sommes enthousiastes à l’idée de commencer à travailler, surtout parce que nous savons que l’incertitude n’est jamais une bonne chose pour notre économie.
D’après les renseignements diffusés par les médias, vous pourriez penser que nous nous préparons depuis février. En fait, nous avons commencé notre planification dès que l’ALENA est devenu un enjeu de la campagne présidentielle américaine.
À ce moment, à l’été 2016, j’ai demandé à des représentants commerciaux de commencer à mettre en œuvre un plan au cas où l’accord serait rouvert ou renégocié. C’est ainsi qu’est née la stratégie que nous avons utilisée, c’est-à-dire d’exercer une forte pression à l’échelle pangouvernementale, de manière bipartisane, afin de préserver les aspects positifs de l’ALENA pour le Canada et de trouver les éléments de l’accord qui peuvent être améliorés.
Nous avons expliqué à nos amis du Sud que le Canada est le plus important marché d’exportation des deux tiers des États américains et leur plus gros client en général, et de loin. De fait, le Canada achète plus des États-Unis que de la Chine, du Royaume‑Uni et du Japon réunis.
Nos partenaires américains ont écouté. À présent, ils comprennent, comme nous le faisons, que notre relation, le plus important partenariat économique à l’échelle mondiale, est équilibrée et mutuellement profitable. Ainsi, en 2016, les échanges de biens et services entre le Canada et les États-Unis se sont élevés à six cent trente-cinq milliards de dollars américains. Ces échanges ont été quasiment parfaitement réciproques. De fait, les États-Unis ont engendré un léger surplus de huit virgule un milliards de dollars américains, soit moins de un virgule cinq pour cent de notre commerce total. C’est certainement une des raisons pourquoi, le mois dernier au Rhode Island, le vice-président Pence a affirmé que les États‑Unis ont l’intention de se lancer dans une renégociation qui sera avantageuse pour toutes les parties. Nous étions heureux de l’entendre.
Nous avons aussi collaboré énergiquement avec nos amis du Mexique, notamment dans le cadre de conversations régulières entre le premier ministre Trudeau et le président mexicain Enrique Pena Nieto.
Plus important encore, nous avons écouté les Canadiens. Le gouvernement avait demandé aux citoyens de faire connaître leurs opinions et leurs préoccupations au sujet de l’ALENA; à ce jour, il a reçu plus de vingt-et-un mille observations. Parmi ces documents se trouvent des contributions de seize universitaires et groupes de réflexion, de cent cinquante-huit associations et de cinquante-cinq entreprises et sociétés.
Les objectifs des Canadiens dont je parlerai maintenant sont fondés sur ces vastes consultations. Ce processus ne fait que commencer. Nos négociations avec nos partenaires de l’ALENA seront documentées en consultant constamment les Canadiens.
Voici donc certains objectifs fondamentaux du Canada.
Tout d’abord, nous voulons moderniser l’ALENA. L’accord a été conclu il y a vingt-trois ans. Depuis, la révolution technologique a transformé les économies mondiale, nord-américaine et canadienne. L’ALENA doit en tenir compte afin que nous puissions nous assurer de conserver un secteur des technologies de pointe dynamique et concurrentiel à l’échelle mondiale et pour que tous les secteurs de notre économie puissent tirer pleinement parti de la révolution numérique.
Deuxièmement, l’ALENA devrait être plus progressiste. Sur ce point, nous pourrons nous appuyer sur les idées de l’AECG [Accord économique et commercial global], l’accord commercial le plus progressiste de l’histoire, amorcé par les conservateurs et fièrement achevé par notre gouvernement.
