Discours livré à l'instance permanente des Nations Unies sur les questions autochtones, New York le 10 mai 2016

Discours

Notes d'allocution pour
l’Honorable Carolyn Bennett, ministre des Affaires autochtones et du Nord
Instance permanente des Nations Unies sur les questions autochtones

Le 10 mai 2016
New York City

Tel que prononcé

Monsieur le président, membres de l’Instance permanente, avant de commencer, j’aimerais souligner que nous nous trouvons en ce moment sur le territoire traditionnel des Lenape. J’aimerais également souligner la présence des aînés Willy Littlechild, Sally Webster et Oliver Boulette, qui font partie de notre délégation et qui représentent les trois peuples autochtones distincts du Canada, les Premières Nations, les Inuits et la Nation métisse.

Éminents invités et collègues, Mesdames et Messieurs, c’est un honneur de vous rencontrer ce matin, en compagnie de notre nouvel ambassadeur, Monsieur Blanchard. Je voudrais d’abord transmettre les sentiments du chef Ed John. Nous sommes de tout cœur avec l’ensemble des résidants du Nord de l’Alberta dont la vie a été bouleversée par le terrible incendie de forêt qui fait rage. Nous remercions également les Premières Nations, comme celle de Fort McKay, qui ont hébergé les victimes de cet incendie dévastateur et leur ont apporté du réconfort. De plus, je remercie sincèrement les premiers intervenants qui combattent toujours l’incendie, d’heure en heure, afin de protéger le territoire et les collectivités touchées.

Je suis très heureuse de représenter le gouvernement du Canada à cette tribune, et me réjouis de l’important dialogue qui se tiendra ici au cours des deux prochaines semaines – Personne N’est Oublié. Hier, nous avons tous été inspirés par le discours de l’honorable Jody Wilson-Raybould, la première Autochtone du Canada à occuper le poste de ministre de la Justice et de procureure générale, lorsqu’elle a pris la parole à l’ouverture de cette 15e session de l’Instance permanente.

Ce fut un véritable honneur d’être ici en compagnie de ma collègue et amie. Madame Jody Wilson-Raybould demeure une inspiration non seulement au Canada, mais partout dans le monde. Elle est certainement un modèle pour de très nombreuses personnes, y compris les femmes, les jeunes Autochtones et tous ceux qui luttent pour la justice sociale.

Le Canada a traditionnellement joué un rôle de premier plan au sein des Nations Unies. En fait, le Canada se distingue par une longue histoire de multilatéralisme et de respect des valeurs de mondialisme et de pluralisme. Le Canada reconnaît que c’est uniquement lorsque nous travaillons ensemble en tant que peuples, et en tant que nations, que nous pouvons traiter des questions de paix, de conflit et de résolution.

L’ancien premier ministre Lester B. Pearson, lauréat du prix Nobel de la paix en 1957, incarnait ces principes. Les organisateurs de la séance de cette année ont choisi de mettre l’accent sur les thèmes Conflit, paix et résolution, les mêmes pour lesquels monsieur Lester B. Pearson s’est vu remettre le prix Nobel de la paix.

La Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones est l’aboutissement de longues luttes des peuples autochtones pour la reconnaissance de leurs droits. Je tiens à souligner leurs efforts inlassables et leur résilience. Ces efforts ont donné lieu à un virage monumental de la volonté mondiale de protéger les droits, la culture, la langue, la dignité et le bien-être des peuples autochtones partout dans le monde.

J’aimerais prendre le temps de rendre hommage à tous ces leaders.

Permettez-moi de mentionner le grand chef Edward John et sa longue lutte pour obtenir cette Déclaration. Il serait le premier à dire qu’il n’était qu’un parmi tant d’autres. Il a raison. La semaine dernière, j’ai eu la chance de parler avec certains des Canadiens qui se trouvent ici aujourd’hui. Lors de cette rencontre, le chef Thompson d’Akwesasne nous a rappelé le chef Deskaheh qui, en dépit d’obstacles incroyables, a exercé des pressions sur la Société des Nations il y a près de cent ans pour la reconnaissance internationale des Six Nations.

Le grand chef John m’a aussi rappelé que les avancées que nous célébrons aujourd’hui sont aussi le fait des États membres qui ont rapidement adopté la Déclaration.

Le Grand Chef John a aussi souligné la contribution de l’honorable Louise Arbour.

Madame la juge Arbour, à titre de haute-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a beaucoup insisté à Genève pour que les négociations sur la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones soient achevées et soutenues. Elle a piloté son adoption au Conseil des droits de l’homme des Nations Unies.

Aujourd’hui, nous honorons l’ensemble de leur travail alors que nous prenons la même voie. Comme la ministre de la Justice l’a mentionné hier, le premier ministre a écrit à chaque ministre et, dans leur lettre de mandat, il a écrit : « Aucune relation n’est plus importante pour moi et pour le Canada que la relation avec les peuples autochtones. Il est temps de renouveler la relation de nation à nation avec les peuples autochtones pour qu’elle soit fondée sur la reconnaissance des droits, le respect, la collaboration et le partenariat. »

Toutes les lettres de mandat ont été rendues publiques et, ce faisant, le premier ministre s’est adressé à l’ensemble des Canadiens et des Canadiennes. Nous présentons aujourd’hui la position du gouvernement du Canada concernant la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Je suis ici pour annoncer, au nom du Canada, que nous appuyons maintenant sans réserve la Déclaration.

