Allocution de l'honorable Carolyn Bennett, ministre des Affaires autochtones et du Nord, lors de la 38e assemblée générale annuelle de l'Assemblée des Premières Nations.

Discours

Greetings! Tan-say  – Ah-Neen  – Kway  – Gway – Mahsi Ah-ban-ah-ness – Bonjour!

C’est un honneur pour moi d’être ici, sur le territoire du Traité no 4, avec vous aujourd’hui.

Je tiens d’abord à féliciter les joueurs de tambour du groupe Whitefish Junior.

Je tiens à remercier l’aîné Buffalo pour sa prière, qui nous a permis de commencer l’assemblée du bon pied.

Je tiens à remercier les chefs, les conseillers, les aînés, les jeunes, mes collègues du Cabinet, Andrew Scheer, Jasmeet Singh et les autres observateurs qui sont présents aujourd’hui.

Je tiens également à saluer les membres des Premières Nations qui ont dû quitter leurs terres et leurs foyers en raison des feux de forêt.

Et je ne peux passer sous silence le courage des Premières Nations qui épaulent les intervenants de premières lignes et qui luttent contre le feu pour protéger leurs terres tout en ouvrant leurs collectivités et leurs cœurs aux personnes qui ont dû quitter leur domicile.

Nous sommes avec vous. Nous vous aiderons à reconstruire rapidement et nous travaillerons avec vous afin de mieux protéger vos collectivités pour l’avenir.

Je vous citerai d’abord le chef Poundmaker, véritable visionnaire.  

Cela me semble particulièrement de circonstance surtout que, si j’ai bien compris, certains objets ayant appartenu au chef Poundmaker ont été rendus à la Première Nation.

Voici ce qu’il disait sur la nécessité de se tourner vers l’avenir sans arrêter trop longtemps :

Nous connaissons tous l’histoire de l’homme qui resta assis en bordure du sentier si longtemps que la végétation finit par recouvrir le sentier et l’empêcher de retrouver son chemin. Nous ne pourrons jamais oublier ce qui s’est produit, mais nous ne pouvons pas non plus revenir en arrière. Et nous ne pouvons pas non plus simplement attendre en bordure du sentier.

Ce matin, je vais vous épargner le discours habituel qui énumère la liste des investissements historiques que nous avons faits et de toutes les étapes que nous avons franchies ensemble au cours de la dernière année et demie sur la voie de la réconciliation. J’aimerais que nous regardions un peu plus loin sur le chemin.

Je vous épargnerai le discours habituel, qui énumère tous  les investissements historiques que nous avons faits ainsi que les étapes que nous avons franchies ensemble au cours de la dernière année et demie sur la voie de la réconciliation.

J’aimerais plutôt que nous regardions vers l’avenir. Nous avons la chance de passer à l’histoire ensemble. Nous avons l’obligation, envers nos enfants et nos petits-enfants, de définir une vision ambitieuse, de prendre des mesures audacieuses et de sortir des sentiers battus.
 
La romancière acclamée Tracey Lindberg affirme ce qui suit :

Dans la réconciliation, c’est le « ré » qui me semble le plus ardu, car il signifie qu’il faut se détourner des sentiers battus et explorer des endroits où nous ne sommes encore jamais allés.

Nous devons écouter nos ancêtres et corriger les erreurs du passé ensemble, puis établir, ensemble aussi, un chemin qui mènera vers un lieu qui nous est encore inconnu, comme Tracey en parle.

Pour notre gouvernement, la réconciliation se fera en trois volets : éliminer les écarts, établir une nouvelle relation fondée sur la reconnaissance des droits, le respect, la collaboration et les partenariats et travailler sans relâche pour atteindre l’objectif crucial de l’autodétermination.   

Je poserai d’abord quelques questions, qui donnent suite aux remarques de mon amie et collègue, la ministre de la Justice. Dans dix ans, combien d’entre vous fonctionneront toujours sur le modèle prévu à la Loi sur les Indiens?

Combien parmi vous feront partie de nations reconstituées et autonomes?