Plus particulièrement, nous pouvons rendre l’ALENA plus progressiste : d’abord en insérant de solides mécanismes de protection relatifs au travail au cœur même de l’accord; deuxièmement, en intégrant des mesures de protection de l’environnement pour s’assurer qu’aucun pays membre de l’ALENA ne puisse réduire la protection de l’environnement en vue d’attirer les investissements, par exemple, et qui appuient pleinement les efforts pour s’attaquer aux changements climatiques; troisièmement, en ajoutant un nouveau chapitre sur les droits en matière d’égalité entre les sexes, conformément à notre engagement en la matière; quatrièmement, en ajoutant un chapitre sur les Autochtones, conformément à notre engagement à améliorer notre relation avec les peuples autochtones; enfin, en réformant le processus de règlement des différends entre investisseurs et États pour nous assurer que les gouvernements possèdent un droit inattaquable d’édicter des règlements dans l’intérêt public.
Une des raisons qui sous-tend l’importance de ces éléments progressistes, en particulier dans les secteurs de l’environnement et du travail, tient au fait qu’ils représentent la façon dont nous garantissons que l’ALENA modernisé sera un accord de libre-échange exemplaire et aussi, un accord commercial équitable. De manière générale, les Canadiens soutiennent le libre-échange. Mais leur enthousiasme s’étiole lorsque les accords commerciaux désavantagent injustement nos travailleurs en raison des normes élevées que nous exigeons de plein droit. Plutôt, nous devons rechercher des accords commerciaux progressistes qui bénéficient à tous, et qui aident les travailleurs au pays et à l’étranger à obtenir de meilleurs salaires et de meilleures conditions.
Troisièmement, cette négociation est une occasion précieuse de faciliter la vie des gens d’affaires des deux côtés de la frontière en réduisant les lourdeurs administratives et en harmonisant les règlements. Nous partageons le désir de ce gouvernement américain de libérer nos entreprises de cette bureaucratie inutile, et cette négociation est une occasion d’agir tout à fait bienvenue en vue d’atteindre cet objectif.
Quatrièmement, le Canada cherchera à obtenir des marchés publics plus libres, une réalisation importante de l’AECG. Les dispositions relatives à un contenu local pour les contrats gouvernementaux d’importance sont de la malbouffe politique, alléchantes en surface, mais malsaines à long terme. La libéralisation des marchés publics devrait aller de pair avec une meilleure harmonisation de la réglementation.
Cinquièmement, nous voulons simplifier le déplacement des professionnels, lequel est de plus en plus essentiel pour que les entreprises puissent innover de part et d’autre des chaînes d’approvisionnement mixtes. Le chapitre seize de l’ALENA, qui traite de l’admission temporaire des gens d’affaires, devrait être revu et étendu pour refléter les besoins de nos entreprises. Encore une fois, l’AECG pourrait servir de modèle.
Sixièmement, le Canada confirmera et préservera les éléments de l’ALENA que les Canadiens jugent essentiels dans l’intérêt national, y compris un processus pour s’assurer que les droits antidumping et compensateurs soient appliqués équitablement lorsque c’est vraiment nécessaire, l’exception dans l’accord visant à préserver la culture canadienne et le système de gestion de l’offre du Canada.
Lors de toutes les discussions, nous nous présenterons à la table en faisant preuve de bonne volonté ainsi qu’en montrant la capacité et la volonté caractéristiques du Canada de parvenir à un compromis et de trouver des solutions gagnantes pour tout le monde. Toutefois, nous nous engageons à conclure un bon accord, pas n’importe quel accord. Pour nous, c’est essentiel.
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Il est fortement dans l’intérêt du Canada, des États-Unis et du Mexique d’en arriver à un accord mutuellement bénéfique. De solides assises économiques sont un argument convaincant pour renforcer ce qui fonctionne et améliorer les éléments qui fonctionnent moins bien. J’ai confiance que cette histoire se terminera bien.
Cependant, et je suis certaine que les Canadiens sont d’accord, le processus pour y arriver pourrait bien comprendre certains moments de vives émotions.
Je dis cela car même si les petits caractères de tels accords peuvent être plutôt soporifiques, les négociations commerciales en soi se caractérisent souvent par au moins quelques moments dramatiques.