Nous ne visons rien de moins que l’adoption et l’application de la Déclaration, conformément à la Constitution canadienne. Le Canada est dans une position sans pareille pour aller de l’avant.

Le Canada est un des seuls pays au monde qui a déjà incorporé les droits des peuples autochtones dans sa Constitution.

De fait, conformément à l’article 35 de sa Constitution, le Canada est doté d’un cadre solide de protection des droits des peuples autochtones. L’article 35 de notre Constitution déclare que « les droits existants – ancestraux ou issus de traités – des peuples autochtones du Canada sont reconnus et confirmés ». Les Autochtones, comme le grand chef John et beaucoup d’autres, se sont beaucoup battus pour inclure ces droits dans notre Constitution.

En adoptant et en mettant en œuvre la Déclaration, nous donnons vie à l’article 35 que nous reconnaissons comme un ensemble complet de droits pour les peuples autochtones au Canada. Le gouvernement du Canada est d’avis que ses obligations constitutionnelles permettent de mettre en application tous les principes de la Déclaration, y compris le « consentement préalable, libre et éclairé ». Nous considérons les traités modernes et les ententes sur l’autonomie gouvernementale comme l’incarnation finale du consentement préalable, libre et éclairé entre partenaires.

L’appui de ces principes a été réitéré dans les articles 3 et 20 des résolutions adoptées par l’Assemblée générale, lors de la Conférence mondiale sur les peuples autochtones.

Qu’est-ce que tout cela signifie pour le Canada maintenant? Rien de moins qu’une participation totale à la façon d’aller de l’avant concernant l’adoption et la mise en œuvre, en partenariat avec les Premières Nations, la Nation métisse et les Inuits. Les provinces et les territoires du Canada, dont la collaboration et l’appui joueront un rôle essentiel dans ce travail, y participeront aussi; je tiens aussi à souligner la présence de David Zimmer, ministre des Affaires autochtones de la grande province de l’Ontario, qui se trouve parmi nous aujourd’hui. 

Le Canada a déjà commencé à concrétiser la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Notre gouvernement croit qu’une relation de nation à nation et d’Inuits à État avec les peuples autochtones signifie un partenariat sur la scène mondiale. L’an dernier, le premier ministre Trudeau a invité les dirigeants autochtones à Paris pour la Conférence des parties sur les changements climatiques.

En mars, nous étions fiers lorsque la ministre Hajdu a inclus des femmes autochtones dans sa délégation à la commission de la condition féminine.  Nous étions tous inspirés lorsque notre premier ministre a parlé à la commission en tant que féministe fier.

Au pays, nous avons lancé une enquête publique nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. Nous investissons dans l’éducation et dans le maintien des langues et de la culture autochtones. Nous investissons dans le logement, l’infrastructure, les soins de santé et le bien-être des enfants.

Bien que ces mesures constituent un bon point de départ, nous savons qu’il faut en faire encore beaucoup plus. Soyons honnêtes, la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones ne doit pas nous effrayer. La reconnaissance des éléments de la Déclaration a commencé il y a 250 ans par la Proclamation royale qui avait trait au partage équitable du territoire. La Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones reflète l’esprit et l’intention des traités.

Chers amis, nous traversons une période palpitante. Le dialogue est entamé. D’un bout à l’autre du pays, les Canadiens et les Canadiennes empruntent la voie de la réconciliation. Les appels à l’action lancés par la Commission de vérité et réconciliation ont aidé à faire la lumière sur un sombre chapitre de l’histoire du Canada et sur l’effet de ce triste héritage.

Nous pensons que les appels à l’action tracent également la voie à suivre. Il faut des changements fondamentaux et fondateurs. Il s’agit de redresser les torts historiques. Il s’agit d’effacer notre passé colonial. Il s’agit d’écrire ensemble, comme partenaires, une nouvelle page de notre histoire. J’ai la conviction qu’une fois la vérité connue, on ne peut plus la renier. Nous connaissons maintenant la vérité. Nous connaissons les faits de notre histoire commune avec les peuples autochtones au Canada. Il faut maintenant que tous les Canadiens et les Canadiennes empruntent la voie de la réconciliation.

En terminant, lorsque l’on parlait de l’héritage des pensionnats, le chef héréditaire, Ray Jones, nous a cité une phrase qui vient des Gitksan, « Shed Dim Amma gauu dingu mel, », ce qui signifie qu’il faut remettre le canot à l’endroit. En prenant notre engagement aujourd’hui en faveur de l’adoption et de la mise en application complètes de la Déclaration, nous poursuivons le travail essentiel de la réconciliation et de la remise à l’endroit du canot. Je vous remercie beaucoup. Merci beaucoup, Mahsi Cho, Qujannamiik, Meegwich, Marsee.

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