Combien parmi vous seront témoins de l’autodétermination de votre nation un jour?

Lors des consultations tenues à Winnipeg-Nord, un résidant a posé une question très intéressante :

« Pourquoi le pauvre a-t-il des programmes et la classe moyenne des institutions? »

Il avait raison. Le Canada doit en finir avec la fourniture de programmes et travailler avec vous pour bâtir des institutions dirigées par les Premières Nations et l’autonomie gouvernementale.

L’autonomie gouvernementale bénéficie aux collectivités des Premières Nations.

C’est prouvé.

Les indices de bien-être des collectivités augmentent chez les résidants des collectivités des Premières Nations autonomes.

Dans ces collectivités, les gens sont mieux logés, ont plus de travail et ont des revenus plus élevés.

Lorsque les gens participent aux décisions qui concernent leur collectivité, ils obtiennent de meilleurs résultats. En Suède, l’objectif numéro un en matière de santé est la participation communautaire.

Cela a du sens. Participer pleinement aux décisions concernant les politiques qui nous touchent augmente notre sentiment de contrôle et notre résilience, et renforce notre santé.

Il y a plus de 10 ans, les chercheurs Chandler et Lalonde, en Colombie-Britannique, ont démontré qu’il y avait moins de suicides chez les jeunes des collectivités des Premières Nations qui avaient une « continuité culturelle » – un lien avec leurs traditions et leur culture.

Depuis, nous avons vu une diminution des suicides dans les collectivités bien enracinées dans leurs cérémonies et leur spiritualité et qui contrôlent leurs soins de santé et leur éducation.

C’est le point de départ.

Les enfants ont besoin d’espoir. Ils doivent savoir qu’ils sont appréciés. Ils doivent savoir qu’ils sont – comme le dit le titre de cette assemblée – « notre priorité, notre avenir ».
Hier, au Conseil des jeunes de l’APN, des jeunes personnes inspirantes m’ont parlé de leurs appels à l’action pour promouvoir la vie – des recommandations concrètes destinées aux gouvernements sur des moyens de mettre fin à cette tragédie.

Ils veulent faire partie des solutions. Ils veulent renforcer la capacité dans leurs communautés.

Ils veulent que tous les jeunes aient de meilleures habiletés en matière de promotion de la vie, afin de pouvoir détecter les idées suicidaires de leurs amis et être en mesure de leur dire les bonnes choses pour que ceux ci aillent chercher l’aide dont ils ont besoin.

Ils nous ont demandé de mettre l’accent sur les forces au sein des communautés. Pas seulement sur les lacunes.

Ils veulent que nous mettions en lumière les forces déjà présentes dans les communautés et que nous nous en servions comme base pour aller plus loin. Chacun de ces jeunes a démontré une expertise et une expérience de vie. Nous devons les écouter.

Dans le cadre de mes rencontres avec les conseils de jeunes d’un océan à l’autre, ceux-ci réitèrent le besoin pressant d’offrir des programmes axés sur le territoire ainsi que des possibilités d’immersion linguistique. Ils comprennent l’importance de garantir l’identité culturelle et personnelle.

L’un des domaines les plus importants sur lequel il nous faut travailler ensemble est la protection de l’enfance – ou, plus précisément – les droits et le mieux-être des enfants autochtones. Les cinq premiers appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation portent d’ailleurs sur cette question.

Les statistiques sont consternantes. Vous les connaissez aussi bien que moi.
Nos cœurs se brisent chaque fois qu’un enfant est retiré de votre collectivité. Nous partageons le même objectif, soit celui de veiller à ce que les enfants obtiennent le meilleur départ possible dans la vie. Cela veut dire que nous devons les empêcher dès le départ d’entrer dans le « système ». Et aussi que nous devons mettre un terme à l’industrie de la protection de l’enfance.

Afin de mettre l’accent sur le mieux-être des enfants, les fonds investis doivent profiter aux jeunes, aux familles et aux collectivités, et non aux avocats et aux organismes ou aux parents adoptifs non Autochtones. De plus, les Premières Nations, et non les gouvernements fédéral, provinciaux ou territoriaux, doivent avoir compétence en matière de services à l’enfance et à la famille.