C’est en 1987, pendant les premières négociations de l’accord de libre-échange, que l’excellent et regretté Simon Reisman a quitté la table des négociations et est rentré à la maison à la demande de son premier ministre après le refus initial de l’administration Reagan de consentir à l’examen binational contraignant des droits antidumping et compensatoires. Notre gouvernement sera tout aussi déterminé. Si les bonnes clôtures font les bons voisins, les systèmes de règlements des différends solides favorisent les bons partenaires commerciaux.
Ce n’est pas la première fois que je suis témoin de moments dramatiques dans le cadre de négociations commerciales. Nous sommes ravis que l’AECG soit désormais signé et ratifié et qu’il sera appliqué à titre provisoire le 21 septembre. Cependant, avant d’en arriver là, nos négociations avec le gouvernement wallon à Namur ont échoué. J’ai dû prendre la décision difficile de quitter la table des négociations et de rentrer à la maison.
Ainsi, j’aimerais dire aujourd’hui aux Canadiens ce que je dirai à nos partenaires de négociation mercredi : au cours de ces pourparlers, notre attitude sera conforme à notre caractère national, c’est-à-dire que nous travaillerons fort, nous nous appuierons sur des faits, nous serons cordiaux et nous serons animés par un esprit de bonne volonté et la recherche du compromis. Nous savons également que la politesse et la force ne sont pas contradictoires. Ce n’est pas un hasard si le hockey est notre sport national.
Ces négociations marquent un moment très sérieux et lourd de conséquences pour nous tous.
Les accords commerciaux sont toujours importants. S’ils sont bien faits, ils contribuent à créer des emplois bien rémunérés pour la classe moyenne. Toutefois, la négociation d’un nouvel accord commercial est un projet où tout est à faire, comme celui de construire une cabane dans un arbre pour vos enfants ou une remise dans votre cour arrière. L’objectif est de créer quelque chose de nouveau et d’utile. Si les choses tournent mal, il est toujours possible de rentrer à la maison.
La modernisation d’un accord existant — particulièrement un accord comme l’ALENA, qui est si essentiel à notre économie — se rapproche plutôt de la rénovation d’une maison tout en demeurant dans celle-ci.
Qu’il s’agisse par exemple d’une plus belle cuisine ou d’une amélioration énergétique, le résultat final est fantastique. Cependant, pendant la période précédant l’obtention de ce résultat, il peut y avoir un peu de désordre et d’inconfort. Aussi, à certains moments, lorsque la charpente, les tuyaux et les fils électriques sont exposés, la situation peut être un peu déstabilisante.
La préparation à ces négociations a déjà pour effet d’unifier notre pays. Je suis stupéfaite et émue lorsque je vois tout le soutien et toute la collaboration que nous apportent, à mon équipe et à moi, le milieu des entreprises, des travailleurs, de la société civile, tous les ordres de gouvernement et les partis d’opposition. À maintes reprises, des personnes m’ont dit à quel point elles étaient fières d’être canadiennes et à quel point elles étaient déterminées à faire tout en leur pouvoir pour apporter leur aide. Notre conseil de l’ALENA, un organe consultatif et bipartisan de premier plan, en est la preuve par excellence. Et tous les Canadiens sont vraiment chanceux qu’à l’occasion de ces pourparlers, ils seront représentés par les meilleurs négociateurs commerciaux dans le monde. Les représentants commerciaux du Canada sont reconnus à l’échelle mondiale pour leurs exploits et cela représente un privilège pour moi de collaborer avec cette équipe extraordinaire de fonctionnaires canadiens.
J’aimerais conclure sur un ton d’optimisme.
Comme je l’ai dit, ces négociations sont lourdes de conséquences. Nous allons peut-être vivre des moments dramatiques.
Cependant, je suis foncièrement optimiste quant au résultat final.
Mon optimisme repose sur la réalité fondamentale suivante : les relations économiques entre le Canada et les États-Unis sont les plus importantes, les plus efficaces et les plus mutuellement avantageuses du monde entier. Nous le savons. Nos voisins américains le savent aussi, particulièrement après que leur ami du Nord le leur ait rappelé constamment pendant six mois.
De bonnes bases entraînent de bons résultats, et c’est ce que nous obtiendrons.
Je vous remercie.
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