Le mois dernier, j’ai rencontré Katherine Whitecloud, grand-mère et gardienne du savoir de la Nation dakota,  en compagnie d’autres membres du Cercle des grands-mères du Manitoba.
Katherine est membre du Conseil consultatif national sur la réforme de la protection de l’enfance. Elle travaille également avec Cora Morgan de l’Assemblée des chefs du Manitoba (ACM) à une proposition financée par le gouvernement fédéral qui permettrait aux grands-mères de s’assurer que les enfants sont élevés au sein leur collectivité, et ce, dans leur langue et culture.

Cora Morgan et l’ACM ont déjà lancé le projet mocassin, dans le cadre duquel les personnes qui y prennent part sont « sur appel » lorsqu’un enfant autochtone est pris en charge, peu importe l’heure du jour ou de la nuit – même s’il est 2 h du matin; ces personnes se présentent et enfilent une petite paire de mocassins aux pieds du bébé avant qu’il ne quitte l’hôpital. Ainsi, chaque enfant commence sa vie en tant qu’Autochtone.

Katherine, Cora et les grands-mères dénoncent les incitatifs pervers, notamment les modèles de financement en vigueur qui incitent les gens à prendre en charge des enfants. Elles m’ont fait remarquer que la situation qui prévaut empêche les enfants de retourner dans leur collectivité, car l’organisme responsable perdrait son financement si c’était le cas.

Comment l’a dit hier la vice-chef Bear de la Fédération des nations autochtones souveraines, le système actuel ne fonctionne pas dans l’« intérêt supérieur de nos enfants ».

Nous devons tout simplement empêcher les enfants et les familles d’entrer dans le « système ». Et c’est justement la réforme sur laquelle on se penche en ce moment aux tables tripartites partout au pays. Seules les collectivités connaissent les maisons pouvant offrir un milieu sain, ou bien les tantes ou les cousins à qui l’on pourrait demander de prendre en charge des enfants pendant que le parent cherche la guérison.

Nous sommes déterminés à travailler avec vous pour apporter les changements nécessaires afin de créer un système axé sur les droits et le mieux-être des enfants. Les enfants autochtones ont le droit d’être élevés en tant qu’Autochtones. Le statut de famille d’accueil ne peut plus servir de source de revenus stables aux familles non autochtones.   

Comme l’a affirmé le docteur Evan Adams – médecin-hygiéniste en chef à la Régie de la santé des Premières Nations – un enfant pris en charge à la naissance vit 20 ans de moins. Ces prises en charge doivent cesser.

Nous voulons travailler avec vous pour soutenir les solutions inspirées des collectivités dans le cadre de la réforme. Hier, j’ai eu le plaisir de signer un accord avec la Fédération des nations autochtones souveraines; cet accord appuie leur vision en ce qui a trait à la compétence et aux modèles de gouvernance relativement aux services à l’enfance et à la famille.
Au cours des prochains mois, nous lancerons partout au pays d’autres projets comme ceux-ci, et ce, en partenariat avec les collectivités des Premières Nations. De plus, nous continuerons de réaliser des progrès aux tables tripartites sur les réformes exhaustives.

Dans le cadre de la préenquête sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées, nous avons entendu à maintes reprises les effets de la violence sexuelle pendant l’enfance et l’attachement au système de protection de l’enfance dans les expériences des victimes et des auteurs de sévices.

Les gens blessés en blessent d’autres. Et ils se blessent eux-mêmes.

Nous faisons face à traumatisme intergénérationnel – mais nous devons le nommer – et nous devons offrir aux gens les outils de guérison nécessaires pour qu’il cesse.

Un outil des plus importants pour briser le cycle de la violence repose sur la culture et la cérémonie.

En s’assurant que les personnes et les collectivités sont bien ancrées, il est possible de créer et de célébrer ce sentiment sécurisant d’identité personnelle et culturelle qu’est la résilience.

Les plans communautaires globaux – ou PCG – ne concernent pas que les infrastructures, le logement et l’eau. Il s’agit de la planification par les Premières Nations de leur développement communautaire d’une façon qui répond à leurs besoins et à leurs aspirations – dans tous les domaines de la vie communautaire.

Nous devons également en faire plus pour appuyer les Premières Nations à renforcer leur capacité au sein de leurs collectivités. Les plans communautaires globaux – ou PCG – ne concernent pas que les infrastructures, le logement et l’eau. Il s’agit de la planification par les Premières Nations de leur développement communautaire d’une façon qui répond à leurs besoins et à leurs aspirations – dans tous les domaines de la vie communautaire.

Déjà, 162 Premières Nations tirent parti des avantages des PCG.

La planification communautaire est au cœur de tout ce que nous tentons d’accomplir – lorsque les Aînés, les jeunes, le cercle des femmes, le directeur de l’école, les travailleurs sociaux, l’infirmière et le chef de police se réunissent avec le chef et le conseil, il en découle de bonnes choses. Il est possible de cerner les forces et de s’en inspirer. On fixe les priorités et les échéanciers, la collectivité adhère au plan et celle-ci tient les dirigeants responsables de leurs actions.

La capacité des collectivités de planifier à long terme est au cœur du dialogue en vue de bâtir la nouvelle relation financière, et est également au cœur de l’autodétermination.

Le Canada prend très au sérieux la question de la réconciliation.

Comme le premier ministre le dit, le renouvellement de la relation entre le Canada et les Autochtones est une obligation sacrée.  

Le Canada travaillera en partenariat avec les Premières Nations pour cerner et réparer judicieusement les torts causés par la colonisation et la dépossession de leurs terres, de leurs territoires et de leurs ressources.

Pour nous guider à cet égard, l’on s’appuie sur la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Je tiens d’ailleurs à remercier le grand chef Ed John, Willie Littlechild, Romeo Saganash et les nombreux Canadiens qui ont travaillé pendant des années à réaliser la vision de la Déclaration, dont le 10e anniversaire sera souligné en septembre à New York.

En réponse directe à la Déclaration, le Canada réexamine les lois et politiques fédérales qui ont des répercussions sur les peuples autochtones.

En réponse directe à la Déclaration, le Canada réexamine les lois et politiques fédérales qui ont des répercussions sur les peuples autochtones.

Comme l’a expliqué la ministre Wilson-Raybould, notre gouvernement est déterminé à travailler avec les Autochtones pour changer les lois et les politiques qui ont été conçues et écrites dans un esprit paternaliste et colonialiste.

Comme l’a expliqué la ministre Wilson-Raybould, notre gouvernement est déterminé à travailler avec les Autochtones pour changer les lois et les politiques qui ont été conçues et écrites dans un esprit paternaliste et colonialiste.

Cela veut dire que nos lois tiendront compte des obligations constitutionnelles du Canada à l’égard des traités et des droits des Autochtones, et qu’elles s’harmoniseront avec ce que prévoit la Déclaration.

Il s’agit aussi de raviver l’article 35 de la Loi constitutionnelle du Canada – lequel intègre officiellement les droits des peuples autochtones dans le droit canadien,  qui n’ont pas été respectés depuis bien trop longtemps.

L’appui à l’autodétermination des Premières Nations porte sur plusieurs aspects importants : la nouvelle relation financière – laquelle permettra de réduire les écarts socioéconomiques – l’agrégation et la mise à profit des actifs que l’on trouve déjà dans vos collectivités.

L’an dernier, le chef national et moi avons signé un protocole d’entente sur un processus visant à définir la nouvelle relation entre les Premières Nations et le Canada. Aujourd’hui, nous annonçons des mesures concrètes découlant de ce protocole d’entente.

Ensemble, nous réglons deux enjeux de longue date.  Tout d’abord, les modalités entourant la possibilité de reporter du financement non utilisé et d’y avoir accès seront élargies.

Le deuxième problème concerne la politique du Ministère concernant le fonctionnement et l’entretien, qui date de près de 20 ans. Cette politique est dépassée et elle ne reflète tout simplement plus les réalités auxquelles les Premières Nations sont confrontées.   

Le deuxième enjeu porte sur la politique du Ministère concernant le fonctionnement et l’entretien, qui date de près de 20 ans. Cette politique est dépassée et elle ne reflète tout simplement plus les réalités auxquelles les Premières Nations sont confrontées.

De concert avec l’APN, nous évaluons les options concernant un nouveau cadre politique, qui serait élaboré conjointement, et qui éliminerait les inégalités de la politique actuelle, laquelle a contribué à la disparité socioéconomique dans plusieurs collectivités.

De concert avec l’APN, nous évaluons les diverses possibilités qui s’offrent à nous concernant un nouveau cadre politique qui serait élaboré conjointement et qui éliminerait les inégalités de la politique actuelle, laquelle a directement contribué aux disparités socio-économiques observées dans bon nombre de communautés. Nous prévoyons proposer des options en décembre prochain.
 
Ces changements représentent une transition essentielle et attendue depuis longtemps dans notre façon de faire.

De plus, comme l’ont demandé les Premières nations autonomes, nous avons déclaré un moratoire complet sur la politique tout aussi punitive de revenus autonomes du gouvernement, le temps que nous élaborions conjointement une nouvelle relation financière et une nouvelle politique avec ces collectivités.

Il s’agit là aussi d’un projet attendu depuis longtemps. La disposition de récupération des revenus autonomes constituait une mesure punitive pour les collectivités, ce qui nuisait au dialogue concernant l’autodétermination.

On me demande souvent à quoi ressemble une relation de nation à nation.

Je réponds presque toujours en toute franchise, que ce n’est pas à moi d’en décider.

Il revient aux Premières nations de décider qui doit siéger à la table et selon quels critères, que ce soit en fonction de traités, de considérations géographiques, linguistiques ou culturelles.  

On me dit souvent d’aller consulter le rapport de la CRPA, la Commission royale sur les peuples autochtones.
Je l’ai lu et relu.

Cela me rappelle toute l’importance d’un rapport profondément ancré dans la collectivité et qui reflète le principe des dirigeants autochtones qui consiste à demander et non à dicter.

Lorsque j’écoute les jeunes, les aînés et les femmes, ils me parlent de leurs inquiétudes liées au fait de sortir de leur zone de confort et à la prise de risques. Comme je l’ai mentionné, il faut réconforter ceux qui sont dans l’adversité et mettre au défi ceux qui vivent dans le confort. Il faut secouer ceux qui semblent un peu trop à l’aise dans le statu quo.

Comme l’a dit la dirigeante inuvialuit Nellie Cournoyea en 1975 : « Le paternalisme s’est soldé par un échec complet. »

Je ne saurais être plus d’accord avec elle.

Pour reprendre les mots de Lee Crowchild, il nous faut effectuer une déprogrammation du culte du paternalisme.

Rompre avec le culte du paternalisme ne pourra se faire que lorsque les instances du pouvoir, y compris celles des Premières nations, entendront la voix des femmes, des jeunes et des aînés.

Hier, lors de ma rencontre avec le Conseil des femmes, il m’est apparu évident que la voix des femmes autochtones sera un indice de mesure important pour évaluer les progrès de la décolonisation.

Hier, lors de ma rencontre avec le Conseil des femmes, il m’est apparu évident que la voix des femmes autochtones sera un indice de mesure important pour évaluer les progrès de la décolonisation.

Des colons, qui ne s’adressaient qu’aux hommes, à la Loi sur les Indiens, en passant par les traumatismes intergénérationnels causés par les pensionnats, les femmes ont perdu leur place dirigeante. Aujourd’hui, les dirigeantes autochtones sont les chefs de file de la lutte contre le fléau que représente la violence envers les femmes, qui est axée sur la guérison des collectivités et l’inclusion des hommes et des jeunes hommes.

Nous les remercions de l’aide qu’elles apportent aux familles des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées, ainsi que de leurs efforts continus de revendication.

Nous souhaitons aussi à nous départir du système qui a été bâti autour des programmes. Cela comprend notamment le fait de ne plus avoir recours au séquestres-administrateurs, aux consultants et à ce que la Dre Alika Lafontaine décrit comme des « voix extérieures » non-autochtones qui proposent des solutions miracles à tous les maux.

Vous l’avez clairement indiqué : les ressources doivent être affectées aux collectivités, aux familles, aux programmes axés sur le territoire, au renforcement des capacités, aux immersions linguistiques et à l’amélioration des écoles et à la formation des enseignants, pas à des consultants qui tentent de remédier à des systèmes gouvernementaux inefficaces en imposant un fardeau administratif excessif et des délais irréalistes.

Il nous faut nous défaire de cette industrie du statu quo.

Les jeunes souhaitent collaborer avec les aînés pour être les architectes de leur propre avenir, bâtir leurs propres institutions et œuvrer à l’autodétermination.

Tout part d’un système d’éducation robuste et dirigé par les Premières nations. Pour reprendre les mots de Murray Sinclair, « c’est l’éducation qui nous a mis dans ce pétrin et c’est elle qui nous permettra d’en sortir. »

Je me souviens de ma présence à Ipperwash, dans le Sud-Ouest de l’Ontario, aux côtés du ministre Sajjan, pour la cérémonie de restitution de terres qui avaient été saisies pendant la Seconde Guerre Mondiale. Lors de ma visite de l’école locale, j’ai été impressionnée par la qualité du cours de rédaction d’essais, les aptitudes linguistiques des jeunes et plus particulièrement par un enseignant qui m’a dit : « j’étais jusqu’à maintenant un bon enseignant, mais je suis devenu un excellent enseignant. »

Dans les Premières nations de Kettle et Stony Point ainsi que de Walpole Island, on observe, chez les enfants, un taux d’alphabétisation plus élevé que dans le reste de l’Ontario grâce au projet Model School Literacy Project.

Comme l’a dit Mme Nora Murdoch du très éclairé Manitoba First Nations Education Resource Council, « il va falloir un certain temps pour repenser notre façon d’enseigner aux Premières nations. »

Ce qui importe, c’est de voir les résultats supérieurs de l’enseignement dirigé par les Premières nations. La pédagogie autochtone est axée sur l’apprentissage par la pratique dans le cadre de programmes d’immersion estivale donnant droit à crédits. Les jeunes autochtones prennent congé à l’occasion de « Goose break » au printemps et de « Moose break » à l’automne.

Il y a 20 ans, les Mi’kmaq ont décidé de prendre en main leur système d’éducation en Nouvelle-Écosse. À l’époque, le taux d’obtention d’un diplôme d’études secondaires y était de 30 p. cent. Le chef Leroy a décidé de devenir enseignant en raison de cette initiative.

Les Mi’kmaq ont maintenant un taux d’obtention d’un diplôme d’études secondaires d’envion 87 p. cent, ce qui est plus élevé que chez la population non-autochtone au pays. Le contrôle de l’éducation des Première nations par les Premières nations fait ses preuves.

Moi-même et bien d’autres voient le potentiel du tourisme autochtone et le partage de la culture autochtone comme une grande source d’inspiration. Comme l’a dit Peter Schuler, aîné mississauga de la Première nation New Credit, au cours d’une consultation avec la ministre Freeland, « une promenade en canot peut se vendre 40 fois. »

Les collectivités autochtones comptent aussi sur les débouchés associés au tourisme pour créer des entreprises florissantes.

J’ai été ravie de voir le documentaire sur les sentiers de vélo de montagne de la Première nation de Carcross/Tagish au Yukon.

Les jeunes ont transformé de vieux sentiers de chasse en chemins de vélo de montagne pour en faire l’une des destinations de vélo de montagne les plus prisées du monde.  

Tous les vendredis, les sentiers de chasse sont fermés afin de permettre aux jeunes de les parcourir et de voir les secteurs où des travaux de réparation sont nécessaires. Ils éprouvent un sentiment d’appartenance et de fierté, car ils savent qu’ils contribuent à créer des possibilités économiques pour l’ensemble de la collectivité.

J’ai adoré m’instruire au sein de la Nation des T’Sou­ke au sujet de sa ferme ostréicole prospère, qui fournit des huîtres de semence à d’autres collectivités, et de son projet de production de wasabi en serre, qui permet d’approvisionner des restaurants de Vancouver et de recueillir de l’énergie solaire servant à recharger gratuitement les voitures électriques au bureau du conseil de bande.

Des projets de chasse, de pêche et de cueillette de la Première Nation de Kluane, au Yukon, à l’élevage de poulets et à la culture maraîchère récemment instaurés dans la Première Nation de Garden Hill... il est intéressant de constater le mélange de pratiques traditionnelles et d’approches novatrices pour régler les problèmes urgents liés à la sécurité alimentaire dans les collectivités éloignées et rurales.  

Je terminerai en vous faisant part de deux réflexions.

D’abord, nous souhaitons établir un partenariat avec vous en misant sur les forces et les atouts déjà présents dans votre collectivité respective. Vous avez le pouvoir de déterminer l’avenir de votre collectivité. Nous sommes ici pour vous aider à faire ce que vous savez que vous devez faire. Nous sommes déterminés à vous aider à créer des institutions dirigées par les Premières Nations et des gouvernements dirigés par les Premières Nations.

Et enfin, je vous laisse sur un message d’espoir concernant les jeunes.

Comme l’a affirmé le premier ministre, les jeunes sont non seulement notre avenir, mais aussi notre présent.

Aujourd’hui, les jeunes autochtones aspirent à se forger une forte identité personnelle et culturelle pour évoluer dans les deux mondes, comme l’a indiqué le chef Dan George.

Je veux que nous nous souvenions du chemin de Poundmaker, mais aussi de mon excursion sur la rivière Saskatchewan Nord, l’été dernier, avec les jeunes de LaLoche.

Si vous vous rappelez, nous avons pagayé pendant trois heures. Notre canot a heurté une énorme roche. Nous avons dû sortir et transporter à pied notre canot, car les eaux si peu profondes nous empêchaient de pagayer, mais le courant nous était favorable et nous nous sommes rendus à bon port.

Le courant nous est favorable. Nous devons utiliser cette occasion historique judicieusement et courageusement. Lorsque nous heurtons une roche, nous devons répartir le poids et remettre le canot à l’eau. Nous ne pouvons pas abandonner en disant « vous voyez, nous heurtons toujours une roche ». Nous devons réfléchir à la façon dont nous allons traverser les eaux peu profondes. Tout le monde sort et transporte le canot jusqu’à des eaux plus profondes.

Je me réjouis à l’idée de parcourir ce trajet avec vous. Je suis impatiente de pagayer sur cette rivière avec vous. Le courant fort nous mènera à une nouvelle étape de notre relation.  

Les Canadiens veulent que cela fonctionne. Ils veulent aider. Et comme nous tous, ils veulent s’attaquer et mettre fin au racisme systémique envers les Autochtones qui est toujours présent dans notre société et nos institutions. Nous devons les entraîner avec nous comme alliés sur la voie de la réconciliation.

L’organisme Échanges Racines canadiennes, codirigé par Max Fineday, nous inspire compte tenu de l’impressionnant pourcentage, soit 87 %, de jeunes non autochtones qui croient que la réconciliation se produira au cours de leur vie.
Vous avez bien choisi le thème de votre conférence – Notre priorité : nos enfants, notre avenir.  
 
Grâce à votre excellent leadership, ensemble, nous pouvons y arriver. Vos enfants et petits-enfants vous en remercieront.

Ensemble, nous pouvons dégager le chemin de Poundmaker, et nous le ferons, afin que la relation « de nation à nation » se concrétise de notre vivant.

Thank you. Merci. Chi-Meegwetch. Mahsi Cho.

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